Des minutes avant l'appel d'«Al-Maghrib » dans l'une des zones les plus actives de Casablanca. Benjdiya. C'est le vide qui règne.
LE MATIN
10 Septembre 2008
À 13:32
Alors que quelques moments avant, le lieu s'emplit de gens qui s'acquièrent des différentes nécessités. Des ruelles dépeuplées. Un silence tombal se propage dans les lieux. Dans la ruelle qui contient le marché de fruits et légumes, un modeste café attire l'attention. Et par le nombre de personnes qui s'attablent, et par l'atmosphère qui domine dans le coin. S'ils ne sont pas préoccupés par une pensée, les clients bafouillent, les traces de la fatigue sur le visage. «Le gagne-pain nous oblige à venir prendre le ftour ici pour revenir au travail tout de suite après», affirme l'un des clients. Pour ne pas perdre du temps et pour économiser de l'argent, ces ouvriers préfèrent manger dans ce petit restaurant. En effet, «hrira» pain à l'orge de l'huile d'olive et des œufs sont au menu. Chacun en prend à son besoin.
Cependant dès que le timbre du muezzin retentit, les jeunes chargés du service dépêchent d'y mettre les bols du hrira encore chaude sur les tables des habitués du restaurent. On les entend balbutier des «bismilah», certains se préparent pour la prière. Ce n'est qu'après avoir pris le premier bol de hrira et la première cigarette que le climat se détend entre ces hommes. C'est le temps d'échanger des phrases et d'entamer de petites discussions. L'une de ces personnes, dans la cinquantaine, enchaîne la phrase débutée par son collègue : «Jeûner le Ramadan n'a sûrement pas de sens, s'il n'est pas marqué par le ftour quotidien avec la famille». Il ajoute : «J'ai quatre enfants, j'habite Madyona et je ne peux pas prendre deux bus pour y rompre le jeûne et revenir.
De toute façon, le boulot m'attend, nous devons terminer le déchargement d'un camion». Sachant qu'ils ont commencé le travail à 9h du matin, ils ne doivent surtout pas manger à leur satiété pour ne pas ressentir le poids de la fatigue. Or cela n'empêche pas quelques rajouts imprévus : un deuxième bol de hrira, une autre tasse de thé. «Rien à faire, (il termine avec un sourire) puisque ce n'est qu'en mangeant que l'appétit revient», souligne l'un des deux serveurs du lieu. En effet, Amine et Alal veillent à ce que tout le monde soit satisfait ; ils ne doivent pas s'asseoir ou prendre leur repas. Le travail passe avant et exige de la patience «On a pris l'habitude, ce n'est qu'après le départ de tout le monde que nous pouvons manger», affirme Amine.
Petit à petit, des bruits interrompent ce silence. Des fidèles, terminant la prière, sortent de la mosquée. Des hommes descendent dans les rues de Darb Oumar. Des travailleurs commencent leur besogne. Ces derniers sont responsables du chargement et du déchargement des camions d'une multitude d'articles qui débarquent vers toutes les villes du Maroc. --------------------------------------------------------------
Rupture du jeûne
Le matin, la ville est des plus calmes. Restaurants, cafés et quelques commerces fermés offrent de l'espace dans les artères casablancais. Par contre l'après-midi, il est vivement déconseillé de circuler en voiture aux alentours de 17h à 18 h, soit juste avant le ftour. La rupture du jeûne approche et les nerfs sont tendus. En effet, les derniers retardataires sont des plus pressés pour rentrer au domicile familial. Ils n'hésitent pas à appuyer sur l'accélérateur quitte à griller quelques feux rouges au passage.