«Le RNI et le PAM souhaitent élargir le cercle des adhésions et se positionnent pour juin 2009 et 2012»
Forum : Ou va-t-on ? Analyser, disséquer, sérier, déchiffrer les évolutions actuelles du champ politique à la lumière de « l'alliance » RNI-PAM, tels étaient les objectifs du forum organisé par le journal avec ses invités Mustapha Mansouri, Président du RNI et Hassan Benaddi SG du PAM.
LE MATIN
13 Octobre 2008
À 16:27
Les décodages déclinés par deux redoutables bretteurs permettront sans doute de comprendre le pourquoi et le comment de la restructuration, de la polarisation des forces politiques, de « l'action fondatrice qui permet d'émettre des signaux » selon le mot du président du Parlement, et qui assurément produiront des effets induits qui pour le moment, ne sont pas encore maîtrisables et qui pourraient créer des alliances « contre nature » tant redoutées..Nous vivons un changement de paradigme dans la vie politique assure Mr Benaddi, d'où notre préoccupation légitime de poser les deux questions introduites par un politologue respecté Marcel Gauchet dans son ouvrage « la démocratie, d'une crise à l‘autre » qui se demandait « comment avancer sans savoir où nous en sommes ? Comment agir sans analyse du mouvement qui nous entraîne ? » La mise en perspective des changements du paysage politique par rapport à hier mais aussi par rapport à demain et par rapport à d'autres pays comme l‘Espagne était nécessaire pour comprendre les enjeux du nouveau pole libéral dont l'inflexion idéologique donne matière à réfléchir.
Que devient cette idée du pouvoir au service de l'intérêt général ? Le processus historique ou ce changement fondamental de posture qui nous sont présentés mettent fin à une politique sécuritaire qui selon le président du parlement, a plombé le Maroc dans son développement humain. La question qu'il pose « Où va-t-on ? est d'une importance cruciale tant il faudra veiller à ce qu'il n'y ait pas de « retour de manivelle », notamment dans le cadre d'alliance PJD-USFP qualifié par les deux invités de contre nature ou dans le cadre de la déclinaison de la troisième génération de réformes qui touche les régions et met en exergue les collectivités locales. A ce niveau, il faudra réfléchir non à des tactiques politiques mais à une véritable vision politique. La complexité et la difficulté de la transition actuelle du Maroc sont inscrites dans cette réorganisation de l'ordonnancement de la société, de la dynamique collective et des droits de chaque citoyen dans le « vivre ensemble ». Elle pose également la question de la légitimité démocratique qui ne peut pas être réduite à sa simple expression électorale ce qui pose l'autre question de la représentation du parlement décliné par Mustapha Mansouri.
Interview : Mustapha Mansouri Et Hassan Benaddi, Respectivement Président Du Rni Et Secrétaire Général Du Pam
Le Matin Forum : Qu'est-ce qui a motivé l'alliance entre le PAM et le RNI dans les deux Chambres du Parlement ?
Hassan Benaddi : L'initiative que le Parti authenticité et modernité a prise représente, d'abord, un pas naturel dans la dynamique que nous avions lancée lorsqu'un groupe de citoyens a décidé de créer une association pour poser les questions qui s'imposent, mais aussi trouver des réponses. Dès le début, nous avons mis l'accent sur l'importance de l'action politique intègre, de l'ancrage des valeurs de citoyenneté, culturelles et sociales. Nous pensons que l'engagement politique est aujourd'hui une nécessité au Maroc dans la mesure où ce champ a besoin d'une mise à niveau pour qu'il puisse suivre le rythme des réformes et les grands changements que la société marocaine vit. Vous l'auriez remarqué que tous les acteurs politiques reconnaissent qu'il y a un retard si l'on compare les potentialités qui existent dans tous les domaines et celles qui résident dans la scène politique.
C'est à partir de ce constat que nous essayons de rattraper ce retard. Cela ne veut pas dire que nous voulons provoquer un changement radical, mais participer autant que faire se peut et avec l'aide d'autres pour améliorer la configuration partisane du pays. Parmi les principaux écueils ayant retardé la mise à niveau de l'action politique est la balkanisation. Pour y remédier, nous sommes convaincus qu'il faut des regroupements forts qui répondent à des considérations objectives. Certes, depuis l'indépendance, le Maroc a choisi la pluralité politique qui a permis de dépasser de graves crises, mais cette même pluralité a connu des déviations et excès, dont l'apparition d'un grand nombre de partis. Comme vous le savez, notre approche a commencé par le regroupement de plusieurs petits partis dans le cadre d'un groupe parlementaire commun, suivi d'une fusion ayant donné une seule formation.
