Fête du Trône 2006

La mission de Hillary Clinton au Maroc

02 Novembre 2009 À 19:54

Sa Majesté le Roi Mohammed VI a reçu, hier à Ouarzazate, la Secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton. Arrivée du Moyen-Orient, notamment d'Israël
où elle a réitéré la détermination de son gouvernement à faire pression sur Benjamin Netanyahu afin qu'il mette un terme à sa politique de colonisation des terres palestiniennes, Mme Clinton retrouve un pays, le Royaume du Maroc, qu'elle
connaît et Ouarzazate aussi pour y avoir séjourné il y a quelques années.

L'audience que Sa Majesté le Roi a accordée à la Secrétaire d'Etat s'inscrit en effet dans la droite ligne des relations profondes que le Maroc entretient avec les Etats-
Unis. Cependant, elle confirme leur solidité et la place que notre pays occupe dans la vision américaine des relations interétatiques. Que Mme Hillary Clinton effectue une visite de travail au Maroc, quelque deux mois et demi seulement
après la nomination par le président Barack Obama d'un nouvel ambassadeur américain au Maroc, en la personne de M. Samuel Kaplan, porte à conséquences.

Mme Clinton, qui a pris part à Marrakech aux travaux de la VIème édition du Forum pour l'Avenir, s'est longuement entretenue aussi avec son homologue marocain, Taïeb Fassi Fihri. Ce Forum est organisé conjointement par le Maroc et
l'Italie et implique également plusieurs autres Etats, désireux de renforcer le dialogue multilatéral et de renforcer l'écoute de l'Autre.

La secrétaire d'Etat américaine y est d'autant plus sensible qu'elle incarne les idéaux de liberté et de justice qui constituent les valeurs cardinales de l'Amérique. Comment, dans ces conditions, ne pas faire le rapport avec sa tournée au Moyen-Orient et sa visite en Israël où elle a vigoureusement dénoncé la politique d'implantation et d'occupation par le gouvernement de Netanyahu de terres palestiniennes en Cisjordanie.

Quand bien même elle aurait été moins virulente dans le ton de cette dénonciation, quand bien même certains dirigeants israéliens s'empressent d'en tirer un motif de satisfaction, elle n'en a pas moins rappelé avec conviction que « le président (Obama) a été clair avec Netanyahu : il veut un arrêt de la colonisation, pas quelques colonies, pas d'avant-postes, pas d'exceptions pour la croissance naturelle (démographique) des colons ». L'objectif du gouvernement américain à présent étant d'accélérer le processus de négociations entre Palestiniens et Israéliens, il n'hésite nullement à faire feu de tout bois. Au Maroc, Mme Hillary Clinton aura trouvé une oreille attentive, certes, mais des conseils qui s'inspirent notamment du pragmatisme politique.

Le Maroc, partisan du dialogue, favorise et encourage à coup sûr la négociation juste et réaliste qui accorde au peuple palestinien ses pleins droits et respecte sa dignité. Il reste que le comportement des dirigeants israéliens, transformé de nos jours en une aveugle intransigeance, ne semble guère favoriser l'optimisme. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, n'a pas manqué d'alerter Mme Clinton qu'il n'y aura pas de reprise des négociations avec Israël tant que celui-ci n'aura pas suspendu ses implantations. Si le propos s'apparente à une condition « sine qua non », suscitant une certaine crispation à Washington, il explique surtout l'inquiétude exprimée ici et là dans les capitales arabes sur un fléchissement de la position américaine à l'égard du gouvernement israélien et, dans un contexte mouvementé, dénoterait un certain recul du président Obama par rapport à ses déclarations précédentes, notamment au Caire le 4 juin dernier et lors de l'audience accordée à Netanyahu.

Le Maroc a constamment préconisé des négociations entre les Palestiniens, tous les Palestiniens à travers leurs diverses composantes nationales, et le gouvernement israélien. Il ne cesse de rappeler que de telles négociations doivent reposer sur le principe de justice, d'équité et de droit. Il en appelle constamment, et Sa Majesté le Roi Mohammed VI n'a de cesse de le souligner à chaque occasion, à la création d'un Etat palestinien indépendant, reconnu dans les frontières qui lui reviennent, avec comme capitale Al-Qods Acharif. Cet Etat ne peut coexister avec Israël que s'il est reconnu dans ses frontières, que s'il récupère les terres spoliées et colonisées par le gouvernement israélien.

Marrakech et surtout Ouarzazate ont constitué depuis dimanche soir le centre de gravité d'une large réflexion partagée entre les Etats-Unis et le Maroc et, de manière générale, entre les Etats-Unis, le monde arabe et l'Europe. Le thème de « l'Autre » semble inspirer et guider les travaux du Forum pour l'Avenir, auquel Mme Clinton a pris part avant de s'envoler pour Ouarzazate où elle a été reçue par Sa Majesté le Roi. «L'Autre» consiste en une vision de respect et d'acceptation de la diversité. Et comme l'a si bien souligné Youssef Amrani, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, à l'ouverture du Forum de Marrakech, « nous devons dissiper le sentiment de méfiance, d'appréhension et de peur qui naît et se pérennise en raison de l'ignorance de l'Autre ». Aux yeux de Mme Clinton, le Maroc apparaît de toute évidence comme le parangon de cette vertueuse morale, le respect de l'autre, de la liberté et de la fraternité.

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