Spécial Marche verte

L'ANAED «Haitam» à votre écoute !

«Désormais, les élèves marocains ont la possibilité de parler de leurs problèmes et leurs préoccupations dans des centres d'écoute à des personnes spécialement formées pour les aider en cas de besoin.

13 Avril 2008 À 12:41

Ces centres sont implantés dans de nombreuses établissements scolaires», lance Saâdia Serghini, secrétaire générale de l'ANAED ( Association nationale d'aide à l'élève en difficulté «Haitam»). Cette dame bien connue du milieu associatif, affiche
un parcours pour le moins impressionnant.
Ancienne membre dans plusieurs associations féministes et enseignante de la philosophie, elle est la créatrice et coordinatrice, depuis quelques années déjà, d'un centre d'écoute destiné aux jeunes en situation difficile.
Pour venir en aide à ces derniers, l'ANAED propose, en effet, de les accompagner via un suivi psychologique et social.

«J'ai effectué plusieurs stages de formation dans le cadre de mon travail avec les associations féministes. Au cours d'un séjour en Allemagne, j'ai constaté que les responsables allemands pensent à aider les femmes en situation difficile mais également leurs enfants, alors j'ai décidé d'adopter la même approche en créant un centre d'écoute au profit des jeunes et des adolescents au Maroc. Plusieurs personnalités féminines m'ont soutenue dans cette entreprise», déclare S. Serghini.

En compagnie de plusieurs militantes associatives, elle lance le premier centre d'écoute en 2004 au lycée Ibn Al Haitam à Casablanca. Cet établissement comptait 2.700 élèves à l'époque. A l'issue d'une première année de travail, ces dames réalisent que le centre attire énormément d'élèves. Et c'est pour répondre à la demande croissante que l'ANAED a vu le jour en octobre 2005. «L'association a comblé le vide en créant un centre d'écoute. Je pense que ses membres jouent un rôle très important puisqu'ils proposent de nombreux services aux élèves dans une situation difficile.

Leurs activités ont permis d'aider de nombreux jeunes Marocains», témoigne Mohamed Wafir, responsable à l'annexe de l'Académie
régionale de l'enseignement à Casablanca.
Cette organisation nationale concentre principalement son activité à Casablanca. Néanmoins, ses membres ont réussi à créer plusieurs centres d'écoute dans différentes villes notamment à Marrakech et Azrou.

C'est un groupe pluridisciplinaire qui assure la réalisation des projets de l'association. L'équipe est composée de deux psychiatres et deux assistantes sociales ainsi que plusieurs spécialistes dans différents domaines. Par ailleurs, de nombreux bénévoles ont rejoint l'association.
Actuellement, cette dernière occupe des locaux octroyés par l'Académie régionale de l'enseignement et de la formation du Grand Casablanca. En effet, l'association a signé un partenariat avec cette Académie.
Cet accord a permis de former les enseignants des écoles publiques aux techniques d'écoute. Selon les responsables de l'association, plusieurs formations ont été organisées.

Au départ, les formations étaient destinées essentiellement au personnel dans les lycées. Mais les membres de l'ANAED, encouragés par le succès qui a marqué les premières expériences, ont décidé par la suite de les généraliser à tous les enseignants dans différents niveaux scolaires. Ainsi, des formations ont été initiées dans les lycées, les collègues et les écoles primaires.
Dirigés par les enseignants formés par l'association, plusieurs centres d'écoute sont actuellement opérationnels. «Les élèves des écoles qui n'abritent pas encore un centre d'écoute sont accueillis dans le siège de l'association qui fait également office d'un centre d'écoute.


En outre, les jeunes en situation difficile dont les complications nécessitent l'intervention d'un spécialiste, sont également orientés vers le centre de l'association au siège de l'annexe de l'Académie», affirme Samira, une bénévole, chargée de l'accueil des élèves. Tous les dossiers passent par cette jeune femme qui veille également à la bonne marche des consultations. Des médecins bénévoles assurent les examens médicaux qui se déroulent tous les mercredis.
Selon la nature du problème, une personne sera orientée vers l'un des spécialistes de l'ANAED. «On essaye d'apporter à tous les jeunes un soutien psychologique et social et également un soutien juridique», poursuit Samira.
Pour les responsables de l'association, les premières séances d'écoute revêtent une importance capitale car elles permettent de diagnostiquer chaque cas avant de l'orienter vers un médecin.

