Fête du Trône 2006

La dissension entre l'Istiqlal et l'USFP devant la justice

27 Avril 2009 À 17:44

Le torchon brûle entre l'Union socialiste des forces populaires (USFP) et le parti de l'Istiqlal (PI). Les deux membres de la coalition gouvernementale risquent de se retrouver, en tant qu'adversaires, devant la justice. Cette situation d'hostilité entre les deux plus anciens partis politiques marocains est le résultat des déclarations du secrétaire général du syndicat affilié au parti de l'Istiqlal, Hamid Chabat (maire de Fès qui fait également partie du comité exécutif de l'Istiqlal).

Ce dernier avait lancé des propos accusant le leader socialiste, Mehdi Benbarka, de « tueur ». Il l'a accusé d'être « le responsable des liquidations et des évènements tragiques qui avaient eu lieu au Rif, à Souk Larbaâ et dans d'autres régions du pays ». Ces accusations ont ajouté de la profondeur au fossé qui sépare les deux « frères ennemis ». Car, au lendemain de la grève des transporteurs, des istiqlaliens avaient accusé les usfpéiestes d'être derrière cette grève. Juste après, Hamid Chabat est monté au créneau pour apostropher l'USFP « en qualifiant de manière désagréable », l'un de ses leaders, Mehdi Benbarka, de tueur.

Il s'est dit même être prêt à aller devant la justice pour « apporter des éclaircissement à une partie cachée de l'Histoire marocaine devant la justice ». Justement, l'affaire est aujourd'hui devant la justice. La Chabiba Ittihadia (jeunesse de l'USFP) a intenté, le vendredi 24 avril, une action en justice, devant le tribunal de première instance de Rabat, contre l'istiqlalien Hamid Chabat. Me Mohamed Fartat, du barreau de Rabat, a introduit une action contre Chabat pour diffamation au nom de la Chabiba. Dans une longue plaidoirie, il a expliqué l'historique de Mehdi Benbarka, ses principes, ses positions… Il a également cité les propos de H. Chabat sur les différents journaux et durant une conférence de presse qu'il avait organisée le 14 avril dernier. Il a demandé à la cour de condamner Chabat pour diffamation et de verser au plaignant un dédommagement d'une valeur d'un dirham symbolique.

Les choses ne s'arrêtent pas là. La Chabiba prévoit tout un programme de protestation contre le maire de Fès. Le premier élément de ce programme est une marche dont l'appellation est très significative. Selon Hanane Rihab, membre du bureau national de Chabiba, il s'agit de « massirat rabie al ghadab » (marche du printemps de la colère).

Cette marche est prévue pour demain. Les participants, des membres de la jeunesse de l'USFP, des membres du parti… marcheront du siège de la Chabiba, se trouvant dans le quartier Agdal, vers le siège du Conseil consultatif des droits de l'Homme (CCDH). Les usfépéiestes saisissent ces circonstances qui les opposent à l'Istiqlal pour demander que la vérité sur le destin de Mehdi Benbarka soit dévoilée. De même, il est prévu une conférence de presse sur la position des jeunes de l'USFP sur l'affaire Benbarka face aux déclarations de Chabat.

Localement, ils prévoient des manifestations dans différentes villes, Marrakech, Agadir… Ce sont donc les jeunes du parti qui prennent la défense de Mehdi Benbarka contre les propos de Hamid Chabat. En effet, l'USFP n'a rédigé aucun communiqué officiel où il exprime sa position vis-à-vis des propos du maire de Fès. « Ce n'est pas par manque d'intérêt, au contraire, c'est parce que le parti estime qu'il est plus grand que de se mettre au bas niveau que celui-ci (H. Chabat).

Par contre, nous, membres de Chabiba, tout en respectant la position du parti, nous avons décidé d'intenter une action contre lui et de faire tout un programme de protestation », nous affirme Hanane Rihab.

Ainsi, cette action en justice est annoncée pour démentir les informations qui laissaient entendre que les dirigeants des deux partis (UFP et PI) se sont réunis et ont décidé d'enterrer la hache de guerre. Ce qui le dément également, c'est l'intervention de Mohamed El Yazghi lors du dernier conseil de gouvernement, pour défendre l'Histoire de Mehdi Benbarka. Selon des membres proches de la direction de l'USFP, l'entretien qu'il y avait eu entre le secrétaire général de l'Istiqlal et le premier secrétaire de l'USFP n'avait pas pour but de normaliser leur relation.

Leur rencontre avait pour but de remettre les propositions de l'Istiqlal, au sujet de la réforme de la justice, à Abdelouahed Radi, qui est en même temps ministre de la Justice. Malheureusement, du côté du parti de l'Istiqlal, des dirigeants n'ont pas voulu faire de commentaires sur cette affaire. Le responsable de la communication au parti, reste, lui, injoignable.
Ce bras de fer entre les deux partis annonce donc que la compétition électorale sera rude entre eux. Particulièrement à Fès.
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