Jamais les arts plastiques marocains ne se sont aussi bien portés qu'en ce moment. A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, ces arts jouissent d'une renommée qui les place au devant de la scène artistique mondiale.
LE MATIN
02 Septembre 2009
À 15:19
La preuve de cet engouement pour la production marocaine est l'organisation régulière d'expositions au-delà de nos frontières, mais qui rendent hommage à des artistes bien de chez nous. La dernière en date est celle qui s'ouvre aujourd'hui même à Monaco et porte pour nom « Emotions partagées ».
Initiée avec le soutien du comité national monégasque de la AIAP (Association internationale des arts plastiques) de l'UNESCO, le groupe d'Amitiés Maroc Monaco en collaboration avec l'association marocaine Arkane pour la formation de l'Art et la sauvegarde du patrimoine, réuni autour d'un même événement des artistes-peintres marocains de renom ; Abdellah El Hariri, Abderrahmane Ouardane, Leila Cherkaoui, et Saïd Raji et ce, jusqu'au 17 septembre à l'atelier du comité monégasque de la AIAP de l'UNESCO.
Le temps d'une exposition la Principauté de Monaco sera donc placée sous le signe de l'échange et du dialogue des cultures. Une belle aventure, riche en émotion, qui permettra encore une fois aux créateurs marocains de montrer la portée de leur génie et de leur savoir-faire en matière de peinture. Et c'est à travers leurs œuvres que le public monégasque touchera la diversité des tendances et des styles de nos artistes.
Dans les toiles de Leïla Cherkaoui, il verra comment la lumière peut être mue en œuvre d'art. « Leïla Cherkaoui est un être de lumière», dit d'elle Driss Alaoui Mdaghri, poète et ancien ministre. Et d'ajouter : « Sa quête en effet, pour être intérieure, n'en est pas moins éclatante de vérité, Leïla Cherkaoui n'ayant cure des artifices et de l'académisme surfait si souvent à l'honneur.
Sa peinture traduit, avec un bonheur rare ses sensations, ses pensées, ses états d'âme et ses élans et vous entraîne dans son sillage vers des jardins secrets et des émotions profondes ». Discrètement mais non sans grâce, elle révèle une partie d'elle-même, nous invite dans son espace intime à partager avec elle sa vision de la vie et de l'univers.
Les couleurs et autres formes géométriques que son pinceau couche sur ses toiles en disent long sur les sensations qui l'animent. Le blanc, le noir et le gris qui prédominent dans ses œuvres traduisent la simplicité de l'artiste et sa quête de zénitude et de sérénité. Du coup, ces nuances donnent vie à ses tableaux et leur insufflent un nouveau souffle.
Aussi spirituels, sinon plus, les tableaux de Abdellah El Hariri sont riches en signes et en symboles.
Cette grande figure de l'art abstrait a su intégrer la lettre dans l'espace de la toile et lui donner une signification particulière. Les lettres arabes utilisées comme des corps, des formes à l'architecture variable transmuent en images et acquièrent une identité propre.
A propos de cet artiste, Farid Zahi, critique d'art a écrit : « Bien que matérialité visible, la peinture s'approprie inlassablement la spiritualité de la parole et en réinvente la teneur et la dimension.
Elle ne cesse de mettre en scène le souffle qui la sous-tend, tendant ainsi à déconstruire la dichotomie si traditionnelle de la voix et de la trace». Résolument ancrées dans le patrimoine culturel marocain, les toiles de Abderrahmane Ouardane portent, elles, les traces d'une identité marocaine multiple. Matières, collages, formes, signes… sont autant d'éléments qui lui permettent de transposer et de transmettre l'émotion qui l'anime et, par la même, de donner vie à son œuvre. L'artiste travaille sur différentes composantes authentiques. Il les restructurent et les revisitent pour leur injecter une partie de lui-même.
Quand à l'œuvre de Saïd Naji, elle déborde de lumière et de créativité. « Peintre à la marque sûre et au geste fougueux, il nous propose des créations imposantes qui traitent le phénomène de la mémoire dans son rapport à l'espace. Il livre à chaque fois une guerre acharnée aux ténèbres et tente, sans cesse, d'arracher cette précieuse lumière qui donne sens, force et magie à ses œuvres », souligne Abdellah Cheikh, critique d'art.
Tous ces artistes exposeront leurs dernières créations à l'atelier du comité monégasque de la AIAP de l'UNESCO jusqu'au 17 septembre. Un vrai régal pour les mordus des arts plastiques. -------------------------------------------------------------------------
La vocation de l'association
Fondée pour stimuler la coopération culturelle internationale entre les artistes de tous les pays, améliorer leur condition économique et sociale sur le plan international et défendre leurs droits matériels et moraux, la AIAP (Association internationale des arts plastiques) encourage les échanges de personnes, d'informations et d'œuvres d'art.
Elle s'est fixée pour mission de stimuler les expériences techniques et la réflexion sur la manière de réconcilier le langage et la matière de l'art contemporain avec les traditions enracinées dans les cultures locales. L'Association internationale a été fondée en 1954 à l'initiative de l'UNESCO et de 92 comités nationaux. C'est la plus grande organisation, non-gouvernementale des artistes visuels. Plusieurs organisations d'artistes visuels ont montré leur intérêt de devenir membre dans le futur. Le financement de l'AIAP étant uniquement assuré par la cotisation de ses membres, depuis 1956, l'UNESCO a offert la possibilité de disposer d'un bureau à Paris, rue Miollis et a aidé l'AIAP de différentes façons.
Normalement, les cotisations des membres ne sont pas très élevées : certains comités nationaux d'Europe et d'Asie et des grands pays contribuent plus largement, la majorité des membres ne payant seulement qu'une modeste contribution car ils ne sont pas soutenus par leur gouvernement national.