Spécial Marche verte

La communication en temps de crise désastreuse

On ne peut pas éviter une catastrophe naturelle, mais on peut au moins limiter ses dégâts, essentiellement humains, par la prévention et la préparation. Tel est l'objectif de la communication en temps de crise, qui représente l'axe principal de toute stratégie nationale en matière de lutte contre les désastres.

13 Septembre 2009 À 12:16

Le Maroc qui se situe sur une faille sismique doit toujours être prêt à affronter un tremblement de terre (Agadir et Al Hoceima), inondations, sécheresse et risques technologiques. Pour cela et suite à la Conférence mondiale pour la prévention des catastrophes qui s'est tenue à Kobe au Japon en 2005, le Maroc s'est engagé à la mise en œuvre au niveau national du plan d'action de Kobe-Hyogo. A cet effet, notre pays a élaboré une stratégie de prévention et de gestion des risques de catastrophes avec l'appui financier du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), exposée en juin dernier à Genève, lors de la deuxième session de la « Plate forme sur la réduction des risques de catastrophes ». Toujours dans le cadre de cette politique, le PNUD a réalisé en juillet 2007, une étude sur la communication en temps de crise dans quatre provinces pilotes : Wilayas de Tétouan, de Fès, de Beni Mellal et d'Al Hoceïma.

«Ces régions souffrent dans l'ensemble d'un manque de considération accordé à l'action de communication, d'un déficit en matière de personnel compétent et dédié à la communication, et d'un manque patent des matériels élémentaires pour répondre à un besoin de communication, aussi bien en temps normal qu'en temps de crise », indique cette étude. Nous déclinerons le cas de Tétouan qui vaut à l'époque de manière générale les autres Wilayas visitées. Pour la ville de Tétouan, l'étude indique que les outils de base de la gestion de crise, en l'occurrence la monographie des risques et le plan d'organisation de la réponse de sécurité civile (ORSEC), sont mis à jour régulièrement par la Protection civile et les services extérieurs. Dans ces documents, rappelle ce rapport, les risques naturels retenus sont les incendies, les inondations, les glissements de terrain et les séismes. Par ailleurs, sur le terrain, lors de discussions avec les services extérieurs, d'autres risques ont été évoqués notamment raz de marée ou tsunami, risques industriels et technologiques, urbains sociaux et sanitaires, etc.

Ces monographies et plan prévoient l'activation de cellules de crise, de commissions sectorielles pour gérer les crises. «Cependant on notera que peu de place est consacrée à la communication pourtant essentielle en cas de crise, si ce n'est à travers une action de la Commission de la sensibilisation et prévention qui ne répond toutefois pas aux objectifs de la communication », souligne ce rapport. Son auteur ajoute qu'à l'exception de simulations organisées par certains services extérieurs (Protection civile, Santé et Agriculture), ces cellules ne se sont quasiment jamais réunies, ce qui laisse présager des moments de grandes confusions quand surviendra une crise. Autre constat, le manque de mécanismes efficaces de communication entre les services extérieurs et la Wilaya et des relations marquées de « rivalité » et de « non coopération » entre cette dernière et les élus locaux.

Cette situation empêche également toute mise en place de mécanismes de communication en temps de crise, pourtant ces élus sont des relais importants et leur proximité des populations locales en font des acteurs incontournables de communication en temps de crise. Pour ce qui est de la communication interne de la Wilaya, un fort déficit a été relevé. Par deux fois lors des réunions, le consultant a été le témoin de ce dysfonctionnement. « Des actions importantes de prévention des risques avaient été programmées et réalisées et la Wilaya avisée, mais les services intéressés n'apprenant les faits que durant la réunion, soit plus de trois jours plus tard», indique l'étude.
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Interlocuteur des médias

Concernant la communication envers le grand public, elle est globalement, absente des préoccupations de la Wilaya en raison d'un manque de moyens humains et matériels dédiés à cette tâche. Quant au service de communication, sa mission principale consiste à la réalisation de la revue de presse pour la hiérarchie supérieure. « Le service de communication souffre d'un manque de reconnaissance. Aucune information ne lui est adressée et il n'est pas en mesure d'organiser une communication structurée. Il est rarissime par exemple que le responsable du service de presse assiste à des réunions, présidées par le Wali ou non, où sont discutées les mesures prises pour prévenir les accidents et protéger les populations», note ce rapport.

Pour faire face au déficit de la communication en temps de crise, l'étude réalisée en 2007 par le PNUD propose de redéfinir et de valoriser le statut des personnes chargées de la communication. Pour cela, le chef du service de presse devra devenir le porte-parole de la Wilaya en temps normal et l'interlocuteur des médias. Outre les revues de presse quotidienne, il devra désormais anticiper la communication en proposant un plan de communication sur une année. Celui-ci doit prendre en considération en premier lieu les actions menées dans le cadre de la prévention des risques majeurs relevés par les monographies des risques de la Wilaya.

Le profil du chef du service de presse doit être assez pointu pour justifier sa présence lors des réunions de haut niveau tenues par le Wali. Il doit jouer en fait le rôle de conseiller en communication du Wali. Il devra être assisté d'un secrétariat de bon niveau qui sait gérer convenablement l'accueil téléphonique et orienter les différents interlocuteurs.
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