Ces séries turques qui rendent les femmes accros !
Mohanad et Nour, cela vous dit quelque chose ? Qui parmi vous n'en a pas entendu parler ces derniers temps ?
LE MATIN
21 Septembre 2008
À 14:48
Depuis quelques mois déjà, le phénomène fait des ravages, non seulement dans notre pays, mais dans presque tous les pays arabes. Pour ceux qui ne le connaissent pas (quoique cela étonne), il s'agit d'une série télévisée turque «Nour», doublée en arabe et diffusée sur la chaîne satellitaire MBC.
Il faut croire que dans les pays arabes, les acteurs sont devenus de véritables icônes. Rassurez-vous, nous n'allons tout de même pas vous relater le synopsis du film, ni son «happy-end», mais plutôt chercher à comprendre l'engouement des femmes, téléphiles ou non, pour cette série qui n'a rien d'extraordinaire. À vrai dire, on n'avait encore jamais vu cela depuis le phénomène des séries mexicaines qui avaient envahi les petits écrans aux débuts des années 90.
A l'époque, les spécialistes avaient avancé que c'est une première, et que c'est normal que ces séries fassent leur effet. Mais à présent, en plein 21e siècle, ce genre de fictions enfante toujours des adeptes, surtout auprès de la gent
féminine.
S'agit-il seulement d'un manque d'activités ou d'une vraie addiction ? Surtout si on sait que des employées font l'impossible pour se retrouver devant leur écran à l'heure de la diffusion.
Selon le professeur Abdelkarim Belhaj, psychosociologue, les femmes sont connues pour leur côté romantique qu'elles cherchent à expérimenter et à ressentir dans différentes situations, notamment au niveau de la consommation audiovisuelle et de l'appréciation des produits qui ont trait à la stimulation de leurs sens.
Cela peut concerner des chansons, des films ou encore des feuilletons. «Le fait que les femmes manifestent un grand intérêt pour les séries turques ou mexicaines jusqu'à en devenir des fanatiques n'est pas nouveau, puisqu'elles ont déjà vécu la même expérience avec les séries arabes, notamment égyptiennes.
Seulement, en tant que téléspectatrices, elles ont été lassées à cause de la monotonie et de la répétition des histoires, jusqu'à leur rappeler une réalité analogue à la leur», explique Belhaj.
Il poursuit : «De ce fait, la fiction a perdu son sens et ne stimule plus les sensations de la gent féminine, leurs imaginaires ou leurs fantasmes. C'est ce qui a été capté par les autres séries, notamment turques. Ces dernières ont déclenché un véritable raz-de-marée.
Car ces productions ont pu composer entre la fiction et les personnages qui en sont les acteurs. Une mixtion nécessaire pour créer une certaine emprise émotionnelle, voire passionnelle».
Ajoutant à cela que les nouvelles séries en question sont le produit d'une culture et d'une histoire socioculturelle qui a beaucoup d'éléments communs avec celles des téléspectateurs, mais avec une touche d'exotisme.
Ainsi, selon le spécialiste, les femmes ne croient pas «bêtement» à de telles imaginations, mais elles sont entraînées par leurs sensations à la réception de fictions dans lesquelles se joignent le récit d'une vie et la stimulation enclenchée par les acteurs de ce récit, aussi l'appréciation d'une beauté que ces séries manipulent avec une technique particulière (le cas de Mohanad en témoigne).
«Je suis cette série parce que l'acteur principal est très idéal. Nous rêvons toutes d'un mari comme Mohanad qui saura nous dorloter et prendre soin de nous.
Honnêtement, nous n'avons pas l'habitude de vivre le romantisme de cette manière. En plus, cette série relate une histoire très romantique, mais d'une façon qui entre dans notre contexte social. C'est une série qui montre un mode de vie occidental, mais où l'on trouve également des valeurs arabes et musulmanes», témoigne Fadila, une jeune téléactrice adepte de la série «Nour». Ainsi, tout comme les autres jeunes filles de son quartier, Fadila est accro à cette série. Impossible de la trouver loin de son écran à 20h.
On vous l'a dit : C'est un vrai phénomène social.
Toutefois, concernant cet aspect, Belhaj développe de nouvelles explications. «Les aspects psychologiques et sociaux qu'il y a lieu d'apprécier dans ce cas de figure, sont multiples. Certains ont trait aux identifications auxquelles les femmes s'adonnent en regardant ces séries. Des identifications qui vont des manières de créer des vedettes (leurs habits, coupe de cheveux, maquillages…) jusqu'à la façon d'entretenir les rapports amoureux et sociaux.
