Naissance de SAR Lalla Khadija

Gestion intégrée de la forêt à Skoura

La forêt du Moyen Atlas agonise à cause, entre autres, de la surexploitation, le surpâturage, l'expansion des terres agricoles et l'érosion.

26 Juillet 2009 À 11:06

Sa dégradation est aggravée par la pression démographique, conjuguée à la dispersion de l'habitat et à la pauvreté des populations en milieu rural. Cette situation est aussi la conséquence du laisser-aller, pendant de longues années des responsables et des autorités locales et du manque de coordination entre les différents intervenants : acteurs locaux et administrations. Pour sauvegarder cette forêt, cœur vert du pays, ou au moins limiter sa détérioration, le Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification a donné le coup d'envoi à la réalisation effective du projet de gestion intégrée des forêts du Moyen Atlas (GIFMA) au niveau de deux communes pilotes à la Commune rurale de Skoura ainsi que celle de Tanourdi (province de Khénifra).
Ce projet revêt, selon Noureddine Tahsa, le coordonnateur national du projet GIFMA, un caractère singulier, dans la mesure où il veille au développement d'un modèle participatif de la gestion de la forêt. « Le GIFMA vise en premier lieu à mettre en place une gestion intégrée des écosystèmes forestiers et des richesses naturelles du Moyen Atlas susceptible de restaurer leurs fonctions écologiques et de contribuer au développement socioéconomique durable des populations rurales», explique-t-il lors du lancement du projet à Skoura dans la province de Boulemane le 22 juillet.

Il s'agit aussi d'organiser la population en groupements, en coopératives et en associations, de renforcer ses capacités locales, à travers l'organisation de sessions de formation au profit des associations, des services de la commune, des eaux et forets et des partenaires institutionnels et de la faire participer à la gestion des espaces forestiers avec l'appui des expertises bien définies. Cette initiative qui s'étale sur cinq ans vise en somme, le développement d'un modèle de gestion participative des forêts du Moyen Atlas et sa reproduction à terme au niveau des bassins versants les plus vulnérables et du corridor allant du Tazzeka dans la province de Taza jusqu'à Kerrouchen dans la province de Khénifra, sur une superficie de 1.078.000 ha, couvrant en partie les régions de Fès-Boulmane, Meknès-Tafilalet et Taza-Al-Hoceima-Taounate. Le choix par ailleurs du pilote à Skoura n'est par ailleurs pas fortuit. La commune s'étale sur 40200 ha et compte quelque 8713 personnes répartis sur 13 douars. Le taux de pauvreté est de 30,45% et l'économie locale est basée essentiellement sur l'élevage et l'exploitation de la forêt. Celle-ci constitue souvent l'unique source pour la majeure partie de la population rurale, pour la satisfaction de ses besoins quotidiens en parcours, bois de feu, bois de construction….

Pour Noureddine Tahsa, la réalisation de ce projet à Skoura devrait permettre la valorisation des plantes aromatiques et médicinales, le renforcement et la diversification des vergers, l'amélioration de la production des viandes et le développement du tourisme de montagne. Il est prévu aussi de faire des essais de production du Safran et du Caprier pour diversifier les sources de revenus de la population de la commune et améliorer son niveau de vie.
Les initiateurs du projet ambitionnent aussi de développer un système pilote participatif, intégré, multi-fonctionnel et financièrement autonome de gestion des pâturages et espaces forestiers, qui permet de préserver l'intégrité de l'écosystème forestier, la conservation de la biodiversité, améliore la productivité sylvo-pastorale et contrôle l'érosion. Ils veulent promouvoir in fine le produit forestier selon les normes internationales.

Mais ces objectifs ne peuvent se réaliser, selon les représentants de la coordination locale du projet, sans la participation de l'ensemble des acteurs à la conception et la mise en œuvre du projet. Cela implique, entre autres, la définition des besoins en développement des capacités locales, la formation des acteurs du projet, la prospection du terrain et la réalisation d'études sur les potentialités économiques des zones forestières situées dans le périmètre du projet, les techniques de la gestion forestière et sur les systèmes des données géographiques et d'évaluation. Il est aussi question, dans le plan d'action, de conclure des partenariats entre les différents acteurs du projet, le renouvellement du couvert végétal des zones ciblées, la certification de la gestion de l'espace forestier par des instances accréditées et la revalorisation des produits de la forêt, en commençant par les plantes médicinales et aromatiques.

A noter que ce projet, doté d'une enveloppe budgétaire de près de 3,11 millions de dollars (23,5 MDH), sera réalisé grâce à un partenariat entre le Haut commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la désertification (500.000 dollars), l'agence de développement social (1 million dollars), le fonds mondial pour l'environnement (997.945 dollars), le Programme des Nations unies pour le développement au Maroc (360.000 dollars), le fonds mondial pour la nature (52.800 dollars) et le corps de la paix des Etats-Unis au Maroc (200.000 dollars).
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Richesse du secteur forestier

Le secteur forestier dans la région de Fès-Boulemane s'étend sur une superficie de 276.800 ha de forêts et 548.350 ha de nappes alfatières situées essentiellement au Moyen Atlas et se caractérise par une richesse et une importante biodiversité animale et végétale. Cet espace compte des salsolacées, dans les zones de basses altitudes, l'alfa et le romarin, dans les altitudes moyennes (1.000 à 2.000 m), les formations forestières basses de pin d'Alep, thuya, genévrier rouge, chêne vert, ainsi que le cèdre, le genévrier thurifère et les plantes en coussinets des zones de hautes altitudes. Les principales espèces forestières rencontrées dans la région sont constituées notamment de chêne vert, de thuya, des genévriers oxycèdre et thurifère, de cèdre et du pin d'Alep, ainsi que d'autres espèces d'importance secondaire, notamment le caroubier qui est une espèce économique considérable.
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