L'humain au centre de l'action future

La langue arabe dans les médias

La salle Bahnini a abrité, le 15e jour du mois sacré, une conférence organisée par l'Association pour la préservation de la langue arabe sur le thème «La langue arabe dans les médias marocains».

10 Septembre 2009 À 17:37

Invité pour donner son point de vue professionnel se basant sur des statistiques réalisées en 2008, l'ex-ministre de la Communication, Larbi Messari, a relevé, grâce à ces chiffres, que les Marocains restent fidèles aux chaînes arabes et les préfèrent de loin aux chaînes françaises comme TF1, F2, F3, F5, Canal+ et M6, ainsi qu'ARTE qui sont l'apanage d'une petite élite.
La société d'audiométrie «Maroc-Métrie» a, aussi, mis le point sur la forte audience enregistrée, en juin dernier, par dix émissions en langue arabe que ce soit chez Al Aoula ou 2M. Les programmes en langue française marquent un très faible pourcentage.

«En se référant à ce sondage réalisé en collaboration avec une instance française, nous constatons que l'arabe reste la langue privilégiée par le public marocain.
Ce goût pour cette langue est, également, ressenti au niveau de la presse écrite, puisque les ventes des quotidiens en langue arabe viennent en tête et dépassent de loin celles des journaux francophones», assure le chercheur Larbi Messari.
En effet, pour les cinq premiers quotidiens vendus au Maroc, un seul journal en langue française vient en dernière place, dont le chiffre est très inférieur aux autres. Pour récapituler, M. Messari a précisé que le nombre de ventes de journaux publiés en français représente 71.840 exemplaires par jour, soit un chiffre légèrement inférieur à celui d'un seul quotidien arabophone.
Ayant étonné plus d'un dans la salle avec ces statistiques, Larbi Messari n'a pas omis d'incriminer les sociétés de publicité qui ont une grande part de responsabilité dans cette problématique en choisissant les médias francophones pour étaler leurs annonces. Le professeur et chercheur, Omar Kettani, quant à lui, a accusé fermement certaines radios privées, dont le langage destiné, aux adolescents et aux jeunes, est plus que médiocre utilisant des termes inconvenants, faisant recours à une langue arabe «non saine» et un dialecte qui « porte atteinte aux valeurs morales » de la société marocaine.

M. Kettani a, aussi, pointé du doigt les programmes de télévisions (Al Aoula et 2M) pour ce mois sacré. «Nos deux chaînes doivent respecter le citoyen et lui offrir des productions qu'il mérite. Il faut, également, réfléchir sérieusement sur les méthodes de prévention collective quant aux tentatives d'occidentalisation visant à nuire aux valeurs et à l'identité marocaine», ajoute-t-il.
A la fin des deux exposés, plusieurs intervenants ont pris la parole pour s'exprimer sur ce sujet qui a pris une autre ampleur avec l'invocation des dialectes amazighs et leur importance vis-à-vis de notre identité.

«Ces rencontres sont une opportunité, chez des catégories renfermées, pour prendre une position extrémiste soit pour défendre la langue arabe ou dans le sens contraire pour se mettre aux côtés des dialectes amazighes d'une manière très raciste. Ces occasions permettent, ainsi, de mettre en exergue les accumulations intellectuelles qui peuvent nuire à la société marocaine et à ses différentes composantes», déclare le professeur Omar Kettani. Et d'ajouter que ces réunions attirent, d'un autre côté, l'attention sur le danger extérieur du pouvoir francophone aussi bien sur la langue arabe que sur les dialectes amazighs. «Il ne suffit pas de relever uniquement la menace linguistique, mais surtout culturelle. Nous ne sommes pas contre l'enseignement des langues, mais contre l'invasion de la culture de ces pays chez nous. Ce qui est très grave pour la préservation de notre identité, dont la source est constituée de plusieurs composantes, puisées de notre civilisation arabe et islamique», précise le docteur Omar Kettani.
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Réagir avant que le mal ne soit fait

Créée en 2007, l'Association marocaine de préservation de la langue arabe et présidée par l'universitaire et linguiste, Moussa Chami, n'est pas à sa première activité. Elle a ouvert son programme en rendant un vibrant hommage à Moulay Driss Kettani.
Un geste qui fut très apprécié dans le milieu intellectuel. Une deuxième manifestation a relevé le ton avec le thème bien particulier « Les horizons et les défis de la langue arabe». Toujours dans le même créneau de la langue arabe, le choix s'est porté, cette fois-ci, sur un thème bien précis qu'est la position de cette langue dans les médias marocains. Une rencontre qui fut animée par le professeur Mustapha Taleb, président de la section de Rabat. «En tant que pays musulman, arabe et amazigh, dont la langue officielle est l'arabe, nous sommes dans l'obligation de défendre notre position, surtout avec cette invasion de la langue française et du dialecte marocain dans les organe de presse que ce soit audiovisuels ou écrits. Il faut, donc, un minimum de respect pour la langue arabe et sa spécificité. Sans oublier que l'arabe est une langue de modernisme et de science et le fait de l'écarter est une grande erreur.
Il est temps de réagir, sinon le danger sera plus visible avec les futures générations», affirme Mustapha Taleb.
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