Un souffle nouveau donné à l'institution représentative de l'Islam
«Engagement pour un Islam de France» est l'intitulé du programme du Marocain Mohamed Moussaoui qui devait être élu, hier, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), seul interlocuteur des pouvoirs publics français pour les questions touchant au culte, comme la construction des mosquées, la nomination des aumôniers, l'organisation des pèlerinages.
LE MATIN
22 Juin 2008
À 15:31
Cette consécration a été réalisable après un long processus électoral qui a commencé, dimanche 8 juin. Ce jour-là, le Rassemblement des musulmans de France (RMF) a largement remporté les élections pour le renouvellement des instances dirigeantes du CFCM. Cette association à laquelle appartient M. Moussaoui est arrivée en tête du scrutin, avec 43,24% des suffrages exprimés.
Le RMF a été créé en 2006 en faisant scission avec la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF), dont il prend la place et le rôle de représentation des musulmans marocains en France. Aux 41 membres du CFCM élus, dimanche 8 juin, dans plus de 1 000 mosquées de France s'ajoutent 17 autres membres désignés. Tous devaient procéder hier à la nomination du futur président du CFCM. Son mandat et de ses diverses instances est de trois ans. En toute logique, celui-ci devait être issu des rangs du RMF, grand vainqueur du scrutin. Et c'est Mohamed Moussaoui, natif de Figuig , aujourd'hui maître de conférences en mathématiques à l'Université d'Avignon, qui devait être porté à la tête de cette instance. Il remplacera ainsi l'Algérien Dalil Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris, désigné à ce poste en 2003 et 2005.
Secrétaire général du Conseil régional du culte musulman (CRCM) de la région Provences-Alpes Côtes d'Azur (PACA) depuis 2005, M. Moussaoui est également imam à la mosquée El Boukhari à Avignon. «Le choix du frère Mohamed Moussaoui est d'autant plus judicieux qu'il incarne modération et attention en direction de toutes les composantes de la communauté musulmane», écrit la Fédération française des associations islamiques d'Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) dans une lettre de soutien à la candidature du Marocain. Pour convaincre tous les musulmans de France de sa bonne volonté, Moussaoui a d'ailleurs préparé une esquisse de son programme intitulée «Engagement pour un Islam en France». Un programme articulé autour des questions liées à la pratique du culte musulman en France et son intégration dans le paysage français. L'auteur souligne que «seul un travail collégial et un esprit d'équipe sont de nature à satisfaire les nombreuses attentes culturelles des musulmans et des musulmanes en France».
A noter que le programme de M. Moussaoui s'appuie sur la réflexion issue des commissions du CFCM et sur les débats menés au sein du RMF, pour proposer un projet cohérant. Il est structuré autour de dix commissions, à savoir «Imama et formation des imams», «Mosquées», «Communication», «Enseignement», «Aumônerie», «Viande Halal», «Juridique et organisation», «Dialogue interreligieux», «Pèlerinage» et «Carrés musulmans».
L'une de ses priorités serait la formation des cadres religieux, imams et aumôniers. Il s'engage à s'atteler à la construction de lieux de cultes dignes. «Il y a un déficit important à ce niveau-là en France contrairement à nos voisins allemands qui disposent de 2600 lieux de cultes pour 2 millions de musulmans alors qu'en France il y en a deux fois moins pour 5 millions de musulmans», explique M. Moussaoui. Il ajoute qu'il y a aussi le dossier du pèlerinage, notamment avec les nombreuses plaintes déposées cette année. Il faudra également améliorer les conditions de sacrifice de l'Aïd El Kébir mais aussi régler le problème des lieux de sépulture.
Le RMF qui l'a choisi a fait savoir qu'il oeuvrera avec l'ensemble des composantes de la communauté musulmane, afin de donner un souffle nouveau à l'institution représentative de l'Islam en France.