L'humain au centre de l'action future

Le printemps culturel du Haouz fait fleurir la région

Jeudi 26 mars, quelques jours seulement après l'arrivée du printemps, Benguérir, accueille un événement qui marquera l'histoire culturelle de la région.

25 Mars 2009 À 11:39

Baptisé « Awtar, Printemps culturel du Haouz », cette manifestation culturelle, initiée par la Fondation Rhamna, porte bien son nom. Symbole de la renaissance et de la fraîcheur, à l'image de la saison qu'il représente, ce festival ambitionne d'offrir une nouvelle vie à la culture de la région tout en l'ouvrant sur celles d'autres régions et d'autres pays. «Dans cette perspective, Awtar n'est en aucune façon un retour au passé, il ne relève pas de la pure nostalgie, mais se présente, au contraire, comme l'expression la plus propice et la plus spécifique de la modernité d'une région que la nature n'a pas particulièrement privilégiée », précise Mohammed Ennaji, Directeur du Festival. Et d'ajouter : « Il offre le cadre approprié pour accueillir une population aspirant à l'ouverture, comme il a l'attrait suffisant pour susciter la curiosité du visiteur venu d'ailleurs. Il entend mettre en place un autre modèle en concordance avec son milieu ambiant, social, économique et culturel. Il se veut un espace et un moment de joie certes, mais aussi et surtout un regard sur le Maroc en marche, un moment de réflexion pour l'intelligencia marocaine, de bilan public pour la population de la région face aux défis et aux contraintes du quotidien qui la préoccupent ».
On l'aura donc compris, cette manifestation se veut un croisement entre le moderne et l'antique, le nouveau et l'ancien et ce, dans divers domaines de la création.

La chanson classique marocaine, qui représente, par excellence, cet aspect des choses, occupe une place de choix dans la programmation de ce festival. Se nourrissant de diverses sources musicales, nationales et internationales, ce genre artistique est le fruit de métissages réussis qui donnent un goût particulier à un art qui ne perd pas pour autant son identité et son authenticité. Et c'est justement grâce à cet équilibre maintenu que le public marocain continue de l'aimer et d'aller à sa rencontre. Face à ce succès et surtout à la demande populaire de la chanson marocaine, qui se heurte, paradoxalement, à un marasme accentué par la négligence des responsables, les organisateurs de cet événement ont eu la bonne idée de la mettre dans la bouche de jeunes chanteurs dont le talent n'est plus à prouver. Ainsi, ils ont fait appel aux jeunes espoirs, qui ont été applaudit partout dans le monde arabe. Il s'agit notamment de Laila Gouchi, Saad Lamjarred, Hajar Adnane, Bader, Meryem Benmir, Youssef Jraifi, Mohamed Reda, Leila El Berrak, Aziz Bouhdada, Halima Alaoui et Hatim Ammour, tous encadrés par Ahmed Cherkani, un maestro aussi jeune qu'eux ainsi qu'une quarantaine de musiciens. Une manière de dire, encore une fois, que ce sont ces artistes, d'aujourd'hui, qui porteront le flambeau d'un art qui date de plusieurs décennies, mais qui est appelé à évoluer pour continuer à vivre.

Au cours de trois concerts qui s'annoncent mémorables, ils interpréteront, plus d'une quarantaine de morceaux qui ont fait vibrer les Marocains et qui s'inscrivent dans leur mémoire collective. A côté de la chanson marocaine, le menu varié du festival comprend des airs venus d'ailleurs tel ceux du groupe « Mozart l'Egyptien » qui réuni des chanteurs et des musiciens de cultures différentes ou encore de la musique yiddish qui va d'un bout à l'autre du monde avec les
influences qu'elle porte et qu'elle emprunte le long de son parcours. Au programme également de la musique et de la danse traditionnelles hongroises venues d'une nation où musique classique et traditionnelle populaire ont trouvé les voies du dialogue grâce au talent de compositeurs universels comme Kodaly et Bartok. Néanmoins, si la musique occupe une place de choix dans ce festival, elle n'y fait pas l'exclusivité. D'autres volets en enrichissent le contenu qui comprend un grand colloque en hommage à l'historien Abdallah Laaroui, un forum et une exposition autour de la chanson marocaine, une rencontre avec le cinéma palestinien et des tables rondes avec des spécialités confirmés, enfin un hommage rendu à un peintre de la région qui vient de nous quitter : Miloud Labied. Que la fête commence !
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Voix du Maroc pluriel

Musique andalouse, Malhoun, Taqtouqa jabalia… langues berbère, arabe hassanie…Chants et rythmes des plaines atlantiques, des montagnes de l'Atlas et des dunes du Sahara, traditions des campagnes et répertoires des villes, le concert du dernier jour du festival se veut un survol de la richesse et de la diversité du patrimoine musical marocain. La Tamawayt du Moyen Atlas avec Cherifa et sa voix chaude et vibrante, l'Amarg avec le Bob Dylan du Souss, Ammouri Mbarek, la tradition Hassanie avec l'une de ses figures les plus représentatives, Batoul Marouani, les mille et une facettes de la Ayta avec l'incontournable cherikh Benomar Ziani, la tradition judéo-arabe avec l'un de ses derniers héritiers, Maxime Karoutchi. Plus qu'un concert, c'est à un spectacle total auquel nous sommes conviés. Une belle et originale manière de clôturer, en apothéose, la première édition du Printemps culturel du Haouz.
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