«Le cosleeping, une réélle intimité»
Explications : DR Loubna Belmajdoubi, psychologue
LE MATIN
03 Janvier 2008
À 15:36
Comment analysez-vous les avantages du «cododo» ?
C'est une communication directe qui s'établit en court-circuitant notre cerveau et reliant directement les inconscients entre eux. La mère peut alors rassurer son enfant d'une caresse, d'un murmure, en lui prenant la main ou par sa simple présence et le souffle régulier de sa respiration. Dormir ensemble, ce n'est pas seulement sommeiller ensemble. C'est aussi se serrer l'un contre l'autre, se toucher, se sentir. C'est laisser sa personnalité intime s'exprimer dans un abandon total. Souvent les bébés auront des mouvements instinctifs d'agrippement, de recherche de contact vers leur mère. Celle-ci ressentira une grande joie à sentir ainsi tout l'attachement profond de son bébé pour elle. Elle y répondra elle-même par des mouvements «réflexes», et cette communication très primitive aura une répercussion sur leur relation.
Quelle relation existe-t-elle entre le «cododo» et la proximité affective ?
Dormir avec son bébé, c'est partager des moments d'une grande intimité. Il est possible d'observer ses mouvements quand il dort, de surveiller sa respiration, d'entendre ses moindres murmures. Dormir ensemble permet à la mère et à l'enfant d'approfondir leur connaissance l'un de l'autre, particulièrement dans le champ du non conscient. Tant il est vrai que si l'éveil se place sous le signe de la volonté, le domaine du sommeil est celui de l'inconscient.
Comment peut-on préserver la cohésion du couple ?
Plusieurs parents se posent la même question lorsqu'ils se retrouvent avec un enfant qui squatte, de leur plein gré, leur nid conjugal. Le seul conseil que je donnerais c'est de commencer par mettre le lit du petit, loin de celui des parents. C'est vrai que c'est pas pareil, lorsqu'il est presque collé à celui des adultes, mais il faut le faire. Ce n'est quand même pas la mer à boire puisque l'enfant reste dans la même chambre parentale!
Pensez-vous qu'il existe des risques au niveau de cette pratique ?
Le risque qui est souvent mis en avant est le danger d'asphyxier le bébé, soit par recouvrement par le partenaire, soit par glissement et coincement du bébé entre des parties de la literie. Les lits d'adulte sont parfois hauts et le risque de chute doit être pris en considération. Là encore, comme toujours, les chercheurs sont loin d'avoir toutes les informations sur les morts des bébés qui dormaient avec les parents: avec qui dormait le bébé? Sur quel type de couchage (lit, canapé, fauteuil)? Le partenaire avait-il consommé des médicaments genre des somnifères? Or tous ces éléments permettent souvent d'expliquer les drames. Il est tout à fait possible de prévenir les parents de certains risques, et cela s'avèrera bien plus efficace qu'une interdiction.