Il s'agit là d'une initiative que nous considérons la meilleure formule du projet auquel nous croyons, à savoir l'unité au lieu de l'éparpillement. Quant au RNI, je tiens à signaler que son président a suivi de très près la constitution du groupe authenticité et modernité. Aujourd'hui, le Parlement s'est renforcé d'un groupe fort après l'alliance entre les deux groupes parlementaires du PAM et du RNI.
Mustapha Mansouri : Ce qu'a dit Hassan Benaddi est très important. J'y ajoute que la problématique du politique dans notre pays, et qui a commencé à la fin du siècle dernier, est profonde. Nous avons beaucoup entendu dire et lu que le Maroc a besoin d'une refonte de sa structure politique, mais aussi économique et sociale. Dans le domaine politique, nous avons senti que le pays n'arrivait pas à entreprendre un plan structurel capable d'être en harmonie avec la dynamique du changement. Au contraire, l'échiquier politique s'est balkanisé ces dernières années au lieu d'évoluer dans le sens des grands groupes. Cela s'inscrit en porte à faux avec la volonté générale de rationaliser l'effort national aux niveaux politique, économique et social. Nous comprenons aussi que cette évolution des choses est la résultante d'une explosion de la scène politique à l'instar de ce qui est arrivé en Espagne où des dizaines de partis sont nés après la chute du fascisme franquiste. Aujourd'hui au Maroc, le besoin est pressant d'aller vers le schéma de familles politiques pour mettre en place des visions communes. Dans ce contexte est né le rapprochement entre le RNI et nos amis du PAM. C'est une alliance qui a bien saisi ces signaux et s'est engagée dans le processus de restructuration du champ politique. Ceci, bien évidemment, en prenant en compte nombre de principes que nous défendons comme la décentralisation et la régionalisation. Ce sont deux points essentiels parmi tant d'autres qui ont constitué les piliers de notre rapprochement dans le cadre des rencontres que nous tenions avec le mouvement pour tous les démocrates et ensuite après la création du PAM. Nos discussions de septembre dernier ont donné donc leurs fruits dans la mesure où nous sommes aujourd'hui convaincus qu'il faut une nouvelle dynamique au lieu de rester dans la posture de spectateur. Notre alliance parlementaire est une première étape qui sera suivie par d'autres. C'est également un signal à l'ensemble des acteurs politiques pour la création de groupes qui peuvent devenir des pôles politiques. Ce qui est en fin de compte un de nos principaux objectifs. Nous avons remarqué lors de la présentation des programmes électoraux des différentes formations qu'il n'y a pas 33 programmes différents. Nous n'avons pas de grandes divergences susceptibles de nous séparer. Au contraire, plusieurs points en commun nous unissent et peuvent faire l'objet de partenariats dans la perspective d'alliances comme ce fut le cas en 1998 avec la Koutla démocratique et ensuite la famille harakie. L'objectif final est la mise en place de grands pôles capables, grâce à l'alternance, de proposer des programmes clairs aux électeurs pour clarifier la scène politique. Je pense aussi que l'abstention est due justement à la multiplication des programmes à telle enseigne que l'électeur n'arrive plus à les différencier. A travers notre alliance, nous tendons vers une nouvelle dynamique pour sortir du cercle vicieux des batailles idéologiques traditionnelles. La création de pôles est à même aussi de soutenir l'action gouvernementale dans la mesure où le gouvernement a toujours besoin d'une majorité forte et soudée.
Comment votre alliance est-elle perçue au sein du RNI et quel serait son impact sur les nouveaux rapports entre le PAM et le MTD et enfin comment les autres partis y ont réagi ?
Mustapha Mansouri : Nous avons vécu des moments historiques au RNI qui nous ont permis de consacrer les principes démocratiques au sein du parti. Vous l'auriez remarqué que le Rassemblement a fait partie de ces formations qui ont respecté ces principes lors des élections. Nous avons introduit, à cet effet, plusieurs changements dans nos statuts et aujourd'hui nous améliorons nos structures et sections à travers plus d'efficacité et de transparence. Je tiens, également, à signaler que notre bureau politique a été régulièrement tenu informé de l'alliance qui germait avec le PAM. Il est certain que les membres du bureau politique ont tous voté pour l'alliance à l'exception de deux ou trois.
