La croissance mondiale ne devrait pas dépasser 1,6% en 2010
Le taux de croissance du PIB mondial redeviendra probablement positif en 2010, mais il ne dépassera sans doute pas 1,6%, selon les prévisions de la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) publiées lundi.
AFP
08 Septembre 2009
À 14:51
"Le rebond actuel sur les marchés financiers et les marchés des matières premières pourrait être un rebond temporaire", a averti le secrétaire général de la Cnuced, Supachai Panitchpakdi.
A en croire le rapport annuel de la Cnuced sur le commerce et le développement 2009, la crise est loin d'être finie. "Sa gravité et son ampleur sont sans précédent et aucun pays n'est épargné", prévient l'organisme onusien en estimant que le PIB mondial devrait chuter cette année de plus de 2,5%. Le PIB des pays développés se contractera en 2009 de 4% et celui des pays en transition de 6%. Quant aux pays en voie de développement, leur croissance devrait tomber de 5,4% en 2008 à 1,3% cette année.
Parmi les régions en développement les plus touchées figurent l'Amérique latine, où le PIB chutera probablement d'environ 2% en 2009.
Contrairement à l'Asie de l'Ouest où le PIB devrait reculer, l'Asie de l'Est et du Sud devraient afficher une croissance de 3 à 4% cette année. Et si le continent africain devrait maintenir des taux de croissance positifs, de 3% en Afrique du Nord et de 1% en Afrique subsaharienne, il sera toutefois "quasiment impossible de réaliser les objectifs du Millénaire pour le développement d'ici à 2015", alerte la Cnuced. "La profondeur de la récession a été si importante que, bien sûr, il y aura un rebond (...) mais nous ne voyons toujours pas de reprise réelle", a averti M. Panitchpakdi.
Pour le patron de la Cnuced, "l'augmentation actuelle des prix des matières premières est principalement due à un plus grand appétit pour le risque". De son côté, le directeur de la division Globalisation et Stratégies de développement à la Cnuced, Heiner Flassbeck, reproche aux politiques de croire trop souvent "que la progression des places financières est une preuve de la reprise". "Mais c'est faux", assène-t-il.
Car les bonnes nouvelles ne sont pas encore là. Les exportations ne permettront pas de sortir de la crise puisque le "commerce mondial est censé reculer de 11% environ en termes réels" en 2009, selon la Cnuced.
Quant à la consommation, elle est également en berne en raison de la montée du chômage dans la grande majorité des pays. Un espoir tout de même : "Le rebond de l'économie chinoise, au deuxième trimestre de 2009, démontre l'efficacité des mesures de relance par le déficit budgétaire lorsqu'elles sont appliquées rapidement et avec détermination", relève le rapport.
"Nous recommandons de maintenir les politiques monétaires et budgétaires expansionnistes", martèle M. Flassbeck, qui demande également une "plus grande intervention des gouvernements sur les marchés" afin de réduire la "spéculation". M. Flassbeck a aussi défendu une refonte du système international des taux de change, déjà proposée en mars dernier par la Cnuced.
Quant aux pays en voie de développement, en particulier les pays africains, la Cnuced leur recommande de s'engouffrer dans le filon de "l'industrie verte". "S'adapter au changement climatique peut être vu comme une source de revenus", souligne le responsable de la division Macroéconomie et Politiques de développement à la Cnuced, Detlef Kotte. ------------------------------------------------------------------
Une récession accrue
L'économie mondiale connaîtra, en 2009, une récession accrue suite aux répercussions de la crise financière internationale, indique le rapport 2009 sur le Commerce et le développement publié, lundi, par la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (CNUCED).
Cette récession a été causée par la crise financière qui s'est propagée rapidement du secteur des prêts hypothécaires à risque du marché financier aux Etats-Unis à l'intégralité du système financier de ce pays et, presque simultanément, aux marchés financiers d'autres pays développés, souligne le rapport, dont les grandes lignes ont été présentées, lundi à Rabat, par l'universitaire Mouna Cherkaoui, lors d'une rencontre avec la presse.
"Aucun marché n'a été épargné, qu'il s'agisse des marchés boursiers et des marchés de l'immobilier d'un grand nombre de pays développés et de pays émergents ou des marchés des changes et des marchés de produits de base", ajoute le document, faisant observer que la crise du crédit a retenti sur l'activité économique réelle, accélérant la chute de l'emploi et de la demande privée et provoquant la récession la plus sévère depuis la Grande Dépression. Les économistes de la CNUCED évoquent la déréglementation des marchés financiers comme la cause principale de la crise financière, estimant que l'absence de réglementation a entraîné une innovation anarchique dans le domaine des instruments financiers qui a obscurci les relations entre créanciers et débiteurs et encouragé la prise de risques inconsidérés. La crise, qui a débuté initialement dans le secteur financier, s'est muée en un grave ralentissement de l'économie réelle puisque le PIB mondial devrait chuter de plus de 2,5% en 2009.