Pas de répit pour les banques marocaines. Après la mise en œuvre de l'approche standard, elles s'attaquent, quoique timidement, à la notation interne de Bâle II.
LE MATIN
23 Février 2009
À 15:20
Une approche qui «coûtera 185 millions de dirhams aux banques marocaines d'ici 2011», a évalué le cabinet de conseil en management et en stratégie opérationnelle, Sia Conseil, dans une étude réalisée au cours du dernier trimestre 2008. Ce coût, lit-on dans l'étude, est une estimation complète des charges pour l'ensemble des établissements marocains, incluant l'avancement de la constitution des historiques de données et la prise en compte des activités des filiales. Toute implication de ressources est comptabilisée dans cette évaluation. Par contre, le recours à des ressources externes est à la discrétion de chaque établissement bancaire et ne peut être pris en compte à son coût réel. Pour rappel, «la déclinaison de la réforme Bâle II au Maroc, telle que définie par le régulateur, respecte un planning de mise en oeuvre différent de celui établi par la Commission Bancaire en France».
En effet, dans un souci d'homogénéité et de performance des établissements financiers, «le régulateur marocain a choisi d'imposer dans un premier temps l'application seule de l'approche standard de la réforme, puis lors d'une seconde phase, la mise en oeuvre des approches Notations Internes». Les études d'impact relatives à la mise en place de ces méthodes (QIS : Quantification Impact Studies) ont été initiées en janvier 2009 avec les banques de la place marocaine afin de valider les conséquences de la réforme et le planning de mise en œuvre. De plus, Le ratio de solvabilité fixé par le régulateur marocain à 10% actuellement va évoluer avec une prévision d'un passage à 12% fin 2010. L'approche Notations Internes de la réforme Bâle II doit permettre un calcul des fonds propres adapté au profil de risque de chaque établissement. L'évolution par rapport à la méthode standard concerne donc la sophistication de mesure des fonds propres nécessaires à la couverture du risque de crédit, du risque de marché et du risque opérationnel, laquelle va se répercuter sur les processus pratiques d'octroi des engagements par les banques. Le principal pré-requis à l'élaboration des modèles internes est «la mise à disposition d'historiques de données suffisamment fiables pour chacun des risques traités.
La profondeur d'historique nécessaire est variable en fonction du portefeuille clientèle et du type de paramètre modélisé ». Procédant ainsi, les établissements bancaires marocains vont bénéficier du retour d'expérience de l'ensemble des acteurs européens ayant récemment travaillé sur ces aspects, en Europe notamment. Cela se traduit aussi bien en termes de compétences humaines que d'outils informatiques. En observant la charge de travail restante à fin 2008 pour la majorité des établissements, le cabinet trouve qu'un atterrissage des différents projets est plus probable à fin 2011. En effet, «à ce jour, les établissements bancaires marocains ont tous, à minima, démarré une réflexion sur la mise en œuvre de la méthode Notations Internes de la réforme», fait-on savoir auprès du cabinet de conseil. Toutefois, précise-t-il, l'état d'avancement est très disparate, notamment sur les aspects de mise à disposition des historiques de données et d'analyses statistiques.
Certains établissements appartenant à des groupes bancaires européens bénéficient de la mise en place de ces approches dans leur maison-mère et donc de leur obligation depuis plusieurs années de remonter des données et de constituer des historiques. Par ailleurs, la prise en compte du périmètre complet incluant les filiales va nécessiter un effort de consolidation des engagements de chaque groupe et une harmonisation des pratiques et des modèles à l'intérieur d'un même Groupe, ce qui représente souvent une difficulté majeure... -------------------------------------------------------------------
Notations internes, c'est quoi ?
Outre l'approche standard, la mesure du risque de crédit doit reposer, selon les recommandations du Comité de Bâle II, sur celle par les notations internes (Internal Ratings-Based). A cet effet, la banque doit procéder à l'évaluation de quatre paramètres prudentiels, à savoir la probabilité de défaillance de l'emprunteur, la perte et l'exposition en cas de défaillance et la durée résiduelle du crédit. Pour ce faire, les banques pourront se baser sur deux méthodes. La première est l'IRB Foundation Approach ou la méthode par les notations internes fondation, selon laquelle la banque n'estime que la probabilité de défaillance. Les trois autres paramètres sont fournis par l'autorité nationale de surveillance. La deuxième est la méthode par les notations internes avancées (IRB Advanced Approach). Dans ce cas, les quatre paramètres (qui doivent satisfaire à des impératifs prudentiels) sont tous évalués par la banque elle-même.