En effet, ces séries offrent un champ dans lequel sont animées les projections inconscientes et les fantasmes, voire les désires à l'encontre des modèles idéaux représentés par les acteurs principaux», explique le professeur Belhaj.
Il va sans dire que ce genre de fiction exerce une certaine attraction psychologique chez les femmes et en particulier chez les jeunes et les adolescentes, voire même les petites filles qui se mettent au diapason des mères. Il crée aussi de nouvelles attentes chez ces dernières quant à leur entreprise des relations et des échanges interpersonnels.
Jusque-là tout paraît «normal», mais parfois, les comportements égénèrent. «Combien de fois on a entendu parler d'un couple qui a divorcé ou d'un mari qui a battu sa femme parce qu'il est jaloux du héros de la série.
Personnellement, je trouve cela inconcevable. Pourtant, ça arrive», annonce Fadila.
«Ces conséquences sont observées suite à l'asservissement à ces séries ainsi qu'à la mode et à l'exaltation qui en découlent. Certaines familles se sentent menacées d'un péril socio-affectif.
Aussi, des maris jugent ces séries comme facteur d'inquiétudes et source de soucis», conclut le psychosociologue.
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Addiction planétaire
Il était un temps où toute la famille attendait le grand film du dimanche soir religieusement. Aujourd'hui, les longs métrages perdent de leur attrait et se voient couper l'herbe sous le pied par des séries toutes mieux ficelées les unes que les autres. Pour certains téléspectateurs, l'addiction n'est pas loin: quand leur série fétiche passe à la télé, impossible de les déloger du petit écran !
De saison en saison, on s'attache aux personnages et on suit leurs malheurs ou leurs bonheurs comme si notre vie en dépendait !
Cet étrange phénomène touche aujourd'hui toutes les franges de la population: des Feux de l'amour pour le troisième âge aux Experts en soirée pour les quadras, en passant par les Urgences. Passé l'effet de surprise et les grands pics d'audience des reality-shows, les téléspectateurs reviennent à plus de raisonnables ! Ils veulent de vraies histoires romantiques, de l'action bien pensée, du suspens soutenu, une émotion accessible...
Autant d'ingrédients qui ont pendant longtemps inspiré les réalisateurs de longs métrages !
Source : pipelette.com
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Sondage et chiffres
Le groupe MBC a enregistré un taux record des téléspectateurs des séries turques diffusées sur ses chaînes MBC1
et MBC4. Quelque 85 millions de téléspectateurs dans le monde arabe ont regardé la fin heureuse de «Mohanad» et «Nour» sur MBC4, et 67 millions ont suivi la seconde série «Ihlamurlar altinda» (Lamiss) jusqu'au dernier épisode.
Selon un communiqué de la chaîne, ces téléspectateurs ont rêvé et pleuré
avec les héros et n'ont raté aucun épisode de ces séries pleines de beauté, romantisme, loyauté et sacrifice. Le rideau est tombé sur les deux derniers épisodes de la série «Gumus» (Noor en Arabe) sur MBC4 et «Ihlamurlar altinda» sur MBC1 pour livrer passage aux études et sondages. Selon, Mazen Hayek, directeur marketing du Groupe MBC, le nombre des téléspectateurs qui ont regardé le dernier épisode de la série «Noor» sur MBC 4 a atteint 85 millions téléspectateurs dans la région MENA. Ces téléspectateurs, des deux sexes, ont tous plus de 15 ans. Ils comptent 50 millions téléspectatrices, l'équivalent de plus de la moitié du nombre des femmes adultes dans le monde arabe.
Aussi, concernant le nombre des téléspectateurs qui ont suivi le dernier épisode du feuilleton «Ihlamurlar altinda» sur MBC1, le sondage s'est arrêté à 67 millions téléspectateurs. 39 millions d'entre eux étaient de sexe féminin, identique à 1/3 des femmes adultes dans le monde arabe, et 28 millions des adultes masculins.
Il est à noter que ce sondage, effectué par la compagnie internationale «Ipsos» des études spécialisées en marketing, est basé sur les réponses d'environ 2.850 personnes sondées dans 9 marchés arabes principaux appartenant aux pays du Golfe, Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, ainsi que des estimations détaillées dans d'autres pays