AFP
07 Janvier 2008
À 18:18
Taylor, qui fut l'un des chefs de guerre les plus redoutés d'Afrique, doit répondre de crimes de guerre commis de 1991 à 2002. Il est accusé d'avoir soutenu les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF) au cours de la guerre civile de 1991-2002 en Sierra Leone et de leur avoir fourni des armes en échange de diamants. L'air détendu, Taylor, qui a plaidé non coupable, a pris place dans la salle d'audience vêtu d'un costume sombre, portant la cravate et des lunettes à monture dorée.
Il est le premier ancien chef d'Etat africain à répondre de ses actes devant un tribunal international depuis Jean Kambanda, qui fut brièvement Premier ministre du Rwanda. La première personne appelée à la barre des témoins a été Ian Smillie, un expert canadien du trafic de "diamants de la guerre", exportés d'Afrique pour financer des conflits.
Selon Smillie, les diamants ont commencé bien avant la guerre civile à déstabiliser la Sierra Leone. Il a évoqué par ces mots la période où il vivait dans ce pays en tant qu'enseignant: "La situation était très versatile. Presque comme dans une ville du Far West... Il y avait des milliers de chercheurs de diamants qui opéraient dans la clandestinité." Il devait être suivi à la barre par une victime des violences en Sierra Leone, puis par une personnalité qui fut, naguère, proche du régime de Charles Taylor au Liberia.
Au fil des mois que va durer la procédure, dont le terme n'est pas attendu avant la fin 2009, 144 personnes seront appelées à témoigner. En Sierra Leone, aujourd'hui, une génération de civils ayant soit des mains, soit des jambes amputées par les anciens rebelles, rappellent douloureusement la cruauté particulière de ce conflit, au cours desquelles nombreuses furent les personnes violées ou mutilées, sans parler des quelque 250.000 qui furent tuées en une décennie de combats.