Fête du Trône 2006

La RAM apportera un concours actif à la nouvelle compagnie aérienne du Sénégal

Au Xe étage d'un immeuble situé au cœur de Dakar-signe prémonitoire- au 42 boulevard Mohammed V, dans un décor où la sobriété le dispute à l'agitation, les membres de la délégation de Royal Air Maroc et les fonctionnaires du ministère sénégalais de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire et des Transports aériens s'impatientent.

31 Mai 2009 À 15:41

Cela fait des heures que nous attendions, guettant la sortie du ministre d'Etat, Karim Wade, et de Driss Benhima, président de la RAM, et de Abderrafih Zouiten qui mettaient la dernière main à l'accord de règlement du contentieux Royal Air Maroc et l'Etat du Sénégal à propos de Air Sénégal International. Leur apparition à la salle de réunion, pour être attendue n'en était pas moins surprenante, parce qu'elle a immédiatement pris une autre allure, un autre ton.

Les visages rigides que l'on soupçonnait, que l'on redoutait et imaginait raidis, ou crispés ont cédé la place à une cérémoniale conviviale. Sourire affiché, accolades et langage feutré, une manière d'entregent qui enterre ce que d'aucuns se sont précipités à qualifier de « hache de guerre ». Une volubilité et des égards en revanche qui rompent avec la tension ayant marqué de rudes négociations lancées le 26 février dernier, non sans nourrir par moments une sorte d'acrimonie qui, l'impatience aidant, a fini même par menacer les relations pérennes entre les deux pays. Négociations laborieuses, avec un tempo spécifique, tendu et tenu à bras-le-corps. Face à un Etat, ses hommes et ses structures, le tandem marocain, composé de Driss Benhima et de Abderrafih Zouiten, flanqués de quelques précieux collaborateurs, aura donc tenu le rythme des mois durant, entre Dakar et Paris.

La salle de réunion s'est ainsi transformée en un espace de convivialité à toute épreuve. Karim Wade, costume bleu clair, un brin détendu, l'allure mieux assurée, est un ministre d'Etat à l'image de la situation et Driss Benhima, tout à sa joie de finaliser non seulement l'accord de retrait de sa compagnie, mais d'apporter son concours à la création d'une autre, ne se laisse pas emporter par la jubilation intérieure. Sa retenue est submergée par l'émotion.

Ainsi s'achevait un chapitre, plus ou moins houleux, de Air Sénégal International. Ainsi a commencé à s'écrire une autre épopée pour la même compagnie sous d'autres emblèmes, avec d'autres actionnaires et surtout avec une symbolique nouvelle : la souveraineté. Dans son allocution, Driss Benhima aura souligné cette dimension plus d'une fois. « On met fin au partenariat qui nous a liés depuis huit ans, mais nous vous apportons l'aide nécessaire pour la création de votre propre compagnie » ! C'est en quelque sorte la substance de l'accord, c'est également le contenu du message adressé à l'opinion publique et à tous ceux qui se sont de près ou de loin intéressé à cette affaire. Or, avant que la compagnie défunte ne soit définitivement rayée des annales bilatérales, un certain nombre de mesures ont été prises, notamment la prise en charge du statut et de la situation sociale des 500 employés de l'ASI.

Les deux parties se sont employées à mettre en œuvre un dispositif dont le moins que l'on puisse dire est qu'il est plus ou moins correct. La RAM prend en charge les salaires de ce mois et le passif social de l'ensemble du personnel d'ASI, la juste et prompte indemnisation des salariés, enfin le redéploiement de son personnel au sein des sociétés existantes opérant sur la plateforme aéroportuaire de Dakar « et ou de la RAM et de la nouvelle compagnie sénégalaise ».

Une nouvelle compagnie verra le jour, sous les auspices de l'Etat sénégalais avec le soutien technique, opérationnel et commercial de Royal Air Maroc. Son capital sera détenu entièrement par les Sénégalais, privés ou publics ou les deux à la fois. Toutes les dispositions seront prises dans l'immédiat pour que Royal Air Maroc finalise son engagement d'un « concours actif ». Il donnera une nouvelle mesure à une coopération que les uns et les autres veulent nouvelle, inédite et surtout fructueuse.

Aussi bien devant le président de la République du Sénégal que devant le Premier ministre, Souleymane Ndené Ndyae, Driss Benhima aura tenu à renouveler sa volonté d'apporter le précieux concours de sa compagnie et, au-delà, de s'inscrire dans la dynamique des relations traditionnelles et séculaires entre le Maroc et le Sénégal et que l'amitié entre les deux chefs d'Etat pérennisent.  « L'accord est derrière nous » ! Ce n'est pas un euphémisme, mais le propos traduit l'étape ultime à laquelle les deux parties sont parvenues, ouvre également une autre étape, des perspectives inédites de coopération, de croissance et de développement. Karim Wade, dans son allocution devant Driss Benhima, mais aussi devant la presse et le soir au journal télévisé, ne s'est pas fait faute de saluer la « conclusion de cet accord qui consacre la poursuite du partenariat entre l'Etat du Sénégal et la RAM pour la mise en place d'une nouvelle compagnie aérienne ».
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