Toujours soucieux de mettre en exergue et de valoriser le patrimoine marocain, Driss Mrini ne rate aucune occasion afin d'attiser le feu de cette graine de nationalisme qui l'anime et le poursuit dans sa carrière professionnelle.
LE MATIN
22 Décembre 2009
À 16:09
Tous ses travaux l'attestent fortement. Depuis sa réalisation du long métrage "Bamou" (1983) qui relate l'histoire d'une épopée méconnue de la Résistance marocaine jusqu'à son émission, très appréciée, «Naghmawatay», où le réalisateur D. Mrini n'a cessé de mettre en image tout ce qui touche à nos racines et à notre authenticité marocaine. Un travail d'archéologue que les générations futures apprécieront, sans aucun doute, à sa juste valeur. C'est ce même objectif qui l'a poussé à réfléchir au projet de tout un long métrage consacré à feu Larbi Benbarek, appelé communément «La Perle Noire».
«Depuis la réalisation, en 1985, de mon émission "Watika" consacrée à Larbi Benbarek, le sujet de cette Perle Noire s'est imposé de lui-même. D'abord, grâce aux compléments d'informations sur Larbi Benbarek, et leur contexte historique, apportant des éclairages qui ne cessent de rendre le projet du film de plus en plus crédible et attractif. Puis, il ne faut pas oublier que le phénomène sportif, devenu de nos jours un repère sociétal et un spectacle trans-générationnel, ne peut que légitimer ce couple cinéma-sport.
Et enfin, la mort de Larbi Benbarek, en 1992, et la présentation de chaque candidature marocaine pour l'organisation du Mondial du football, constituent une occasion propice pour le rappel de la mémoire de la Perla Negras. Ainsi, un appel à la production d'une œuvre filmographique de référence sur les ressorts et les coulisses des exploits de feu Larbi devient de plus en plus impératif», précise Driss Mrini.
Et d'ajouter que «ce devoir de mémoire nous interpelle donc tous. Chacun dans son domaine ou dans ses préoccupations subjectives. En restituant aux Marocains, mais aussi aux Français et aux Espagnols, l'image d'une de leurs icônes, il s'agit aussi d'œuvrer pour le développement d'un cinéma qui ne tourne pas le dos aux destins exceptionnels de certaines des personnalités les plus représentatives du Maroc profond».
C'est dans ce contexte que le scénariste, réalisateur et producteur de «La Perle Noire» entame son récit filmique en présentant des faits historiques, mettant en exergue un petit circuit où évolue notre star footballistique : stade, café des retrouvailles avec les amis, domicile de Larbi Benbarek et, enfin, le club USM. Des pôles de fixation qui interpellent les liens du passé glorieux pour les restituer au présent médiocre. Une technique se basant sur des flash-back pour chevaucher entre les deux temps.
Un voyage temporel à travers les péripéties d'un footballeur d'exception, évoluant dans un monde en mutation, où s'entrecroisent destins personnels et enjeux quasi planétaires. «Des leçons peuvent être tirées de la vie de cette star qui a fait oublier aux Français et aux Espagnols leurs champions, sans perdre une once de sa propre âme et de sa nature espiègle», souligne Driss Mrini.
Ce parcours mettant en relief la double vie, publique et privée, de cet homme exceptionnel permet, également, de dévoiler l'interface indélébile de Larbi Benbarek, en lui accordant la place qu'il mérite dans notre imaginaire, en tant que champion incontournable dans le paysage footballistique et perle rare de tous les temps, constituant une source d'inspiration et de fierté pour les futures générations.
Tout en incarnant les personnages réels de l'épopée de Larbi, ce film reste une fiction qui apporte un éclairage vertueux autour d'un personnage assez complexe et très discret, en compagnie de quelques-uns de ses proches, notamment sa mère Zouhra, son ami, le goal Hassan, son frère Omar, son fils Saïd, sa seconde épouse Madeline, sa première épouse Zhor, entre autres, des personnes ayant côtoyé ce brave homme. --------------------------------------------------------------------
Des faits historiques
«La Perle Noire» est un récit autobiographique de personnages et d'événements de la fin d'une époque (années 1930-1950), celle du protectorat français et de la montée en flèche de champions sportifs, comme Larbi Benbarek, qui sont aujourd'hui encore d'une actualité saisissante. Dans la foulée de ces événements, ce champion, si extraordinaire et si simple à la fois, cultive avec beaucoup de dignité et jusqu'à son dernier souffle, la générosité, l'amitié, l'amour, la simplicité. Il a assumé, en bon croyant, en bon mari et en bon père, le match de sa vie comme il a joué, en génial professionnel, les matchs de football qu'il a livrés et qu'il a fait gagner aux autres.