L'association investit également le terrain. Dans certains cas, les assistantes sociales interviennent directement auprès des familles ou de l'entourage de l'élève. Par ailleurs, les membres de l'association peuvent effectuer des visites dans les écoles pour tenter de trouver des solutions à certains problèmes des élèves.
«Vous savez, des élèves peuvent être renvoyés d'un établissement à cause de leurs comportements. Nous avons pu réintégrer de nombreux jeunes dans leurs écoles. D'ailleurs, l'un des principaux objectifs de notre partenariat avec l'académie est la lutte contre la déperdition scolaire», explique Saâdia.

Cette dernière affirme que de nombreux élèves ont pu reprendre leurs études grâce à l'intervention de l'association auprès des parties concernées. Certains élèves ont réussi à rattraper leur retard et ont eu de très bons résultats à l'école.
Le manque de communication au sein de la famille vient en pole position dans la liste des cas reçus par les militants de l'ANAED.
Le phénomène de l'absentéisme représente également une part non négligeable des dossiers traités. L'ANAED reçoit également des jeunes qui ont des problèmes d'addiction et ceux exploités par des réseaux de prostitution ou même des groupes extrémistes.

«Dans certains cas, ce sont les parents qui sollicitent l'intervention de l'association. Il arrive également que les enseignants signalent à cette dernière certains problèmes. Toutefois, des élèves se rendent de plus en plus dans les centres d'écoute», ajoute la secrétaire générale de l'association.
Les responsables tentent de répondre à toutes les sollicitations émanant des jeunes, notamment ceux qui ont de bons résultats à l'école.
Ils ciblaient au début les quartiers défavorisés mais ils mènent également des actions dans les écoles privées des quartiers huppés.

Aujourd'hui, l'ANAED compte un deuxième centre basé à Sidi Moumen grâce à l'appui de la Fondation Mohammed V et un troisième centre sera inauguré très prochainement à Casablanca afin de répondre à toutes les demandes et être plus proche des personnes qui ont besoin d'aide. «Je suis très satisfaite des réalisations de l'association. Notre objectif était d'améliorer les conditions à l'intérieur des écoles et mettre à la disposition des élèves des centres d'écoute. Quatre années après la création de l'association, des centres ont été implantés dans les écoles marocaines.

En outre, nous avons formé de nombreux enseignants dans les établissements scolaires», se réjouit Serghini. Même si les moyens restent très limités, la secrétaire générale de l'ANAED annonce déjà d'autres projets…toujours dans le but de venir en aide aux élèves en situation difficile.
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Ils ont fait confiance à l'ANAED…

Selon les responsables, l'association apporte également un soutien juridique. C'est le cas d'un jeune Casablancais dont l'identité ne sera pas divulguée. En effet, les membres de l'ANAED respectent l'anonymat des dossiers. Agé de 18 ans, il était un élève très brillant. Ses enseignants ont sollicité l'intervention de l'ANAED car ses résultas scolaires étaient en chute libre. Il avait également commencé à se replier sur lui-même. Il s'est avéré ensuite que ses parents avaient eu un différend avant sa naissance puis se sont séparés.

C'est ainsi qu'il a été élevé par ses grands- parents. Quand il est devenu adolescent, sa situation a commencé à lui poser problème. Selon Mme Serghini, l'association s'est mobilisée afin de l'aider en prenant contact avec ses parents. El ils ont réussi à réunir toute la famille après une séparation qui a duré plus de 18 ans. Ce jeune a pu donc terminer ses études.
Aujourd'hui, il est employé dans une société privée. Comme quoi, un centre d'écoute pour jeunes, peut résoudre, dans certains cas, les problèmes de toute une famille!
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Étape par étape

L'Association nationale d'aide à l'élève en difficulté "Haitam" a été créée en octobre 2005. Elle s'assigne comme principale mission de créer des centres d'écoute pour venir en aide aux enfants en situation difficile. Elle vise également à renforcer les capacités des élèves qui sont dans des situations difficiles aux niveaux scolaire, psychique, social et à contribuer à l'éradication de l'abandon scolaire.
Les responsables de l'ANAED se fixent comme objectif de faciliter la communication entre les élèves, les parents et les professeurs. Ils veillent également à ce que l'école joue son rôle éducatif.

L'association a réalisé des formations en faveur des enseignants et de certains membres de la société civile.
Des rencontres de sensibilisation en faveur du corps enseignant et des parents ont été organisées. Les responsables prévoient, dans l'avenir, d'initier des formations sur l'écoute et sensibilisation sur les sujets concernant les élèves, les professeurs et les parents.
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