Hassan Benaddi : Pour bien comprendre ce qui est arrivé, notamment concernant le PND, je signale que la loi électorale est claire au sujet de l'union et fusion entre partis, mais aussi concernant la dissolution. Dans le cas du PND, il faut bien comprendre que c'est le bureau politique qui décide en respect de la loi. Je pense aussi que le caractère politique de la fusion est d'une extrême importance puisque le PAM a travaillé avec des structures et non des individus. Je veux aussi signaler que 2% seulement des Marocains, selon un sondage d'opinion, disent vouloir s'inscrire dans un parti politique. Mais il faut aussi reconnaître que la pluralité a joué son rôle dans l'évolution de la vie politique au Maroc. Je veux saisir cette occasion pour attirer l'attention sur des informations erronées relayées par la presse indiquant qu'El Himma a scellé une alliance avec Laenser et les décisions qu'il auraient prise de façon individuelle. Mais il faut reconnaître que Fouad Ali El Himma représente une grande valeur ajoutée pour la scène politique nationale et a fait l'objet d'une grande considération au sujet des transformations que le pays est en train de vivre.
Nous avons remarqué que le PAM accélère un peu trop la cadence. Quel serait l'impact direct sur les potentielles alliances avec d'autres partis et sur la majorité gouvernementale ?
Mustapha Mansouri :Chaque force politique a sa vision des choses et chaque parti dispose d'une stratégie. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que le processus d'alliance aura certainement des répercussions. A l'instar des pays démocratiquement développés, nous ressentons une grande propension vers une stratification de l'échiquier politique en trois pôles, gauche, droite et centre. Toutefois, je pense qu'il y a une convergence des programmes des partis de gauche et de la droite vers le centre. C'est notre conviction malgré le fait que plusieurs acteurs politiques n'y adhèrent pas encore.
Hassan Benadi : J'insiste d'abord sur le fait que nous avons banni de composer avec des personnes privilégiant les structures politiques. Lorsqu'un militant exprimait le vœu de nous rejoindre, nous tenions à ce qu'il en réfère aux instances de son parti. C'est un principe que nous avons essayé d'observer, mais je vais expliquer pourquoi il y a eu changement de modus operandi à un certain moment. Le facteur politique est déterminant. Des membres d'authenticité et modernité nous ont demandé pourquoi nous avons rallié des personnes politiquement consommées préférant créer une nouvelle structure. Nous avons répondu que nous tenions à la continuité politique et refusons la rupture. Les partis qui forment le PAM ont joué leur rôle sur la scène politique. Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Mais je tiens à dire qu'il n'y a aujourd'hui aucune dissension entre le PAM et le MTD.
Pensez-vous que le rapprochement entre le PAM et le RNI est capable de créer la dynamique et inciter d'autres forces politiques à se constituer en pôles ?
Mustapha Mansouri : Chaque parti a sa stratégie et sa propre vision des choses. De ce point de vue, nous ne pouvons proposer des rapprochements à l'encontre de l'orientation des autres formations. Il ne faut pas oublier qu'il y avait des tentatives de regroupements. Je cite aussi la koutla et le wifak. Il y a donc un capital historique dans ce domaine. Par ailleurs et après la chute du mur de Berlin, il s'est opéré un recoupement des visions et des stratégies politiquement et idéologiquement parlant. Toutefois, nous avons remarqué l'émergence de divergences entre les sensibilités politiques au Maroc incarnées par la période de transition. C'est le schéma auquel j'ai assisté pendant que j'étais au gouvernement en 1998. Aujourd'hui, il y a un grand débat sur la réussite de la transition démocratique. J'estime que nous pouvons aller vers une étape plus avancée. Mais il faut reconnaître que le processus de création de pôles peut prendre des années. Le MTD et l'alliance entre le PAM et le RNI ont montré qu'une telle polarisation des forces politiques est possible. Aujourd'hui notre conviction est de renforcer la majorité puisque nous serons en face de groupes parlementaires réduits mais forts et harmonieux. Lorsque nous avons créé le groupe commun, nous étions convaincus qu'il ne faut pas changer les équilibres actuels, au contraire, nous pensons toujours que le Premier ministre doit être du parti qui occupe la première place à l'issue des élections. Et même s'il doit y avoir un changement, ce ne sont pas les partis qui l'imposeront puisqu'il s'agit là d'une prérogative de S.M. le Roi.
