Fête du Trône 2006

Pour une gestion rationnelle de l'eau

Les ressources en eau dont le pays dispose font face à une forte pression suite à une demande qui résulte de la croissance de la population et des implications du développement économique.

10 Août 2008 À 12:39

Cette denrée rare est placée sous le signe de la rareté. Rareté accentuée par une inégalité géographique et une irrégularité temporelle importantes. La pluie "efficace" ne constitue qu'une faible part des précipitations totales, le taux d'évapotranspiration étant important. L'impact de la variabilité dans le temps des ressources en eau est plus durement ressenti au Sud qu'au Nord du Royaume. Par ailleurs, le Maroc est considéré comme l'un des pays les plus exposés aux effets négatifs des changements climatiques. Il est devenu en un siècle un pays semi-aride.

De surcroît, les ressources en eau limitées dont le pays dispose font face à une forte pression suite à une demande qui résulte de la croissance de la population et des implications du développement économique.
Ces données sont à nuancer puisque le pays dispose de 3.300 kilomètres de côtes, ce qui lui permet d'atténuer les insuffisances des ressources. Le Maroc est aussi riche de ses sources en eau de montagnes et n'a pas de conflit de frontières sur le partage des eaux comme beaucoup de pays puisque la totalité de ses rivières prennent source à l'intérieur du pays.

Dans son dernier discours de la fête du Trône, Sa Majesté le Roi a résumé la situation hydrique dans les termes suivants : « Le Maroc fait face aux défis liés à la gestion de la demande croissante en eau, au retour cyclique des périodes de sécheresse, à l'amenuisement des réserves des nappes phréatiques et au gaspillage inconsidéré de cette ressource vitale ». A cet égard, le Souverain a préconisé de poursuivre la mobilisation et le stockage des ressources hydriques disponibles, et l'extension de l'accès à l'eau potable, notamment en milieu rural. De même, il a appelé à une prise de conscience nationale du devoir civique de faire un usage économique de cette ressource naturelle.

Il s'agit aussi d'accroître la sécurité alimentaire grâce à l'extension de l'irrigation et de faire face aux nécessités du développement industriel.
En ce qui concerne justement l'autosuffisance agricole, une perspective de gestion des ressources en eau a été adoptée dès les années 1980. Vu les bienfaits de l'agriculture irriguée notamment son impact sur l'emploi, la lutte contre la pauvreté, la limitation de l'exode rural,…« la politique des barrages » est née. Le Maroc est alors cité par les organismes internationaux comme un modèle dans la gestion de l'eau.

La gestion de la demande a longuement été ignorée au profit du développement de l'offre. Elle n'est montée au créneau que lorsque les premières crises sont apparues, en raison de la croissance de la demande et de la sécheresse persistante des années 80-85. Le discours-programme prononcé par Sa Majesté le Roi à l'ouverture de la 9e session du conseil supérieur de l'eau et du climat en 2001 a dès lors annoncé les nouvelles lignes de la gestion de l'eau. « Le temps est donc venu pour nous de changer radicalement notre perception et notre attitude à l'égard de l'eau, à travers la gestion de la demande de cette ressource et la rationalisation de sa consommation ». Les préconisations royales viennent renforcer les dispositions de la loi 10-95. Celle-ci avait introduit une série de principes fondamentaux dont l'unicité de la ressource en eau, sa gestion intégrée et décentralisée par bassin versant, la participation des usagers, la maîtrise des gaspillages et l'économie de la ressource.

La création des agences de bassins est assurément la décision la plus originale de la nouvelle loi sur l'eau. Ces organismes viennent compléter l'architecture de l'organisation administrative de la gestion de l'eau qui manquait justement de catalyseur au niveau régional. Ils devront assurer d'abord la macro-gestion de l'eau, mais leur action va s'orienter aussi vers la promotion de son usage rationnel. Ces agences vont surtout permettre une véritable décentralisation de la gestion de l'eau impliquant toutes les parties prenantes.
Le conseil supérieur de l'eau et du climat assiste les agences de bassins dans leur mission. Ce conseil qui existe depuis 1981 est un forum permettant à tous les acteurs nationaux concernés par l'eau de débattre de la politique nationale et des orientations fondamentales en matière de gestion des ressources en eau.

Il est également chargé de formuler les orientations générales de la politique nationale en matière d'eau et de climat. La dernière édition de ce conseil date de 2003. Les avancées notables qu'a connues le secteur devront notamment être appuyées par une consolidation de l'investissement public. Ce dernier est d'autant plus justifié que l'ouverture de notre pays à l'économie mondiale se concrétise. En effet, le Maroc sera dans l'obligation de régulariser ses ressources en eau pour se rapprocher des conditions de ses concurrents et de soutenir un secteur qui tient son avenir en otage.
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Planification des ressources en eau

Le secteur hydraulique a fait un effort important en matière de planification régionale des ressources en eau à moyen et long termes. Ces actions sont poursuivies par l'établissement d'un plan national de l'eau. Ce plan s'articule autour de deux principaux axes, à savoir l'élaboration d'une stratégie nationale basée sur la consolidation des processus mis en œuvre par la loi 10-95 sur l'eau et l'adoption de plans d'action adaptés. De ce fait, plusieurs programmes sont nés. A commencer par le Projet de pérennité des ressources en eau du Maroc (PREM). Ce projet avait pour but la mise en place de sites de démonstration sur la prévention de la pollution de Oued Sebou, la conservation des sols dans un bassin versant du Nord, le traitement et la réutilisation des eaux usées dans de petites et moyennes communes de la province d'Agadir, la protection des ressources en eau dans les secteurs agricoles, urbains et industriels et l'encouragement de la participation du public aux actions environnementales.

Destiné au monde rural, le Programme d'approvisionnement groupé en eau potable des populations rurales (PAGER) a été adopté. Ce programme vise à porter le taux d'accès à l'eau potable qui était de 38% à 62% au terme du plan et à 80% à l'horizon 2008-2009. Le Programme d'amélioration de la grande irrigation (PAGI), quant à lui, s'inscrit dans le cadre des orientations stratégiques du développement agricole dans la perspective de l'an 2020. Il s'articule autour de deux principales composantes, à savoir l'amélioration des performances hydrauliques des systèmes d'irrigation et l'amélioration de la productivité.
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