L'humain au centre de l'action future

«Les hirondelles reviennent toujours »... Pathétique !

Atmosphère oppressante, ambiance pesante, le film de Narjiss Nejjar démarre et se termine sur une même note, celle de l'ennui. De quoi déprimer le plus heureux des téléspectateurs.

01 Octobre 2008 À 15:06

Comme pour faire durer le supplice du public, «Les hirondelles reviennent toujours» a été diffusé sur deux parties. Ceux qui ont suivi la première partie ont dû s'en contenter, alors que ceux qui ont été contraints de rester bien au chaud chez eux, mauvais temps oblige, ont du se coltiner la fin du « chef-d'œuvre» et passer «un mauvais quart d'heure» en compagnie de la famille de l'avocat et riche propriétaire terrien qui, en despote, a empêché sa fille de convoler en justes noces avec son Jules qui se trouve être son écuyer. Haras, domaine somptueux, chevaux, histoire à la guimauve… tout sent les sopas à la mexicaine, avec en prime une fable vue et revue. C'est donc, dans une lenteur et une platitude assommantes, que les scènes défilent sans que rien ne se passe. Dans la belle demeure du patriarche, les personnages, telles des statuts de marbre se meuvent comme des automates. Les moments de silence se multiplient sans raison aucune. Le spectateur finit par attraper le cafard et mourir d'ennui.

Et l'on se demande pourquoi Narjiss Nejjar nous a fourgué cette histoire vide de sens. Si c'est pour nous dire encore une fois, et de la même manière que tous ses prédécesseurs, que le monde des riches et celui des pauvres ne sont pas faits pour se rencontrer, merci c'est une réalité que l'on ne connaît que trop bien. Un peu d'imagination et d'authenticité auraient sauvé, du chaos, cette fiction qui ressemble à toutes les autres portant la marque de fabrique de la réalisatrice et qui, en fin de compte, ne ressemble à rien. Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire du film «Hirondelles reviennent toujours», Hafsa, l'héroïne, a épousé son écuyer que son père a mis en prison. De cette union est né un fils dont elle ignore le destin. Ce même destin fait que sa deuxième fille décide de se marier avec…. Son frère qu'elle n'a jamais connu. Ce n'est qu'au moment de se marier que la maman aperçoit un tatouage sur le bras du jeune homme qu'elle reconnaît.

Réaction de la maman? Suspense ? Rien. Face à ce double choc (elle retrouve l'enfant qu'elle cherche depuis plus de 20 ans et découvre que sa fille est sur le point d'épouser son propre frère), Hafsa (Asmaa Khamlichi) reste de marbre à l'exception de ce fameux regard qu'on lui connaît. Pour camoufler cette action flottante, cette interprétation titubante et cette réalisation incertaine, c'est la musique qui prend le dessus et se charge de tout véhiculer face à la faillite des acteurs. Au milieu de cette œuvre qui ne ressemble à rien, la notion du temps n'obéit à aucune logique. Le désordre temporel jette le spectateur dans un amas de vide et accentue son désarroi. A ces failles dans l'écriture du scénario s'ajoute une carence des dialogues. Les mots que met la scénariste dans la bouche des personnages ne leur correspondent pas.

Fidèle à sa spécialité, qui est de dépeindre une certaine couche de la société marocaine, la réalisatrice ne parait rien connaître du reste de la société et encore moins des couches démunies. Quand on voit ses films, on pense indubitablement que le mot « fatuité » a été inventé pour les qualifier. Par ailleurs, cette dame ne sait décidément pas conclure. La fin tarde à arriver et quant c'est la délivrance, elle est ratée. En guise de conclusion, Anis, seul homme que Hafsa ait toujours aimé va sur la tombe du père «despote» (qui s'est suicidé quand il prend conscience de sa monstruosité) et ne trouve rien de mieux à dire que ces quelques mots : «Il est mort après avoir enterré 20 ans de ma vie». Au même moment, les oiseaux s'envolent comme pour justifier le titre du film. Est-ce par paresse que Narjiss laisse la fin ouverte ? Ou peut-être qu'elle s'est perdue au milieu d'une action qu'elle a eu du mal à démêler. C'est trop demander au téléspectateur de deviner la fin, de combler les lacunes du film … Car il ne s'agit pas d'ellipse mais bien de lacunes et de défaillances dans le scénario. Le résultat est pathétique.
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Synopsis du film

«Les hirondelles reviennent toujours » raconte une histoire qui se déroule au milieu d'un vaste domaine devenu haras où trône une somptueuse demeure et où vit un éminent avocat, riche propriétaire terrien, passionné de chevaux et de compétitions équestres. Ses deux filles, Hafsa et Samia, partagent le quotidien de leur père, veuf esseulé et autoritaire. Hafsa, belle ténébreuse, contrainte de suivre le sillon tracé par son père, exerce son métier d'avocate au barreau avec un manque d'entrain manifeste. Samia, blonde, désuète et talentueuse, se rêve star de la chanson. Anis, un jeune homme qui a abandonné ses études de médecine à la mort de ses parents, obtient une place d'écuyer dans le domaine. Sa rencontre ave Hafsa se fera difficilement pour se transformer peu à peu en un sentiment indicible, interdit et réprouvé par le père…
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