L'humain au centre de l'action future

Des gestes de générosité et de tendresse

La date d'un mariage n'est guère liée à une saison précise dans la région du Sahara. On peut se marier en hiver, au printemps, en automne ou en été.

15 Août 2008 À 16:29

Ceci dit, le mariage à la traditionnelle, lui, est une habitude qui commence à s'oublier dans les provinces sahariennes. Avant, il n'y avait pas de véhicules, c'était le dromadaire qui portait ‘‘dabch'' ou ‘‘dhaz'', de la tente de la mariée à celle du mari. Puis, il n'y avait pas de coiffeuse ou ‘‘negafa'' pour coiffer les cheveux de la jeune mariée ou la maquiller. Il y avait des femmes ‘‘maalmates'' qui s'occupaient de la fille, coiffaient ses cheveux et la maquillaient au ‘‘hargouss'', ‘‘souak'', henné, etc., des produits traditionnels.

La connaissance dans le mariage traditionnel se faisait dans la plus grande intimité des regards de loin, admiration puis amour et beaucoup de timidité avant de prononcer le désir d'épouser celle qu'on aime de loin ou en le lui signifiant par des gestes de générosité et de tendresse.

Une fois la décision prise, le jeune homme livre son secret à sa mère pour lui faire part de son désir d'épouser sa cousine, sa proche en général. Les nomades vivaient en tribus unies et souvent, le choix tombe sur une fille de la tribu. C'est rare que le jeune puisse faire le choix ailleurs, sauf s'il accompagnait son père derrière les troupeaux de dromadaires ou de caprins et qu'il remarque une fille d'une autre tribu. Il faut dire que le mariage hors de la tribu était mal vu, encore plus, le mariage d'un étranger au Sahara est presque considéré comme une malédiction. Toutefois, le nombre important de handicaps dans les provinces sahariennes est dû justement à la fréquence des mariages des consonguins.

La société sahraouie vivait en groupe de ‘‘frik'', ‘‘alfark'' (le singulier veut dire une tente). ‘‘lfrik'' c'est donc un ensemble de tentes proches dirigées par un chef et servies par des serviteurs noirs qui sont laamalmaline. Ce sont au fait eux qui résolvent les différends, qui font l'artisanat, qui confectionnent et montent les tentes et en même temps qui s'occupent de l'arrangement et de la gestion d'un mariage. Quand le fils ose informer son père directement de son intention de se marier, le geste est vu comme une impolitesse de la part du géniteur. Les traditions ancestrales du mariage sahraoui héritées du passé insistent sur le sérieux de l'événement social.

Une fois le choix de la future épouse fixé, une réception est organisée par les familles des deux futurs mariés pour discuter de l'organisation de la cérémonie de mariage, la date de l'acte de mariage. Par la suite, les familles des futurs époux lisent collectivement Sourat Al Fatiha, et les fiançailles sont ainsi solennellement annoncées. Les sages des deux familles et des notables de la tribu doivent assister à cette cérémonie. le mariage est une occasion de joie et de retrouvailles des membres de la famille. la préparation se faisait de manière collective. Tous les membres du frik contribuent soit par l'argent, une tête de dromadaire, un tapis ou n'importe quel autre don. il est vrai que le mariage sahraoui est très cher, mais l'entraide des membres de la société allégent le fardeau. Le mariage commence avec la cérémonie de la dot nommée en dialecte local ‘‘dfou'', dont la valeur varie selon les moyens du mari et de sa situation.

tout au long de la cérémonie la mariée est entourée par les autres filles de la tribu ou des tribus invitées. Au fait une tente ouverte est une invitation ouverte car les sahraouis n'invitent pas pour le mariage. Tout le monde est convié automatiquement pour la cérémonie.

Le mariage est animé par une troupe féminine en général pour les femmes pour les hommes un repas délicieux composé de la viande du dromadaire cuite à la façon traditionnelle, sans épices et avec du riz . La cérémonie du mariage est caractérisée par le jeu de taoruagh ou le dribblage. Le jeu consiste à cacher la mariée quelque part chez une tribu voisine en général. Le mari doit la chercher en menant un léger combat. Au cours du dernier jour des festivités, les nouveaux époux passent leur première nuit ensemble en tant que couple marié. La famille du marié procède, au cours de cette cérémonie, à la distribution de cadeaux, en général des melhfas, pour la famille de la mariée qui parfois passait jusqu'à une année chez ses parents avant de rejoindre le foyer conjugal avec son premier enfant. Elle retrouvait en cachette son mari dans une tente proche de celles de leurs familles si elles vivaient ensemble sous les frik.

Une femme sahraouie épouse un sahraoui pour la bonne raison que celui-ci lui témoigne beaucoup de respect. Jamais un sahraoui n'insulte sa femme, même quand celle-ci demande le divorce il ne s'y oppose pas. Il lui cède tous les biens qu'elle avait acquis avec lui. Quant à sa famille, elle la soutient et la recueille. Même ses enfants sont pris en charge par leurs oncles maternels. Elle a droit à une cérémonie de henné. La séparation ou le divorce se fait toujours à l'amiable.n

La dot symbolique

Avant le mariage, le fiancé est tenu d'offrir des présents à sa promise. La coutume de l'offrande (la h'dia) existe encore dans toutes les classes sociales. Ce sont les cadeaux offerts par l'époux à la jeune mariée. Ils varient selon la situation sociale et les régions. Certains cadeaux sont symboliques, comme le sucre, qui représente une vie heureuse, le lait, la pureté ou encore les dattes, l'eau de fleurs d'orangers et le henné. En font partie également la bague de fiançailles et l'alliance.

Les autres varient en fonction des moyens. On peut trouver des coupons de tissus, des caftans, des chaussures, des sacs à main, du parfum. Ces cadeaux sont disposés dans de très grands plateaux de couleur argentée, recouverts d'un couvercle conique, les "téfors".

Ces plateaux sont ensuite portés au domicile de la mariée, accompagnés par un orchestre « Ghiata ou Dekka » qui anime tout le quartier. C'est après le consentement des futurs époux, que les familles procèdent aux formalités du mariage. Le jeune époux ou son tuteur offre une dot symbolique (Sadaq) à sa future femme.

Le mariage est conclu par un acte adoulaire, contrat établi par les "Adoul". Le jour précédent le mariage, après que la future mariée, en compagnie de femmes de sa famille, se soit purifiée au hammam, vient la cérémonie du henné. C'est une spécialiste, "la nakkacha", qui dessine de véritables fresques florales sur les mains et les pieds de la future mariée et de ses proches. Les vertus du henné sont censées garantir la réussite et la prospérité et protéger contre les maladies. Généralement, la cérémonie de mariage donne lieu à de grandes fêtes, qui peuvent durer de trois jours à une semaine et sont plus ou moins coûteuses selon les moyens de la famille, mais toujours très visuelles, avec de magnifiques vêtements et bijoux.

La fête proprement dite a lieu dans un hôtel, un "riad" (maison traditionnelle marocaine, organisée autour d'un grand patio intérieur), une salle des fêtes, sous une tente à proximité du domicile de la mariée ou dans le jardin des parents de l'un ou l'autre des jeunes époux.
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