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Aabey, le village de Samir Kanter, attend son "héros"

«Bienvenue au doyen des prisonniers": sur le chemin menant à son village natal Aabey, les pancartes saluent la libération de Samir Kantar et son retour en héros au Liban, considéré comme une "victoire" du mouvement chiite Hezbollah au terme d'un échange avec Israël.

17 Juillet 2008 À 18:08

A Aïn Ksour, à cinq kilomètres de Aabey, le village druze natal de Kantar, Yousra Khaddaj accompagnée de ses trois plus jeunes filles attend l'ex-doyen des prisonniers libanais en Israël avec un bol en plastique rempli de fleurs et de riz qu'elle sèmera à son passage, prévu en début d'après-midi. "C'est une victoire pour le Liban et pour la résistance nationale. Samir Kantar est le fils de tous les Libanais", affirme cette femme de 39 ans. Au rythme de la musique folklorique, une troupe danse la "dabké", la danse traditionnelle des pays orientaux en attendant la cérémonie d'accueil prévue dans l'après-midi, en présence du leader druze Walid Joumblatt et des ministres et députés druzes.

Samir Kantar, du Front de libération de Palestine (FLP), et qui fête ses 46 ans mardi prochain, avait été condamné en 1980 à cinq peines de prison à vie et 47 ans additionnels pour un triple meurtre en Israël. En 1979, il avait conduit une opération à Nahariya (nord d'Israël), lors de laquelle il avait tué un policier, pris en otage un civil israélien qu'il avait abattu, puis avait tué la fille de ce dernier en lui fracassant le crâne, selon la justice israélienne.

Kantar a toujours nié avoir tué la fillette, morte selon lui dans un échange de tirs.
Des dizaines de personnes portant son portrait imprimé sur fond jaune, couleur du Hezbollah, l'attendaient dans la matinée sur le chemin d'Aabey.
"Vous avez fait goûter l'humiliation à l'ennemi", dit une banderole, en référence à l'échange effectué mercredi entre Israël et le Hezbollah qui a lui rendu les corps de deux soldats israéliens enlevés en juillet 2006 à la frontière.

Outre Kantar et quatre prisonniers membres du mouvement chiite, 199 cercueils contenant les restes de combattants, notamment libanais et palestiniens, ont été remis mercredi par Israël dans le cadre de cet échange. Ils étaient transférés jeudi de Naqoura, dans le sud du Liban, vers Beyrouth. Sur la route, au passage des camions, des mères en larmes tentaient de toucher les caisses de bois où se trouvent peut-être les restes de leurs fils. Les cercueils ne seront remis à leurs familles qu'au terme d'une cérémonie prévue dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. Les cercueils, enveloppés dans le drapeau libanais ou palestinien selon l'origine des défunts, avaient auparavant été déposés sur des camions décorés de fleurs et portant l'inscription "Opération Al-Radwane".

Le Hezbollah a donné à l'opération d'échange le pseudonyme de l'un de ses plus importants dirigeants militaires, Imad Moughniyeh, tué en février à Damas, un assassinat pour lequel le mouvement chiite avait accusé Israël.
Des milliers de réfugiés palestiniens sont sortis du camp de Rachidiyé au passage du convoi dans la ville de Tyr (sud du Liban).
Au son de chants patriotiques palestiniens, les réfugiés portaient les portraits de ces combattants palestiniens morts dans des batailles contre l'armée israélienne durant la guerre civile libanaise (1975-1990).

Les portraits de Dalal al-Moghrabi, une jeune combattante palestinienne tuée lors d'une opération contre l'armée israélienne en 1978, occupaient une place prépondérante sur les poteaux le long de la route, décorée de drapeaux jaunes du Hezbollah et des différents partis libanais auxquels appartenaient les combattants. Un large rassemblement est en outre prévu à Saïda, la grande ville du Sud, où les représentants des partis et mouvements populaires ont organisé une longue escale sur la place des Martyrs.
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Le Hezbollah, en ligne de mire

Israël a lancé jeudi une campagne internationale de presse visant à souligner le caractère "terroriste" du Hezbollah, au lendemain d'un échange de prisonniers et de dépouilles avec le mouvement chiite libanais, a-t-on appris de source officielle. Le service d'informations du Premier ministre ainsi que le ministère des Affaires étrangères et l'Agence juive (organisme para-gouvernemental pour l'immigration en Israël) ont mis à la disposition des médias internationaux films et documents soulignant les ""valeurs éthiques"" de l'Etat juif et montrant le vrai visage de Samir Kantar. Ce dernier a été condamné à cinq peines de prison à vie et 47 ans additionnels pour les meurtres en 1978 de trois Israéliens, dont une fillette de quatre ans. Le ministère des Affaires étrangères a ainsi mis en ligne une vidéo sur le site de partage d'images YouTube, dans laquelle un porte-parole, Ofir Gendelman, explique en arabe qui est "vraiment" Samir Kantar.

"Le Hezbollah accueille avec des cris de joie un tueur d'enfant. C'est un assassin sauvage que vous autres extrémistes voyez en héros", dit-il dans son message. "Le Hezbollah est une organisation terroriste parrainée par l'Iran.
Le Hezbollah est fier d'un meurtre commis de sang-froid", ajoute-t-il. Dans des propos exprimés mercredi soir à Haïfa devant une promotion d'officiers de marine et rapportés par les médias, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a qualifié le Hezbollah d'"ennemi âpre, cynique et méprisable qui considère la vie humaine comme une monnaie d'échange". Il a par ailleurs déclaré: "en tant que soldat, officier et ministre de la Défense, j'affirme que l'armée israélienne oeuvrera toujours pour ramener nos fils à la maison. Morts ou vifs. C'est le sens de la charte qui lie l'armée israélienne à ses combattants et à la société israélienne".
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