Ahmed a 8 ans, dans la cour de la récréation de son école, il est le plus souvent seul sinon il préfère s'enfermer en classe quand tous ses camarades courent, jouent et rigolent.
LE MATIN
01 Mai 2008
À 15:06
Ses résultats scolaires battent de l'aile, «ce n'est plus le même enfant, je ne l'ai pas reconnu cette année, pourtant je l'ai connu jusque-là brillant, plein de vie. Il m'inquiète et j'ai beau lui poser la question sur ce qui n'allait pas, je n'ai aucune réponse. Même quand j'ai pris contact avec son père, il m'a avoué ne pas comprendre ce qui arrivait à son fils», confie Sanae, sa maîtresse d'école. Ce n'est que vers la fin de l'année scolaire qu'elle comprend enfin ce qui tracassait son élève préféré. «La maman de Ahmed est venue me voir. Contrariée, elle m'explique en quelques mots que le petit a commencé à faire «pipi au lit» et qu'elle a tout tenté et rien ne marche. Elle m'a demandé que je fasse honte à l'enfant devant ses camarades, pour elle c'était la seule solution. Chose que j'ai refusée catégoriquement», raconte-t-elle. En essayant d'aborder le sujet avec Ahmed à la fin des cours, il s'est recroquevillé davantage.
Après moult tentatives, l'enfant s'est senti plus en confiance et a enfin pu parler. Il a commencé par se plaindre que sa maman le punissait sans cesse, le réprimandait devant sa petite sœur en le traitant de «pisseur». Chose que la petite sœur de 5 ans s'est empressée de rapporter à ses camarades de classe et la nouvelle s'est répandue dans la cour de récréation. Honteux le petit n'osait plus affronter le regard de ses camarades encore moins leurs ricanements. En quelques mois, Ahmed à cause de son énurésie nocturne est devenu la risée de la maison et de l'école, c'est un réel enfer qu'il vit. Et bien entendu, les «accidents» qui survenaient une à deux fois par semaine étaient entre temps devenus son lot quotidien.
C'est le calvaire de plusieurs garçons et filles qui, à 7, 8, 9 et même 13-14 ans et plus, sont énurétiques et persécutés par leur entourage. Pour comprendre ce qu'ils endurent, «essayez d'imaginer comment vous vous sentiriez si vous subissiez un problème sur lequel vous n'aviez aucun contrôle et qui vous forcerait à agir régulièrement de façon embarrassante. Éventuellement, ce problème vous amènerait probablement à vous sentir honteux et sans maîtrise - tout comme un enfant qui mouille son lit», tente d'expliquer Imane Smyej, psychothérapeute. Bien que l'énurésie soit bénigne, les enfants et les parents la vivent très mal. Nombreux sont les parents qui voyant que leur enfant se porte bien physiquement ne comprennent pas son énurésie et tombent dans le panneau de la colère et de l'agressivité.
Ce qui ne semble pas choquer notre psychothérapeute, «pour les parents et surtout les mamans, changer et laver les draps tous les jours engendrent un surcroît de travail. De plus, beaucoup pensent que leur enfant le fait exprès, ce qui fait naître un conflit familial dont l'enfant subit les conséquences en plus de son énurésie à gérer». Très important : un enfant énurétique ne le fait pas exprès (à retenir, à graver, à mémoriser ...). Quelle que soit la cause de l'énurésie, les parents se doivent impérativement d'avoir un comportement correct par rapport à l'enfant concernant ce trouble. Toute culpabilisation excessive de l'enfant et dénigrement sont à proscrire. «Ne culpabilisez pas: ce n'est ni la faute de votre enfant, ni la vôtre. Evitez d'employer des méthodes traumatisantes car le bien-être psychologique de votre enfant est déjà suffisamment malmené : honte, anxiété, manque de confiance en soi», précise Dr Imane Smyej.
Au contraire, il faut l'entourer, l'aider, le soutenir pour qu'il conserve son estime de soi. D'un point de vue psychologique, il est très important que les parents se montrent compréhensifs et rassurent envers l'enfant. Il est bon de lui rappeler que bon nombre de ses camarades souffrent eux aussi du même problème. Cette attention est primordiale dans le processus de guérison. Avec cela, il faut bien entendu écarter les facteurs physiques qui peuvent être la cause de ce phénomène, avec l'aide du pédiatre. En donnant ces conseils, la psychothérapeute mets tout de même en garde les parents : «Il ne faut pas assister votre enfant comme un bébé mais l'encourager dans les missions que lui aura confiées le médecin. Il est important qu'il soit responsable de ses protections et de sa literie. Inutile également de lui répéter de ne pas trop boire ou d'aller faire pipi le soir avant d'aller dormir. Il le sait bien. Dans tous les cas, il n'y a pas de raison de paniquer». L'énurésie est un syndrome qui guérit toujours, le plus important c'est de dépasser le cap avec un minimum de dégâts. ------------------------------------------------------------
L'énurétique et ses frères et sœurs
L'enfance est censée être une période pendant laquelle les enfants sont insouciants et sans tracas. Comme parents, vous désirez que vos enfants se sentent bien dans leur peau et qu'ils se croient capables d'accomplir tout ce qu'ils désirent. Mais le fait de mouiller son lit la nuit peut rendre son enfance moins que parfaite. Un enfant énurétique peut se trouver dans une position particulièrement vulnérable vis-à-vis de ses frères et sœurs. Dans des circonstances normales, la rivalité entre frères et sœurs et les chamailleries qui s'ensuivent peuvent constituer un problème, mais la situation peut devenir encore plus difficile à soutenir si on y ajoute le problème de l'énurésie nocturne.
En plus de fournir des «munitions» supplémentaires aux frères et sœurs qui se chamaillent avec l'enfant qui mouille son lit, il se peut que les autres enfants éprouvent du ressentiment à cause de l'attention supplémentaire reçue par lui. Comme parents, vous pouvez réduire cette tension en expliquant les causes de l'énurésie nocturne à vos autres enfants et leur dire qu'il s'agit d'un problème physique sur lequel on n'a pas de contrôle. Vous pouvez également donner l'exemple en vous empêchant de blâmer votre enfant pour quelque chose qu'il ne peut contrôler. Enfin, vous pouvez signifier sans équivoque aux frères et sœurs que vous ne tolérerez pas leurs railleries à ce sujet - en particulier si elles sont exprimées devant d'autres enfants.