Des eaux usées à la mer

Une canalisation avec un diamètre pareil est plus que suspecte. Sur place, on pourrait effectivement voir toute la saleté qui s'est échappée de cette conduite.
L'eau est plus que noirâtre comme si quelqu'un l'avait arrosée de mazout. La zone où se trouve ce déversoir ne dispose pas d'un réseau d'assainissement liquide. La totalité des maisons de cette partie de la ville de Mohammedia ont des fosses sceptiques.

Cette plage qui était jadis la fierté des habitants de la ville est devenue un site moribond en raison d'importants problèmes de pollution. Aucun panneau n'indique aux baigneurs la présence de cette énorme conduite. Résultat : un nombre important de citoyens converge vers le site pour se baigner et se rafraîchir.
Il y a même des femmes qui accompagnent leurs jeunes enfants sur cette plage sans aucune inquiétude. La commune de Mohammedia a même loué un espace non loin de cette même plage à une personne pour installer un café et vendre des boissons. Les baigneurs éprouvent beaucoup de plaisir à nager dans cet endroit. D'autres viennent y faire du jet ski. Un peu plus loin, un autre égout déverse dans la plage municipale. Ce tunnel de saleté a meurtri ce magnifique site à cause des eaux domestiques et collectives de lavage, huiles de vidange qu'il achemine quotidiennement vers la mer.

Pourtant, la commune urbaine nous a annoncé il y a deux ans, suite à un article publié sur ces mêmes colonnes, qu'il avait résolu le problème. Ce n'est pourtant pas le cas. Elle avait juste enterré la conduite dans le sable et installé une pompe un peu en amont pour refouler les eaux en cas de marée hausse.
Et puis plus rien ! Là encore aucun panneau n'a été installé pour signaler l'existence de quelconque conduite. Pourtant, le site est pris d'assaut par des centaines de personnes chaque jour.

Plages propres ?
Contacté à ce sujet, la Lydec nous a indiqué qu'il existe deux rejets d'eaux pluviales à Mohammedia. Le premier est l'exutoire de Moulay Youssef (plage du centre) et celui de la plage Manesmann. L'entreprise ajoute que ses équipes de l'assainissement de la délégation effectuent régulièrement des contrôles pour éradiquer les branchements illicites d'eaux usées sur ces réseaux pluviaux.

La question qui se pose est la suivante : pourquoi on laisse toujours sur place des exutoires d'eaux pluviales, sachant qu'il y a toujours un risque que quelqu'un effectue un raccordement de son réseau d'assainissement sur cet exutoire?
Ce qui est un peu bizarre dans cette affaire, c'est qu'à chaque année la qualité des eaux de baignade des plages de Mohammedia est déclarée bonne.
Ce qui revient à dire que tout risque de contamination est donc éloigné, selon le rapport national de surveillance de la qualité des eaux de baignade préparé par le ministère de l'Equipement et du Transport et le département d'Etat chargé de l'Environnement. Difficile à croire.

A l'approche de la saison estivale, des interrogations se posent sur la qualité des eaux de baignade de ces plages. Il est à signaler que le Royaume s'est engagé dans un ambitieux programme du renforcement des capacités de mise à niveau environnementale des plages à travers le programme  «Plages propres».
Ce programme se fixe comme objectif d'améliorer la qualité des installations et de favoriser l'hygiène et la propreté des plages qui se traduit par les actions suivantes : la sensibilisation des différents acteurs; la mise en place d'infrastructures de base ; l'hygiène et propreté des plages. En regardant ces rejets d'eaux usées, on se demande si la ville de Mohammedia a saisi le message puisque les plages sont complètement délaissées.
Il n'y a qu'à regarder les saletés qui y sont laissées pour se rendre compte de cette amère vérité.

Et dire que certains responsables de Mohammedia disaient sans gêne que la plage de la Sablette allait être candidate au Pavillon bleu.
Une absurdité, sachant que ce label symbolise une qualité environnementale exemplaire. Il récompense et valorise chaque année les communes et les ports de plaisance qui mènent, de façon permanente, une politique de recherche
et d'application durable en faveur d'un environnement de qualité.
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La baie de Sablette

Il y a dix mois, les associations Assiesta, Monica, Manesmann, baie de Sablette et Dunes pont Blondin se sont élevées contre l'installation d'une conduite d'eaux usées en direction de la mer. Elles ont saisi les autorités compétentes pour stopper cette atteinte à l'environnement. Ce n'est qu'après plusieurs courriers envoyés et surtout après avoir alerté les médias que le conseil de la ville a ordonné l'arrêt momentané du chantier.

A l'époque, le promoteur immobilier a nié vouloir polluer la mer et qu'il s'agit juste d'un projet de collecteur qui va servir à évacuer les eaux pluviales des lotissements Sablette et Marina Beach, en particulier, et tout le bassin versant en amont d'une superficie de 35 hectares. Depuis, on ignore si ce projet a vu le jour ou pas.