L'humain au centre de l'action future

Mawazine poursuit son voyage

Très attendue par les fans de ce style musical très en vogue, la soirée de Bilal a drainé une foule immense à la scène Qamra.

20 Mai 2008 À 15:45

Incroyable cette popularité que cet Algérien, ayant grandi à Oran, possède auprès du public marocain, en majorité issu des quartiers populaires.
Et pour cause, Bilal leur chante leurs souffrances et leur précarité sociale au travers des sujets touchant de près ou de loin les maux de la société. Rien n'est épargné par Cheb Bilal. Que ce soit la pauvreté, l'immigration, le chômage, les prisons et beaucoup d'autres maux que certaines couches sociales touchées trouvent du plaisir à écouter. Tout ceci dans un style Rai un peu métissé.
«Même si j'ai grandi à Oran, je ne chante pas vraiment le style typiquement oranais. Mes chansons sont un peu différentes, surtout au niveau des paroles. J'essaye d'évoquer des sujets issus de notre réalité, mais dans une langue plus soignée si on fait la comparaison avec d'autres Raimen», souligne l'artiste Bilal, qui chante, aussi, l'amour et les sentiments nobles de l'être humain.

Pour lui, malgré le foisonnement que connaît la scène du Rai, beaucoup de chanteurs tombent dans la débâcle et font du n'importe quoi.
Ce sont les grands qui resteront dans l'histoire comme le cas de Cheb Khaled. «Khaled est le tigre. C'est une référence du Rai, même si des centaines de chanteurs viendront après lui et chanteront mieux que lui, personne ne pourra le détrôner». Ayant suivi des cours de musique au conservatoire d'Oran, Bilal a appris à devenir Raiman en chantant dans de nombreuses fêtes et mariages. Ce n'est qu'en 1987 qu'il remporta le Prix d'un concours de chansons, devenant, de ce fait, une superstar dans son pays natal. 1989 est l'année qui marque son premier départ vers la France et plus précisément à Marseille où il fait ses tout premiers débuts sur scène, faisant l'ouverture des spectacles de Cheb Hasni. C'est de cette manière qu'il conquit le public marseillais et sort son premier album «Sidi Sidi ».

Ainsi, commence pour lui une vraie carrière professionnelle lui permettant d'aller de festival en festival et de conquérir les publics de plusieurs pays. Son invitation au Festival Mawazine est une nouvelle conquête pour lui qu'il apprécie énormément. «C'est une invitation qui me fait vraiment honneur, parce ce que Mawazine est une grande manifestation internationale qui draine des artistes de renom et je suis fier d'être moi aussi parmi ces grands. C'est une bonne initiative qui permet aux artistes de se rencontrer et peut-être même de travailler ensemble dans l'avenir. On peut aussi tisser des relations d'amitié. Donc, les festivals représentent des opportunités de bon augure et donnent une belle image sur le pays organisateur, surtout quand il réserve aux artistes l'accueil qu'ils méritent. Ces grandes rencontres peuvent même faciliter les relations entre les peuples », précise Bilal qui porte un amour particulier pour le Maroc.
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Une semaine bien entamée

Le Festival « Mawazine, Rythmes du monde » continue son beau périple en investissant plusieurs quartiers de la capitale, avec à la clé chaque soir plusieurs artistes de divers styles, laissant le public dans l'embarras du choix. C'était aussi le cas pour la soirée du lundi ayant entamé ses prestations avec les Gitans Dhoad du Rajasthan et leurs huit artistes perpétuant la tradition millénaire des troubadours, musiciens, danseurs et fakirs ayant transmis leur culture et leur savoir-faire à d'autres générations. Un spectacle fascinant qui a émerveillé et envoûté le public raffiné du site Chellah.
Les spectacles du Théâtre Mohammed V et celui de la Villa des Arts, avec respectivement le guitariste virtuose, Al Di Meola, et les Cedars Band en compagnie de leur chanteuse principale, Cedar Zaitoun, ont séduit un public élitique et connaisseur en bonne musique. Par ailleurs, les scènes de la capitale furent bombardées par des rythmes aussi percutants ayant enflammé les foules venues nombreuses à leur rencontre. Et nous citons Bonga et Mazagan à Hay Riad, Schal Sick Brass Band et Bilal à Qamra, Faima Tihihit et Archache à la place Moulay Al Hassan, Los Delinquentes et Amparanoia à Bouregreg, puis Mariachi Real de Oro, Jil Jilala, Lamchaheb et Nass El Ghiwane à Hay Nahda.
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