C'est devenu désormais un rendez-vous ramadanesque! La série policière "Al kadia" est de retour sur 2M.
LE MATIN
17 Septembre 2008
À 14:21
Pour cette troisième "saison", Noureddine Lakhmari a changé bien des choses. Pour commencer, les fidèles téléspectateurs ont été surpris par le "grand" changement celui du personnage principal. Ceux qui ont bien apprécié le jeu juste et intense de Noufissa Benchedida dans la peau de l'officier Zineb Hajjami doivent faire avec la nouvelle recrue: la jeune Meryem Raoui. Cette habituée des planches, fait là sa deuxième apparition sur le petit écran (après «Allo Canada») et endosse le costume de la jeune officier fraîchement recrutée Meryem Cherradi. Lourde tâche! Car il faut le reconnaître, Benchdida a bien marqué les esprits et a su donner à son personnage, assez original, une profondeur interpellante. Lakhmari nous a avoué auparavant qu'il a délibérément compliqué la psychologie de l'officier Hajjami pour donner corps à un personnage à dimensions.
«On ne veut pas voir un flic qui ne fait que courir. J'ai voulu donner une profondeur bien mesurée à mon personnage principal» explique-t-il. Dans cette nouvelle saison, on découvre que la talentueuse enquêtrice est partie accomplir une mission à Interpol. Les raisons de ce «départ» ? «Je pense que Noufissa a eu envie de faire autre chose et de tenter d'autres expériences. C'était son choix et je le respecte. D'ailleurs, nous avons laissé les portes ouvertes dans le scénario au cas où elle veut retrouver son personnage», nous confie le réalisateur. Conscient de l'épaisseur qu'il a donné à son personnage principal, Lakhmari a essayé de l'éclipser dans les règles de l'art. Ceci tout en essayant de palier au vide que peut causer sa disparition subite. Sa remplaçante, l'officier Meryem Charradi, serait également une femme de caractère.
Malgré son jeune âge et son manque d'expérience, elle fait preuve d'intelligence et de dextérité dès le premier épisode. Fraîche, entreprenante et nullement impressionnée, elle tape fort dès le début. Elle n'a pas de temps à perdre et elle le fait savoir explicitement. C'est également un personnage profond dont l'épaisseur psychologique est attendrissante. Toute jeune qu'elle est, Meryem mène en parallèle carrière et fonction de mère pour son frère handicapé. Lakhmari a été assez intelligent pour jouer sur la corde maternelle pour attirer la sympathie d'un téléspectateur qui n'est pas encore prêt au changement. D'ailleurs, la jeune actrice qui a roulé sa petite bosse sur les planches du théâtre et au cinéma a fait preuve de grande véhémence. S'imprégnant rapidement du rythme et de l'ambiance d'Al Kadia, elle s'en sort plutôt bien. Lakhmari ne dit pas le contraire : «Meryem Raoui est une actrice de talent. Elle a une belle présence et beaucoup de charisme» témoigne-t-il.
Dans sa tâche, Meriem serait soutenue par son commissaire (Mehdi Ouazzani) et ses collègues: Hamid (Mansour Badri)et Samia (Hanane Zouhdi). Dans les nouveaux épisodes, nous retrouvons les aventures de cette équipe de police scientifique. Chaperonnés par un commissaire au regard glacial, les trois flics vont livrer une chasse sans merci aux criminels avec au menu plein de rebondissements. Fidèle à la structure de sa série fétiche "Les experts", Lakhmari nous sert une intrigue à doubles volets. Deux enquêtes menées en parallèle par les membres de l'équipe et qui emmène le téléspectateur dans deux univers "criminels" distincts. Lakhmari, qui ne cache pas sa passion bien assumée pour les productions américaines, avoue que: "Avec ce que j'ai comme moyens, j'ai voulu faire un travail aussi bon que "Les experts".Mettant à profit son expérience cinématographique, le réalisateur a essayé de l'adapter au petit écran. Si le rendu est appréciable, d'aucuns lui reprochent toutefois d'en faire un peu trop côté technique.
Certains téléspectateurs ne sont pas habitués aux mouvements prononcés d'une caméra trop sensible. Le rythme et le montage, assez complexe, sont également pointés du doigt. «Je reconnais que la technique est très présente. Je crois que beaucoup de gens comparent Al Kadia aux productions américaines et c'est un peu injuste. Car nous n'avons pas les mêmes moyens, même si on essaie de faire de notre mieux», répond Lakhmari à ces reproches tout en promettant des changements prochains. Mais enfin de compte, il va falloir reconnaître que malgré ces remarques, "Al Kadia" réussit ce que plusieurs productions marocaines n'arrivent pas à réaliser: Attirer et surtout fidéliser le public et ceci même à intervalle d'un an. C'est un exploit en soi qu'on se doit de saluer!