C'est demain mercredi que l'ensemble musical «Nawrass» (Albatros) se produira au Palais Jamaï à Fès.
LE MATIN
21 Janvier 2008
À 18:43
Organisé par l'Institut français de la capitale spirituelle du royaume, ce concert met fin à plusieurs années d'absence de la formation musicale. Créé en 1988, le groupe n'a produit jusqu'à maintenant qu'un seul album «Annar fi dammi» en 1994. Album remarquable de par sa composition et les thèmes qu'il aborde, cet opus a eu un grand succès auprès du public et augurait une nouvelle ère de la chanson marocaine engagée.
«C'était une expérience originale et réussie. On avait travaillé sur des poèmes du grand Mahmoud Darwich, de Abdelatif Benyahia et de Redouane Afandi. Je pense que c'est la nature des sujets abordés qui a contribué au succès de cet album», explique Abdelhak Tikerouine, compositeur – luthiste et l'un des fondateurs du groupe.
Malgré le succès de cette première expérience, les trois membres de l'ensemble (Kamel Kadimi, Abdel Fettah Ngadi et Abdelhak Tikerouine) n'ont pas pu récidiver. Selon M. Tikerouine, les causes sont multiples : leur style musical, manque de moyens financiers et de soutien des responsables… «Les années 1990 ont été marquées par l'expansion de la chanson commerciale. Nos chansons n'avaient donc pas de chance d'atteindre tous les foyers marocains. Ce n'est pas tout. Notre groupe a été depuis toujours peu médiatisé. Il a été rarement invité par les chaînes et les radios nationales, chose que n'avons jamais comprise».
Malgré ces différents «bâtons dans les roues», «Nawrass» a continué son petit bonhomme de chemin. Très plébiscité par le public, la formation musicale s'est produite dans plusieurs villes marocaines et européennes. Elle a même animé bon nombre de spectacles au profit des associations marocaines, notamment l'OMDH (Organisation marocaine des droits de l'homme). «On ne peut pas dissocier l'art et les problèmes qui touchent la société.», souligne M. Tikerouine.
Influencés par le style de l'artiste libanais Marcel Khalifat, les trois membres de «Nawrass» sont tous des lauréats du Conservatoire de musique Casablanca. «Notre formation nous a beaucoup aidés dans notre parcours professionnel. Ça nous a permis de mieux choisir notre style et surtout de nous positionner par rapport aux autres groupes marocains».
A la fois musiciens et musicologues, les trois fondateurs de «Nawrass», grâce à leurs recherches, ont réussi à donner à leur style un caractère novateur. En effet, leur méthode de travail consiste à partir des rythmes typiquement marocains pour en arriver à un style purement académique. C'est d'ailleurs la principale spécificité de leur nouvel album qui sortira bientôt. «Vous savez, malgré tous les problèmes qu'on a rencontré et qu'on rencontre toujours, on a décidé de sortir un nouvel album, qu'on a financé par nos propres moyens. La situation de l'artiste marocain est toujours aussi critique», déclare le compositeur du groupe. Composé de sept chansons, ce nouveau travail témoigne de la volonté implacable du groupe Nawrass d'imposer son style et surtout de contribuer à faire sortir notre chanson de sa longue léthargie.