En cette période estivale, quasiment toutes les boutiques affichent des soldes, c'est le moment de se faire plaisir avec une jolie robe, un chic «pantacourt» ou encore un beau bustier qui feront ressortir ce beau teint doré par le soleil.
LE MATIN
08 Août 2008
À 15:48
Elles sont des centaines à se ruer sur les magasins, à s'esclaffer devant tel ou tel modèle, mais sont-elles toutes capables de porter ce qu'elles désirent tant ? Non. Le sacro-saint « poids » freine les plus tenaces des envies. Dans une boutique casablancaise, Myriam, une jolie jeune femme de 32 ans, entre et commence à faire son choix. Tee-shirt, chemise, jean, robe tout y passe. «Cela fait des lustres que je n'ai pas fait les magasins et ma garde-robe en a pris un sacré coup. J'ai intérêt à faire le plein », explique-t-elle à la vendeuse qui a déjà les bras chargés de vêtements. Derrière le rideau de la cabine d'essayage, la vendeuse semble sidérée. Myriam lui rendait une à une les pièces choisies avec tant de soin. « Non, le bustier est trop serré on y voit plus ma petite poitrine, le pantalon est trop large il fait ressortir mon trop de hanches, la robe est moulante elle montre que mes muscles fessiers manquent de fermeté, la chemise ressort mon ventre flasque, ce haut est trop long, je suis trop petite pour le porter»… et ainsi de suite, la liste de reproches à sa silhouette est longue.
La vendeuse avait beau juré que non, tout au contraire, que tout lui allait à merveille que c'est juste une impression, qu'elle n'était pas grosse, que… rien n'y fait, en juge impitoyable Myriam n'a rien trouvé qui saille à son corps mal-aimé. Les «Myriam» sont malheureusement trop nombreuses de nos jours, elles croulent sous leurs quelques kilos en plus. Mais plus que quoi ? «Que les images reflétées par la publicité, par les couvertures de magazines par les stars… Les gens voient les corps super minces des mannequins et des actrices comme l'idéal à atteindre, même si ce n'est ni réaliste ni bon pour la santé. Le message sous-entendu dans tout cela est que les femmes doivent être minces et avoir un corps «parfait», sinon elles ne sont ni en santé, ni compétentes, ni désirables et elles n'ont pas confiance en elles», explique Imane Smyej, psychothérapeute. Et si le bien-être, on pouvait y arriver même sans maigrir? Et si au lieu de porter un regard meurtrier sur notre corps, notre carcasse, nos graisses, nos replis, nous nous regardions franchement en acceptant ce que le miroir nous montre et accepter aussi que les rondeurs peuvent être plus qu'acceptables... aimables !
Nous sommes souvent nos pires ennemies face à l'image du miroir et nous ne nous pardonnons rien. «Ceux qui se plaignent de leur physique continuent de le faire quelle que soit la réalité ! Leur plainte se porte sur un idéal imaginaire à atteindre et qui est un critère de valeur incontournable pour eux. Seulement cet imaginaire est par définition impossible à atteindre complètement. Ces personnes se trouvent donc dans une recherche sans fin dans un tonneau sans fond qu'ils n'arriveront jamais à remplir. Aujourd'hui, les femmes qui ne sont pas préoccupées par leur poids et la forme de leur corps représentent l'anomalie sociale», se désole la spécialiste. Pourtant, des femmes genre existent. Certaines apprennent à aimer leur corps avec ses défauts et ses kilos supplémentaires, à ne plus vivre en ne pensant qu'à leur poids et à faire des régimes qui les épuisent psychologiquement.
C'est un bel exemple à suivre. «Bien sûr, n'oublions pas que nos kilos ne font que masquer ce qui réellement pèse sur notre vie... Stress du travail, mal-être, chagrin amoureux, enfance atroce, souffrance difficile à affronter... Chaque histoire personnelle recèle des secrets bien difficiles à expliquer, à montrer, et on s'enfonce dans une sorte d'auto-destruction avec notre fausse bonne amie : la bouffe», s'exclame Rabia, une dame bien ronde, la quarantaine passée et si belle, rencontrée dans la même boutique que Myriam. Après les magasins, les mains pleines de sachets, sa destination ? Le salon de coiffure. «Je prends soin de moi et je ne me prive plus des plaisirs que je m'interdisais avant que je ne me rende compte que bien-être pouvait aussi rimer avec surpoids. Et miracle depuis que j'ai commencé à aimer mon corps et l'écouter, je perds petit à petit bien des kilos que la tonne de régimes draconiens qui me ruinaient la santé n'a pas réussi à déloger».
Et de continuer : «Ma vie de famille ne s'en porte que mieux et me vois de plus en plus belle aux yeux de mon mari et mes enfants plus gais de me voir bouger et partager leurs jeux». Ces femmes qui ne répondent pas particulièrement aux canons de beauté classique et qui se sentent à l'aise dans leur corps et vivent heureuses avec ce corps qu'elles ont et qu'elles sont ! «Ces femmes en paix avec leur corps peuvent enfin se permettre d'être désirantes et désirables, puisque l'image qu'elles ont d'elles-mêmes a cessé de les hanter ! Il s'agit donc de retrouver l'estime et l'amour de soi pour enfin être content(e) et satisfait(e) de son corps et de son image», conclut la psychothérapeute. Après tout ce qui compte, vraiment, c'est de réussir à se sentir belle et désirable, n'est-ce pas ? --------------------------------------------------------------------
Régimes : ne tombez pas dans le piège…
Et même parfois encore plus! Avec le recul, on est maintenant certain que parmi les multiples causes de l'obésité, la succession des régimes amaigrissants en est une et de taille. Pourquoi ? Nous sommes équipés depuis la nuit des temps pour résister à la famine. Lorsqu'il est privé, notre corps se met en veilleuse, dépense moins d'énergie. Après un régime amaigrissant, on remange comme avant puisque l'on n'a pas rectifié ses habitudes alimentaires. Parfois même plus pour compenser les frustrations. Que se passe-t-il alors ? On reprend non seulement le poids perdu, mais, au fil des années, des kilos supplémentaires qui s'accumulent. Car le corps, se souvenant qu'il a été privé, continue de dépenser moins de calories.
C'est ainsi que les régimes "minceur" conduisent à l'obésité. C'est leur grand danger. Et voilà où mène trop souvent le désir de maigrir vite. Retenons simplement ceci : si on veut perdre du poids, il ne s'agit pas de changer son alimentation radicalement pendant quelques semaines, de se frustrer, de se priver en comptant les jours à tenir, etc., et puis de retomber dans ses vieilles habitudes. Il s'agit de réapprendre à manger de manière équilibrée (même s'il y a réduction de calories au début de la phase amaigrissante), à prendre de nouvelles habitudes sur base des anciennes (donc pas de changement trop radical) de manière à ce que l'on puisse suivre cela à très long terme, voire même à vie, ce qui est la seule manière de perdre durablement du poids et de le maintenir à un niveau stable.