J.P. Morlan : "Le football au Maroc est d'une grande qualité mais on doit le développer"

A sept mois du championnat d'Afrique des moins de 17 ans, la Direction technique nationale est toujours à la recherche des oiseaux rares. N'empêche qu'elle garde l'espoir de constituer un team compétitif d'ici là. C'est en tout cas ce que nous a confié le DTN, Jean Pierre Morlan, qui se dit «rassuré» par le niveau des jeunes lors de la finale des sélections de ligues qui s'est déroulée le week-end précédent à Rabat. Rappelons que le sacre est revenu à la Ligue de l'Oriental aux dépens de celle de Abda Doukalla, au terme de l'épreuve des tirs au but. Pour Morlan, les Subsahariens disposent d'avantages naturels comme la morphologie et la puissance musculaire.

D'où la nécessité de se préparer le plus tôt possible.
«Figurez-vous que des jeunes jouent dix matches dans l'année. Comment voulez-vous après qu'ils aient le niveau international même quand ils arrivent dans la catégorie senior ?». Pour Morlan, le football à la base au Maroc est d'une grande qualité, mais on doit le développer. D'après lui, il existe deux moyens pour y parvenir : un bon championnat et une bonne préparation.

Le DTN insiste toutefois sur la patience, rappelant que «les Français ont mis 20 ans avant d'en cueillir les fruits». Mais la première mission d'un DTN, dit-il, est qu'il se penche sur le volet «entraîneurs». Pour l'instant, la classification n'est pas encore entamée, mais un travail préliminaire a été accompli, notamment sur le plan de la réflexion. «L'année prochaine, nous allons délivrer le diplôme d'Educateur».
A la question de savoir s'il (Morlan) ne partage pas avec Roger Lemerre un défaut de taille, celui de ne pas communiquer, le DTN ne réfléchit pas un instant et l'avoue sportivement. Mais il s'en disculpe : «Sincèrement, je souhaitais en parler au président à l'occasion de cette Coupe (finale du championnat du Maroc des moins 17 ans) pour organiser un point de presse.

Ce sera probablement au milieu de la saison prochaine. Mais depuis que j'ai été nommé, chaque fois je donnais des notes pour informations à la Fédération». Margé son enthousiasme, resté visiblement intact, Morlan n'en demeure pas embarrassé. Sans doute parce qu'il roule à une vitesse supérieure à celle de la Fédération. Sans doute aussi parce qu'il n'a pas trouvé l'appui nécessaire qu'il considérait au départ une évidence avant d'être pris de court par la dure réalité d'une gestion fédérale encore au stade amateur. «J'ai eu du mal au départ à constituer une équipe administrative et technique.
S'il n'y avait pas l'adhésion des présidents des ligues quand le projet a été déposé à la Fédération au mois de mars, et bien il n'y aurait jamais eu ce championnat des jeunes dont nous avons suivi la finale aujourd'hui». Morlan travaillait avec trois autres entraîneurs dont Abdallah Blinda et Mustapha Hadaoui qui ont été décriés à la suite des écueils essuyés par les équipes nationales dont ils avaient la charge.

Aussi, la DTN était presque paralysée alors qu'elle a mis sur la table des dossiers vitaux : programmes des entraîneurs, celui des sélections, les centres de formation. Simple détail mais de grande importance, la DTN utilise le fax en l'absence d'une ligne Internet. Malgré toutes les embûches, l'équipe de Morlan a réussi à sortir le pacte du programme de l'éducateur, la programmation de stages des initiateurs dans les ligues selon un programme unifié. Un stage dédié aux entraîneurs de 2e degré étalé sur trois semaines est programmé pour l'après-Ramadan.

Il y aura également des opérations de détection de jeunes talents pour l'échéance 2011. « Le plus important pour moi, c'est la compétition des jeunes, adaptées aux ligues, c'est-à-dire en fonction du nombre des clubs, des installations. Peut-être que dans certaines ligues, on jouera à 9 contre 9 au lieu de 11 contre 11. L'essentiel est de faire jouer les jeunes».
Quelles chances pour parvenir au but escompté ? Morlan ne pouvait répondre du moment que certaines décisions le dépassent, car elles sont fédérales. Exemple, création des pôles régionaux.

Itinéraire

Jean Pierre Morlan a été présenté officiellement à la presse au mois de juillet 2008, en même temps que le sélectionneur-entraîneur de l'équipe nationale, Roger Lemerre, congédié la semaine dernière. Agé aujourd'hui de 66 ans, JP Morlan a été joueur amateur de 1956 à 1972 avant de se convertir à la profession d'entraîneur à partir de 1981. Il a pris en charge des équipes de championnat français avant d'occuper des fonctions importantes au sein de la direction technique nationale de la Fédération française de football.

Il a également été directeur de l'INF Vichy (1981-1982). Au cours de sa carrière, il a effectué plusieurs missions d'observation en Coupe du Monde et en Championnat d'Europe. Il a notamment participé à la détection et à la sélection de joueurs devenus de renom tels que Dessailly, Petit, Zidane et autres Après avoir secondé Gérard Houiller et Aimé Jacquet à la tête de la direction technique nationale, il a occupé la fonction de DTN (2006-2007) pour jeter après son dévolu sur la fédération royale marocaine de football qui lui a confié la même fonction, jusqu'en 2010.