En regroupant cinq petites formations, peut-on s'attendre à ce que l'initiative du PAM puisse être de nature à pousser les autres formations, notamment celles de gauche, pour avancer, voire accélérer la cadence devant mener vers leur regroupement en pôle ?
Hassan Benaddi : Comme je le disais, le vrai pluralisme agissant est celui qui reflète la réalité objective. Or, quand le pluralisme politique ne répond pas à ce critère, il devient, tout simplement, un frein. Par ailleurs, et sur un plan purement théorique, il est nécessaire que les observateurs fassent davantage attention à ce qu'entreprennent les acteurs politiques, au lieu de suivre leurs déclarations. Maintenant, pour revenir à notre groupe commun, qui est le premier au niveau parlementaire, il faut rappeler que nous nous sommes assigné deux grands objectifs. Il s'agit, pour nous, de promouvoir le rendement de l'institution parlementaire, tout en soutenant la majorité gouvernementale.
Faut-il, à ce propos, rappeler que le groupe Authenticité et modernité soutien l'Exécutif au même titre que le RNI occupe des postes de responsabilité au sein du cabinet de Abbas El Fassi. Maintenant que ces deux groupes se sont alliés, nous estimons que cela permettra de mieux fluidifier l'action au sein de la majorité. Et je pense que cette nouvelle dynamique sera de nature à aider nos amis de l'USFP à travailler de manière plus constructive en vue de régler leurs problèmes et avancer sur la voie de servir au mieux l'intérêt du pays. Par ailleurs, il est également important de relever que ce que nous entreprenons intervient à un moment où le monde est secoué par de grands défis, qui ont commencé depuis plus d'une année avec le renchérissement des prix des produits pétroliers et des matières premières, en plus de l'actuelle tourmente financière. Ce qui veut dire aussi qu'il nous incombe de serrer les rangs pour faire face à ces différents défis. Il va sans dire que le pays a besoin d'un gouvernement fort qui, lui, réclame un soutien sans faille en vue d'entreprendre les actions qui s'imposent pour relever les défis auxquels nous faisons face.
Qu'en est-il de la dénomination de votre groupe commun, sachant que plusieurs noms circulent et il semble que les avis divergent à ce propos, et qu'en est-il pour ses structures ?
Mustapha Mansouri : Je voudrais juste rappeler que le groupe n'est pas né ex nihilo, mais qu'il existait bel et bien, de même qu'il s'agit d'un groupe qui soutient la majorité gouvernementale. Cela veut dire qu'au fond, rien n'a changé. Nous sommes une composante de cette majorité. La différence est que le RNI était représenté au sein du gouvernement, mais pas nos amis du PAM. Ce n'est juste que l'évènement politique, qui a constitué l'annonce de la mise sur pied de l'alliance que nous avons scellée, qui a donné lieu à une certaine amplification, notamment au niveau de la multiplicité des lectures qui ont suivi. Sachant qu'au moment où nous avons annoncé le rassemblement de nos deux groupes parlementaires, nous avons clairement signifié que notre alliance vise, essentiellement, à donner plus de cohérence à la majorité que nous soutenons et dont nous faisons partie. D'autant plus que nous avons relevé que, durant l'année dernière, il y a eu quelques flottements dus, en partie, au fait que certaines formations de la majorité connaissaient quelques problèmes internes qui ont impacté sur le rendement général au niveau du Parlement. Dès lors, j'insiste que notre vision participe de notre volonté à renforcer l'action parlementaire, tout en renforçant le travail au sein de la majorité. Et tout ce qui se dit quant à d'éventuelles ambitions politiques relève du domaine des spéculations ni plus ni moins.
