Ne vous avisez pas de vouloir laisser votre nom à la postérité en écrivant des livres, vous risqueriez d'y laisser votre peau avant même de goûter au plaisir de bomber le torse de fierté en admirant votre portrait sur la quatrième de couverture.
LE MATIN
23 Mai 2008
À 18:19
Vous prenez le conseil pour une plaisanterie de mauvais goût ? A vous de voir, mais vous seriez bien naïf de croire ce que vous dites alors que les cadavres de postulants à la gloire par la plume jonchent les rues de Nice et de Grenoble et que l'affaire prend des proportions telles qu'on a soupçonné un moment qu'il s'agissait de règlement de compte à caractère éminemment politique.
Des preuves ? Ce livre intitulé banalement (pour les besoins de la cause sûrement) : «Dalal mon amour» et signé par un fin limier qui n'en est pas à son premier essai en matière d'investigation sur des affaires aussi scabreuses que le terrorisme international, le rapt et autres sombres affaires plus ou moins crapuleuses. J'ai nommé, bien sûr, notre spécialiste maison roman policier (en chef) Jean-Pierre Koffel .
Ne lui doit-on pas déjà, depuis 1994, une bonne dizaine d'ouvrages où le plaisir du bon mot le dispute à celui de la surprise et du voyage. «Nous l'appellerons Mehdi »c'est son premier, suivi d'autres tels : «Des Pruneaux dans le tagine» ; «Pas de visa pour le paradis d'Allah» ; «L'Inspecteur Kamal fait chou blanc» ; «Rapt à Inezlane» et bien d'autres. Né à Casablanca en 1932, agrégé de Lettres classiques, J-P. Koffel est un retraité de l'enseignement où il a exercé en tant que professeur de français au lycée Moulay Abdellah notamment, et ailleurs. Il vit actuellement à Kenitra.
Alors ces cadavres de postulants à la vie éternelle dans les rues de Nice et de Grenoble ? Ah, Oui, justement ! C'est le sujet de «Dalal mon amour», le dernier thriller donc de Koffel. Ne vous méprenez pas, à part ce titre un tantinet «Nous deux», il n'y a pas un seul mot d'amour durant tout le trajet qui fait quand même quelques 184 pages. Pas tendre la vie dans le milieu éditorial comme on pourrait se l'imaginer, eh, oui, le milieu, comme tous les milieux du business, carbure au fric et à la notoriété.
Il faut faire du chiffre, beaucoup de chiffre pour faire du fric, et pour ce faire, tous les moyens sont bons, y compris l'assassinat. L'assassinat ?! Oui, l'assassinat, le meurtre si vous voulez, vous avez bien entendu! Pas n'importe lequel, mais celui des écrivains, surtout si leurs livres font déjà recette. Car voyez vous, pour un écrivain mort, pas de vieillesse ni une longue maladie, non, surtout pas, mais une belle mort, dans des conditions obscures, scabreuses, une mort violente mais énigmatique, celle dont raffole la presse people et dont elle fait son chou gras pendant des mois, voire des années, voilà un écrivain qui mérite bien son nom, un écrivain qui fait parler de lui, qui crée l'événement à son corps défendant, en étant lui-même l'événement.
C'est celui dont raffolent les éditeurs par excellence. Et la belle Dalal dans tout ça? Eh, oui, elle est belle la Dalal, un canon hors normes, nous dira Mekki Mollato, le narrateur attitré, Pour sûr qu'elle est belle, mais pas seulement. Il faut parfois se méfier des anges surtout quand il y a un flingue au ceinturon, nous apprendra le même Mekki, ou mikki pour les intimes, narrateur, mais également écrivain (donc , avec un peu de chance, candidat à la gloire posthume) et musicien compositeur et bien d'autres choses encore. Nous sommes en France mais le Maroc n'est pas très loin. Il y a du beau monde dans la galerie, un auteur d'un livre qui fait scandale, une roumaine en rupture de banc avec l'ancien régime, un serbe, des auteurs de livres porno, et tout autour, un éditeur, un colonel des Services secrets mis à l'index dans le brûlot en question et qui vient régler des comptes, sa maîtresse, épouse de l'auteur du brûlot, notre Mekki et son ami Archie.
Et bien sûr la belle Dalal. Enfin une ménagerie du tonnerre. Tout ce beau monde est embarqué dans une caravane. Du livre s'entend. Je vous dis pas. Ça remue de partout. Un vrai jeu du chat et de la souris. Ce n'est pas le meilleur de ce qu'a écrit Koffel, mais c'est comestible. ----------------------------------------------
Vivre et laisser mourir
Soit le fringant et galant colonel Bribech, des Services secrets. Soit le charmant M. Basket, auteur d'un brûlot, d'un best, sur certains dessous pas très jolis, jolis. Soit M. Malaria, un éditeur qui prend le mors aux dents et le taureau par les cornes.
Et la terrible, la fougueuse, l'intraitable Dalal qui veut venger l'honneur et la mémoire de son papa chéri et vous envoie vos quatre vérités à la figure. Et des accidents stupides. Avec en toile de fond Nice, la Baie des Anges, les Alpilles en flammes, le Mercantour et ses torrents en crue. Un été meurtrier et tout plein de petits comparses sympathiques qui vous iront droit au cœur.