C'est dans le cadre magique de son siège et durant cette journée automnale du samedi où le soleil était au rendez-vous, que la Fondation Mohamed El Boukili : Création et Communication a rendu un hommage au militant et créateur Brahim Akhiat.
LE MATIN
17 Décembre 2009
À 17:54
En pleine campagne, à une dizaine de kilomètres au sud de Kénitra, des acteurs politiques, de la société civile, du monde de la culture et de l'art ont répondu à l'invitation de la fondation en reconnaissance à l'œuvre grandiose du poète, de l'homme de lettres et du militant ayant sacrifié sa vie pour la promotion de la langue et de l'identité amazighes dans un Maroc pluriel vivant sereinement sa diversité culturelle. A cette occasion, une table ronde sur l'amazighité et la personnalité de Brahim Akhiat a été organisée. Plusieurs personnalités se sont succédé à la tribune pour apporter leur témoignage sur l'homme, sur ses grandes qualités morales, sur ses œuvres littéraires et artistiques ainsi que sur son long parcours de militant. Les différentes interventions ont présenté Brahim Akhiat, membre du conseil d'administration de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et président de sa commission des affaires culturelles, éducatives et de communication, comme un homme de dialogue, d'ouverture n'ayant jamais renié ses principes et ses engagements, ce qui lui a valu le respect et la reconnaissance de plusieurs organisations et sensibilités.
Pour plusieurs, il est considéré en tant que figure emblématique de la culture amazighe, composante de l'identité marocaine. D'ailleurs sa biographie en témoigne. Il est membre fondateur et secrétaire général de l'Association marocaine de recherches et d'échanges culturelles depuis sa création en 1967. Il est aussi membre fondateur de l'Association de l'université d'été d'Agadir en 1979, premier coordinateur national des Associations amazighes du Maroc de 1993 à 1996 et président des travaux du Congrès mondial amazigh, tenu à Lyon, en France l'été 1999. Brahim Akhiat, né en 1941 à Agadir, a écrit plusieurs ouvrages sur l'amazighité, notamment "Pourquoi l'amazighité ?" en arabe (1994), "les hommes de l'action amazighe : les défunts d'entre eux" (2004) "l'amazighité notre identité nationale" en 2007.
Il a aussi publié un recueil intitulé "Tabrate" (lettre en amazighe) en 1992 et des dizaines d'articles dans les journaux et revues nationaux sur l'amazighe. Conscient du rôle que peuvent jouer les moyens d'information pour la promotion de la culture amazighe, M. Akhiat a fondé la première publication "Amoud" (Semences en amazighe) dont le premier numéro a été publié en 1990. Il a également été directeur du journal "Tamount" (Union), sorti en février 1994. Il a même joué le premier rôle dans un court métrage amazigh en 1972 et a contribué à la fondation du premier groupe musical moderne «Oussmane» (Eclaires) en 1974. Dans son allocution de bienvenue, Mohamed El Boukili, président de la fondation a qualifié Akhiat d'enfant de cette bonne terre ayant donné naissance à l'homme marocain avec ses spécificités et sa singularité culturelles. Il a, en outre, indiqué que la Fondation Mohamed El Boukili a choisi de débuter ses activités culturelles et créatrices par cet hommage rendu à l'une des personnalités ayant sacrifié la moitié de sa vie, avec abnégation et sans relâche, à la question amazighe et à l'identité nationale.
Après les différents témoignages et interventions, Brahim Akhiat a pris la parole. D'une voix émue, il a adressé ses vifs remerciements à la fondation El Boukili. Cette cérémonie, dit-il, est la preuve éclatante que l'amazighité est une question nationale, sachant, ajoute-t-il, que cette fondation se consacre à des activités culturelles diverses, qu'elle n'est pas, de surcroît, amazighe et qui se trouve à quelques encablures de la capitale du Gharb. Après la remise d'un trophée portant le nom de la fondation organisatrice et quelques cadeaux symboliques en reconnaissance à l'œuvre militante et créatrice de Brahim Akhiat, le public a eu l'agréable surprise d'être au rendez-vous avec une soirée musicale animée par le pionnier de la musique amazighe moderne, Amouri Mbarek qui a envoûté l'assistance en puisant dans son répertoire actuel et ancien.