Mais ceci n'empêche pas que des craintes s'expriment…
Mustapha Mansouri : Effectivement et cela est tout à fait normal que des craintes s'expriment, ne serait-ce qu'en se référant au fait que le Parti de l'Istiqlal, qui constituait le premier groupe parlementaire, est, suite à notre regroupement, passe à la deuxième position numériquement. Toujours est-il que cela n'a pas de sens politique particulier. Nous disons haut et fort que nous sommes là pour renforcer l'action du Parlement et pour mieux soutenir le gouvernement. De même que nous avons l'ambition d'aider à la recomposition du champ politique dans le sens de sa rationalisation, et ce dans le but de pouvoir avancer dans le sens de la polarisation de la scène politique. Une polarisation qui est à même de donner plus de visibilité au citoyen marocain quant à la scène politique. D'ailleurs, de manière très anecdotique, si jamais on poserait la question à un citoyen marocain sur les noms des partis politiques, j'imagine qu'il n'arrivera pas à les citer tous. Ceci pour dire cela: avec plus de visibilité, l'action n'en sera que plus consolidée. S'agissant de notre action commune au niveau parlementaire, je peux dire que nous, RNI et PAM, travaillons dans la transparence totale. D'ailleurs, nous nous sommes mis d'accord sur plusieurs points et nos instances respectives se concertent pour mieux aller de l'avant. Et justement, par rapport à cela, nos deux groupes devront se constituer en un groupe commun au sein de la Chambre des conseillers. Quant à l'histoire du nom ou encore des soi-disant divergences, en tant que président d'un parti politique, je dis que cela relève du secondaire. Bien entendu, il y a des personnes qui s'accrochent à des noms et à des symboles, que ce soit chez nous au RNI ou chez nos amis du PAM, alors que moi-même j'ai proposé qu'on choisisse une nouvelle identité nominative. D'ailleurs, dans les démocraties ancrées, notamment en France, on change de nom chaque année sans que cela ne crée l'évènement. C'est la volonté du changement qui crée les dynamiques. Et nous sommes appelés, nous autres hommes politiques, à mettre de côté cette tendance individualiste qui nous freine. Je pense que, compte tenu des changements qui s'opèrent autour de nous, nous nous devons de nous tourner vers l'avenir et aller de l'avant.
Hassan Benaddi : Je voudrais juste revenir sur la question relative aux craintes exprimées suite à notre alliance. En effet, des responsables du PAM ont pris contact avec le Premier ministre pour l'informer de notre démarche. D'ailleurs, il a été plus rassuré d'apprendre que la majorité qui l'appuie sera mieux organisée et plus à même de constituer une force pour relever les défis. Au PAM, nous avons dit, dès le départ, que nous ne voulons ni postes ministériels ni changement gouvernemental, mais que nous ne pouvons aller de l'avant qu'armés d'une classe politique qui travaille en synergie avec l'opinion publique, mais aussi avec nos partenaires externes et les opérateurs économiques.
Avec le recul on a l'impression que le PAM accélère les choses pour des raisons pas toujours claires...
Hassan Benaddi : Je m'interdits toujours d'émettre des jugements, mais je peux dire que ce qui s'est passé est le fruit d'un processus de mûrissement qui a duré plus d'une année et pas une journée ou 48 heures comme l'a laissé entendre Abdellah Kadiri. Nous étions dans une phase transitoire et il a fallu la gérer. Quand le PND a décidé de nous rejoindre, il a fallu qu'il déclare sa dissolution et ses responsables sont les mieux positionnés pour négocier cette transition, puisque le parti dispose d'un journal, de locaux et autres permanents. Et cela pouvait prendre trois à quatre mois. Maintenant, pour ceux qui disent qu'il faut tout remettre en cause, il ne s'agit que de personnes qui craignent pour leurs propres intérêts au sein de cette formation, alors que ceux qui n'ont pas cette fixation n'ont pas renié la fusion.Ceci étant, il est de la plus haute importance de noter que tout autour de nous s'accélère et l'histoire est de plus en plus sous le signe de l'accélération.
Or, notre pays est dans cette grande dynamique. Seulement, au moment où cela bouge dans tous les domaines, il n'y a que le champ politique qui reste quasiment figé. Certains avancent que nous venons d'entrer dans une transition démocratique et qu'on devra y rester. Il me revient à l'esprit la déclaration d'un leader politique qui, au lendemain des élections du 7 septembre, avait déclaré que l'on devrait "le traiter'' sur la base de son poids historique et non sur fond des résultats des élections. D'autres voix indiquent qu'il faut un nouveau contrat avec les partis politiques, sans en dire les tenants et les aboutissants.
C'est tout simplement à ne rien y comprendre, sachant que, depuis des années, le pays est entré de plain-pied dans la logique d'une démocratie normalisée et où le critère premier est de s'en référer aux positions des citoyens et au verdict des urnes. Maintenant, l'Etat, suite à une large concertation avec les forces politiques, a mis en place les règles du jeu et il incombe aux partis de bouger. Seulement, ils n'ont pas bougé. Alors que les acteurs politiques sont appelés à assumer leurs responsabilités et de travailler pour servir l'intérêt général.