Spécial Marche verte

La cigarette, «ennemie» des solitaires

Toux, mauvaise haleine, relents de cendres froides, peau flapie, ras-le-bol de la dépendance, oui mais… On a toujours plein de «mauvaises/bonnes» raisons pour continuer à s'empoisonner.

27 Mai 2008 À 17:28

Pourtant, les faits sont là, incontournables autant qu'inquiétants. C'est à la fois mathématique et dramatique. Le nombre de fumeurs et des fumeuses a régulièrement augmenté chez nous au cours des dernières décennies. Résultat : la proportion des décès prématurés causés par le tabagisme (cancer du poumon, maladies cardiovasculaires, etc.) est en constante augmentation. Les femmes qui fument comme les hommes meurent comme les hommes.
«Il est évident que plus on fume plus on augmente ses risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des voies respiratoires, mais le simple fait de fumer régulièrement, même "peu" suffit à augmenter considérablement son risque. Le risque de maladies liées au tabac n'augmente pas de façon linéaire avec la quantité de tabac fumée», atteste Dr Abdessadek Najah, pneumologue. Toux et bronchite chronique sont souvent le lot des fumeurs. La raison ? «Fumer entrave une tâche essentielle de l'organisme: l'autonettoyage des bronches assuré par une sorte de système de tapis roulant.

Or, ce savant mécanisme est tout d'abord paralysé, puis détruit par la fumée du tabac. S'en suit une accumulation de mucus provoquée par les résidus de fumée. Ce qui a pour effet de rétrécir les plus petites voies respiratoires et de finir par les boucher. Résultat : les fumeurs toussent souvent de manière chronique pour tenter d'éliminer ces bouchons muqueux. L'accumulation de mucus devient aussi un terrain propice aux infections, elles-mêmes source d'inflammation. A moyen terme, on peut développer une bronchite chronique», explique le spécialiste. Selon des études internationales, le tabac diminue l'espérance de vie de 9 ans pour un individu de 30 ans fumant deux paquets par jour.
«Les chiffres à l'échelle mondiale sont formels : le tabac est responsable de 90-95% des cancers du poumon. Ce n'est pas un "simple" facteur de risque.

Il est également directement responsable de 40% des accidents cardiovasculaires chez les hommes et de 11% chez les femmes. On sait en général aussi que le tabac est également directement impliqué dans 50-70% des cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, 40% des cancers du pancréas, 30% des cancers de la vessie…», renchérit le docteur. Ce sont les 4 000 substances chimiques qui l'accompagnent dans la fumée de tabac qui sont dangereuses. Les goudrons sont les principaux responsables du développement de cancers.
Le tabagisme est aussi une cause de vieillissement prématuré à la fois pour les femmes et pour les hommes. «Les fumeurs ont plus de risques de présenter plus tôt des rides et des lignes sous les lèvres et les yeux, parce qu'ils «tirent» sur leurs cigarettes et essayent d'éviter la fumée qui irrite leurs yeux», explique-t-il.

Au moment de fonder une famille, les fumeurs se heurteront sans doute à des problèmes. «La conception prend plus de temps chez les fumeuses et elles ont deux fois plus de risque d'être stériles que les non-fumeuses. Les nouvelles ne sont pas plus encourageantes pour les couples qui ont des problèmes de fécondité et souhaitent recourir à la procréation médicale assistée : les taux de réussite sont moins élevés chez les femmes et les hommes fumeurs que chez les non-fumeurs», ajoute Dr Najah. El la liste est longue, le tabac nuit gravement à notre apparence, à notre santé et à nos relations avec les autres, on ne
cessera jamais de le dire. Une unique lueur d'espoir existe : arrêter de fumer. 20 minutes après avoir fumé la dernière cigarette, la fréquence cardiaque, la pression artérielle et la température du corps se normalisent avec l'élimination de la nicotine par l'organisme.

24 heures après, le taux de monoxyde de carbone du sang se stabilise à une valeur normale et la circulation sanguine s'améliore. Quelques jours après, la circulation artérielle des poumons redevient normale.
Quelques petites semaines plus tard, le souffle s'améliore nettement, les accès de toux s'espacent ou disparaissent et la respiration s'améliore sensiblement. «12 mois plus tard, les poumons sont à nouveau totalement fonctionnels, et le risque de maladies cardiaques a diminué de moitié. 5 ans plus tard, le risque de cancer de la bouche, de la gorge, de l'œsophage et de la vessie a diminué de moitié et de 5 à 10 ans plus tard, le risque de cancer des poumons a diminué et le risque d'infarctus devient équivalent à celui des personnes n'ayant jamais fumé», détaille le spécialiste. Sans oublier que chaque jour les dents deviennent plus blanches, la peau plus fraîche, et l'odeur désagréable des cheveux et des vêtements disparaît. Plus tôt vous arrêterez de fumer, et plus les risques et les désagréments diminueront.
Copyright Groupe le Matin © 2024