Spécial Marche verte

La prise en charge de l'arthrite

A l'occasion de la Journée mondiale de l'arthrite, l'Association marocaine de lutte contre la polyarthrite rhumatoïde (AMP) a organisé une conférence de presse sous le thème «Polyarthrite rhumatoïde: à quand une prise en charge totale ?».

12 Octobre 2008 À 14:51

Pour Mohamed Saleh Bennouna, médecin spécialiste et président de l'AMP, «célébrer cette journée nous permet de réfléchir aux répercussions de cette maladie, de faire le bilan des mesures prises pour protéger les malades et d'envisager d'autres possibilités pour une meilleure prise en charge».

En effet, selon les estimations actuelles, la polyarthrite rhumatoïde toucherait entre 0,25 et 1% de la population, soit 87.000 à 350.000 personnes au Maroc. Or, cette affection ne bénéficie pas du niveau de conscience requis auprès du grand public. La maladie n'est généralement découverte qu'à des stades très avancés et les complications limitent les chances de réussite des traitements. Pourtant, des solutions abordables et efficaces existent: le diagnostic précoce et la prise en charge médicale adéquate. D'où l'intérêt d'intensifier des actions d'information et de sensibilisation du grand public sur un mal encore méconnu.

Ainsi, dans le l'amélioration du diagnostic de la maladie, l'AMP salue l'effort citoyen de l'Institut Pasteur du Maroc qui vient d'accorder une réduction sur le prix des analyses médicales nécessaires pour les patients qui en sont atteints. «Ce geste symbolique est un premier pas vers une meilleure connaissance de la maladie au Maroc et un accès plus facile, notamment, pour les patients démunis qui n'ont pas de couverture médicale», affirme M. S. Bennouna. Toutefois, cette mobilisation n'est pas ressentie chez toutes les instances concernées. La polyarthrite rhumatoïde ne semble pas être considérée au même titre que les autres maladies graves et chroniques. «A titre d'exemple, la CNSS a étendu sa couverture médicale des Affections de longue durée (ALD) jusqu'à 98 % sans inclure la polyarthrite rhumatoïde. Cet organisme de remboursement continue de cantonner les malheurs des malades dans les coins les plus sombres de ses préoccupations. Et de toute évidence, c'est le patient qui continue de payer de sa santé l'injustice du ticket modérateur et du paiement préalable des médicaments», ajoute le docteur Bennouna.

Pour les spécialistes, la suppression du ticket modérateur de 30% imposé à ses affiliés malades est une nécessité vitale. «Car mis à part le fait que cette affection engendre une détérioration considérable de la qualité de vie des patients, ce mal diminue l'espérance de vie de 5 à 10 ans. Bien plus que cela. Elle représente un énorme poids social. Des personnes ont arrêté leur activité professionnelle dans les 3 premières années de la maladie, des enfants de patients atteints de polyarthrite rhumatoïde ont arrêté leur scolarité et des mariés divorcent aussi à cause de cette maladie», souligne notre spécialiste.

Aussi, en termes d'économie de la santé, les membres de l'AMP pensent que la CNSS devrait prendre conscience du fait qu'en traitant la maladie à des stades précoces, elle réalise des économies sur les traitements et les prises en charge futures des patients. Par ailleurs, cet organisme devrait accélérer la prise en charge préalable des frais médicaux. Car «à ce jour, les patients déboursent de leurs poches des sommes astronomiques pour attendre un remboursement qui tarde souvent. Une solution devrait être mise en place, urgemment, afin d'éviter ce paiement par le patient et laisser le règlement de la prestation des soins entre la CNSS et la pharmacie», soulignent les membres de l'AMP.

Enfin, et à l'instar des autres patients atteints de maladies chroniques, la question de la TVA imposée sur les médicaments reste aussi d'actualité pour la polyarthrite rhumatoïde. «Cette TVA devrait être supprimée ou compensée par d'autres taxes prélevées sur les biens de luxe ou la cigarette», conclut Dr Bennouna.
Face à cette situation chaotique, les voix de dénonciation et d'indignation des adhérents de l'AMP se font entendre de plus en plus fort. Pour le moment, leur seule consolation est la réduction des prix sur certaines analyses médicales accordée par l'Institut Pasteur. Pour en bénéficier, une carte d'adhésion leur sera remise à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de l'arthrite. Cette noble initiative ne manquera certainement pas de soulager les interminables souffrances de nos concitoyens malades.
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Traitements et prévention

Bien qu'il n'existe pas de façon de guérir ni de prévenir l'arthrite, divers moyens permettent de soulager les douleurs causées par cette maladie et de poursuivre une vie active. Ainsi, sont utilisés pour soulager la douleur des médicaments dont les Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), les antalgiques, les corticoïdes… Les traitements biologiques, quant à eux, constituent de bonnes alternatives pour les malades en échec thérapeutique.
En revanche, chez les personnes qui sont atteintes d'une forme grave d'arthrite, l'opération chirurgicale peut s'avérer le meilleur traitement.

Dans certains cas moins graves, l'application de la chaleur peut aider à soulager les articulations et l'application du froid à diminuer l'enflure. Des exercices d'étirement et des activités physiques légères comme la natation, la marche, l'aquaforme et la bicyclette stationnaire peuvent atténuer les symptômes, tout en préservant la force et la souplesse des muscles et des articulations.
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