«Le partage de l'espace routier: un enjeu de santé publique», tel était le thème d'un séminaire franco-marocain de prévention routière organisé par la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurances, en collaboration avec la Mutuelle assurances des commerçants et industriels de France «MACIF», mardi dernier à Casablanca.
LE MATIN
07 Mai 2008
À 12:43
Les organisateurs ont voulu à travers l'organisation de cette manifestation présenter aux différents intervenants marocains l'expérience française en matière de prévention routière et apporter par la même occasion une contribution à la politique de prévention engagée par les pouvoirs publics. «La situation dans le terrain, les moyens déployés et les chiffres concernant les accidents de la route peuvent changer d'un pays à un autre, mais la problématique reste toujours la même.
Le comportement des usagers de la route, les infrastructures et l'état des véhicules, ce sont là les principaux facteurs mis en cause. En France, malgré les progrès effectués, nous avons relevé une tendance à la dégradation puisque la considération des risques liés à des situations concrètes connaît clairement une baisse généralisée. Ainsi, l'utilisation des téléphones portables, les pneus usés ou la présence d'un clignotant défectueux peuvent causer un accident. Globalement, nous avons axé notre travail pour une meilleure sécurité sur trois éléments: le conducteur, le véhicule et l'environnement», a déclaré Gérard Goualc'h, directeur Prévention à la MACIF.
Environ 250 participants ont pris part à cet événement dont des experts français et marocains et des responsables de différents départements et organismes socioprofessionnels concernés par la prévention et la sécurité routière. Plusieurs thèmes ont été traités au cours de ce séminaire, notamment la sécurité routière en milieu urbain, la communication et l'éducation dans le domaine de la sécurité routière. Malgré les efforts consentis par les autorités marocaines, les chiffres concernant les accidents de la route au Maroc restent toujours alarmants. En effet, chaque année, on dénombre en moyenne 3.600 morts et plus de 15.000 blessés graves et handicapés à vie à cause de l'insécurité routière.
Sur le plan économique, le Maroc perd plus de 11 milliards de dirhams annuellement à cause de ces accidents, soit 2,5% du PIB. Le périmètre urbain connaît un grand nombre d'accidents de la circulation, notamment dans les grandes villes. C'est pour cette raison que le CNPAC avait entrepris de mener une étude relative à l'identification des points noirs dans la ville de Casablanca. En effet, les résultats de cette étude ont permis aux dirigeants du CNPAC ainsi qu'aux responsables au niveau de la métropole d'avoir une idée claire sur ces points noirs. Par ailleurs, le Comité vient d'achever une étude comportementale sur les attitudes des usagers de la route. «Le contexte général de cette étude est marqué par l'adoption du Plan stratégique intégré d'urgence de sécurité routière mais également par un positionnement nouveau du CNPAC qui va accorder une importance particulière à la sensibilisation.
La communication sur le comportement des usagers constitue, en effet, une composante principale du plan du comité. Il était donc nécessaire d'asseoir cette démarche nouvelle sur une base scientifique d'où la réalisation d'une telle étude. Nous pensons qu'elle est représentative de la société marocaine car elle a été menée sur un échantillon de 1.259 personnes dans 10 provinces du Royaume», a précisé Benaceur Boulaajoul, chef de la division Etudes au CNPAC. Depuis quelques années déjà, le Maroc a mis en place une stratégie globale de prévention routière qui vise à faire face à la hausse du nombre des accidents de la route et des tués et blessés graves. Cette stratégie se décline notamment en un Plan stratégique intégré d'urgence de sécurité routière (PSIU). La deuxième phase de ce plan pour la période 2008-2010 a été lancée par le gouvernement marocain quelques mois auparavant. Une importante enveloppe budgétaire, qui s'élève à 1 milliard DH, a été débloquée pour le financement des actions de ce plan.
Les responsables marocains affirment que l'application de la première phase du PSIU a eu des retombées positives sur la sécurité routière au Maroc. En effet, la période 2004-2007 a connu une diminution de 1,17% du nombre des tués. Ainsi, le nombre total des victimes des accidents de la route est passé de 10.822 à 10.695 personnes. Mais tous les observateurs s'accordent à dire que le pari sur l'amélioration de la sécurité routière ne peut être gagné que par l'unification des efforts de toutes les parties concernées. Toute politique de sécurité routière doit s'inscrire dans une vision à long terme, tout en prenant en considération les vrais dysfonctionnements qui entravent sa bonne marche. ---------------------------------------------
La sensibilisation des jeunes
Dans le cadre de la mise en œuvre d'un plan de communication globale accompagnant le Plan stratégique intégré d'urgence de sécurité routière 2008-2010, la CNPAC mènera, du 10 avril au 15 juin 2008 à Rabat, une action de sensibilisation en matière d'éducation en rapport avec la sécurité routière au profit des élèves des établissements scolaires privés. Cette campagne de grande envergure, qui touchera 30 écoles privées, couvrira également d'autres villes du Royaume, notamment Casablanca et Marrakech pendant la période allant du 1er octobre jusqu'à la fin décembre 2008.
Cette action de sensibilisation se concrétisera essentiellement par plusieurs moyens (théoriques, pratiques, audiovisuels, informatiques, de dessins) et par la distribution de plusieurs supports didactiques et d'outils ludiques imprimés et audiovisuels. Pour rappel, cette campagne est la concrétisation de la première phase de la convention de partenariat dans le domaine de la prévention et de la sécurité routière qui a été signée, le 15 février 2008, entre le CNPAC et TOTAL. Selon un responsable au CNPAC, il a été décidé de généraliser cette action pour toucher les écoles primaires publiques.