L'humain au centre de l'action future

Abdeljabbar Louzir, une légende de la comédie

«Le plus grand bonheur d'un artiste est de se voir honorer dans son pays.

21 Juin 2009 À 15:04

Je ne peux qu'être touché et en même temps ravi par l'hommage que me rend le Festival du film transsaharien de Zagora » C'est avec ces mots que Abdeljebbar Louzir s'est exprimé en parlant du vibrant hommage qui lui a été rendu par les organisateurs de la rencontre du film transsaharien. Ce geste applaudi par les dizaines des hommes et des femmes du septième art national présents à l'évènement est en fait un des moments forts de cette sixième édition.

Haut de ses longues années, toujours aussi élégant avec son djellaba de couleur claire, babouches et taguia assorties, Abdeljebbar Louzir garde la classe de ce jeune marrakchi que le destin transforme en star réputée au Maroc et à l'étranger. Salué par des centaines de Zagouris, Abdeljebbar Louzir est très apprécié par le public local qui lui réserve une ovation à chacune de ses parutions sur la scène. Le grand artiste marrakchi a été honoré pour l'ensemble de son œuvre créée pendant de longues années de carrière. Grâce à sa passion incandescente et son ambition incassable, Abdeljebbar Louzir a réussi à inscrire son nom en lettres d'or dans les annales de la comédie marocaine. Ses armes pour intégrer la scène, encore aride à l'époque, un talent à faire rire les plus coincés et une vision de la société qui s'est développée au fil de ses expériences et de ses spectacles.

Considéré comme un géant de la comédie marocaine, il est un des pionniers du théâtre dans le Royaume. Sur les planches, il a toujours su que ce soit par son jeu impeccable, ses paroles justes et sa présence imposante, nous faire rire et nous faire aimer cet art. Parmi ses 78 pièces jouées aux quatre coins du Maroc et même dans d'autres villes étrangères, Louzir garde deux préférées. « Je pense que les pièces « Al Harraz et « Si Kaddour Al Alami sont jusqu'à maintenant des records en matière de théâtre. Elles ont été les plus jouées et les plus appréciées par les spectateurs», nous confie Abdeljebbar avec un regard nostalgique. Abdeljabbar constitue une troupe réussie « AL Wafaa mourrakouchie » mais aussi un nouveau courant dans le spectacle théâtral. Il s'agit alors d'une fusion entre la halka et le théâtre de la scène, le patrimoine et l'art moderne, les soucis du peuple et les écoles du théâtre moderne. C'est ainsi que nous imaginons Abdeljebbar Louzir comme l'un de ceux qui nous ont fait rire de notre quotidien d'une manière subtile. Il le confirme « La comédie pour moi est un art engagé qui, tout en faisant rire la personne, transmet des messages et une lettre au spectateur.

On ne rit pas que pour rire quelque soit la situation.» Il a marqué notre mémoire en montrant nos contradictions comme ridicules et risibles. Il est tout simplement un des génies de la comédie au Maroc. On l'a vu sur les planches, sur notre petit écran à la maison et même dans les salles obscures du pays. Abdeljebbar Louzir, en acteur excellent a investi tous les espaces : le théâtre, la télévision et le cinéma.

Qui d'entre vous ne se rappelle pas de ses sketchs amusants, de ses blagues rigolotes et de ses pièces hilarantes. Son grand amour pour le théâtre le pousse encore à la création. Il est actuellement en tournée avec sa dernière pièce «Atbourida» et prépare déjà une nouvelle «Al Wadaa » dont le texte est encore en discussion par les membres de l'atelier de la création dramaturgique de Marrakech.

Celle-ci sera mise en scène par Abdelaziz Bouzaoui. Ses amateurs le verront aussi à la télévision et au cinéma. Il joue un téléfilm de l'unique Daoud Ouled Siyed et dans un film du jeune cinéaste Hicham Aïn Al Hayat. Il sera également présent dans nos foyers durant le mois de ramadan à travers la sitcom «Dar Al ouarata» (maison des héritiers) qui sera diffusée durant le mois de ramadan. Il nous raconte sur ce rôle «Je joue dans cette série le rôle d'un père dont les enfants font le possible et l'impossible pour vendre un riad et partager l'héritage. Ils me jouent des rôles et essaient de me pousser à accepter mais je résiste !» Telle une flamme éternelle, Abdeljebbar Louzir brûle toujours de passion et d'amour pour la comédie. Malgré son âge, il continue à donner…pour le plus grand plaisir de son public.
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Un seul regret

« J'ai fait tout ce que j'ai voulu faire durant mes années de carrière et le plus important, c'est que j'ai réussi dans mon pays et que j'ai partagé mon talent avec le public marocain », annonce avec fierté Abdeljebbar Louzir. Cela dit, le comédien garde un petit regret de cette dernière décennie. «Si j'ai à être triste à cause de quelque chose, c'est d'avoir été privé de remporter le prix pour la pièce « Soultan Tolba » lors du Festival de théâtre de Meknès de 2005 », se souvient-il avec regret. Cependant, ce prix n'a jamais cassé les ambitions de Abdeljebbar Louzir qui souhaite toujours que le public marocain regagne la confiance des comédiens et réinvestisse un jour les salles de théâtre qu'il a déserté es sans aucune raison. « il faut que les Marocains continuent d'aimer le théâtre et d'y aller comme ils l'ont toujours fait et il faut que nos jeunes comédiens soient fidèles à ce travail et n'en fassent pas juste un loisir car si tu te sacrifies pour ton métier d'acteur, le retour sera fructueux».
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