Assaad Bouab, le « grand pro »
Rencontrer Assaad Bouab est un pur moment de bonheur. Alors qu'on s'attendait à voir une personne impénétrable, calme et énigmatique, comme Mao de Marock, on est surpris par un jeune garçon extraverti, dynamique et spontané.
LE MATIN
01 Mai 2008
À 15:14
Habillé en blue-jeans, sweet-shirt à capuchon et babouches aux pieds, Assaad, avec un large sourire sur le visage, nous vient avec un style décontracté ce jour-là. Joueur et rigolo, il parle avec enthousiasme de «Lola» mais également des documentaires sur les animaux dont il est un grand fan.
Quoique tous les Marocains lui attribuent le caractère de son premier personnage sur le grand écran, le jeune acteur déclare : «Je ne ressemble pas du tout à Mao.
Contrairement à lui, quand je suis triste ou que je boude, je préfère rester chez moi pour ne pas peiner les autres avec mon état d'esprit. Toutefois, c'est toujours plus intéressant et enrichissant de jouer des personnages pareils.» Ce rôle profond et émouvant a fini par bouleverser la carrière d'Assaad Bouab.
Juste après Marock, les propositions se succèdent pour le jeune comédien. Il est dirigé par Bourlem Guerdjou dans «Zaina, cavalière de l'Atlas» puis par Rachid Bouchareb dans «Indigènes » où il joue aux côtés de Jamel Debouze, Roschdy Zem, Samy Naceri, et Sami Bouajila. Il se glisse ensuite dans la peau de Zack, un beau gosse égyptien qui vit à New York et file le parfait amour avec une danseuse américaine, dans le dernier film de Nabil Ayouch, «Lola».
Ce n'est pas tout, car Assaad Bouab attend impatiemment la prochaine sortie de son nouvel opus « Kandisha » de Jérôme Cohen-Olivar où il partage le casting avec David Carradine de Kill Bill, Saïd Taghmaoui, Amira Casar, Hiam Abbas. « Je suis très heureux de faire ce film qui présente Aïcha Kandisha comme une justicière et pas une diablesse telle qu'on nous l'a racontée durant notre enfance. «Kandisha» est tourné en plusieurs langues dont le dialecte marocain, l'arabe classique, le français et l'anglais. Il sortira un peu partout dans le monde et permettra à cette légende de se faire connaître au niveau international », raconte l'artiste.
Ce bout de chemin tracé en un petit temps dans le domaine du cinéma n'a pas fait oublier à Assaâd son premier amour, le théâtre auquel le jeune homme a consacré ses années d'études en suivant durant trois ans les cours Florent. Il continue sur sa lancée en tentant et remportant le prestigieux concours du Conservatoire de Paris. Entre un film et un autre, Assaâd Bouab fait un passage sur les planches. Il nous confie: « Je préfère toujours le théâtre. C'est gratifiant et enrichissant. En plus, le plaisir est immédiat. On est en contact direct avec le public, on peut connaître sa réaction sur le tas.»
L'artiste ne se contente pas de ce qu'il fait, mais il multiplie les expériences en jouant aussi à la télévision dans « Tout contre Léo» de Christophe Honoré et «Une famille formidable» de Joël Santoni. Assaâd raconte : «J'ai dû faire la télévision pour gagner ma vie. Il ne faut pas croire qu'être acteur veut uniquement dire jouer les meilleurs rôles avec les meilleurs comédiens. Il faut toucher à tout. Les gens ne doivent pas juger les autres sur un simple coup de tête, mais il faut apprendre à lire entre les lignes.» Malgré son jeune âge, Assaâd dessine sa carrière avec sagesse et justesse. Talentueux et perspicace, il connaît la technique et répond aux moindres caprices du réalisateur. Nabil Ayouch parle de lui en disant : «C'est un garçon à la fois humainement extraordinaire avec de grandes qualités de cœur, et en même temps c'est un grand pro. Ce qui est sûr, c'est qu'il est un des futurs talents du cinéma marocain.»
Loin de l'image de l'acteur en pleine évolution, le bel homme aux yeux verts
qui deviennent marron sous l'effet de la lumière est également un jeune Marocain, d'une grande sensibilité, qui a ses rêves, ses ambitions et ses aspirations.
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Avec Gérard Jugnot
Assaâd Bouab entame dans quelques jours le tournage de son prochain film « Rose et noir » où il sera dirigé par un certain Gérard Jugnot. L'acteur explique : « Il s'agit d'une comédie historique dont l'action se passe dans l'Espagne du 16e siècle. On tournera donc à Séville puis en France. » Avec ce nouveau long-métrage, Gérard Jugnot prouve son amour pour les films en costumes... Le cinéaste pourrait même y jouer le rôle principal, à savoir un grand couturier français envoyé de l'autre côté des Pyrénées pour la préparation d'un mariage royal.
Un périple qui prendra bientôt l'apparence d'un choc culturel. Produit par Les Films Manuel Munz, « Rose et noir » est une occasion pour notre star nationale de s'essayer à un nouveau genre de film.