Près de 700 ouvriers ont commencé mardi matin un sit-in devant le «Complexe céramique du Maroc», COCEMA à Cherarda, dans la préfecture El Mariniyine.
LE MATIN
08 Mars 2009
À 12:39
Ce sit-in vient en riposte à la dégradation de la situation des ouvriers au sein de l'usine qui a été partiellement effondrée le 11 janvier, date de l'incident qui a coûté la vie à deux ouvriers. Les grévistes réclament l'intervention urgente de la direction de l'entreprise pour la réouverture de l'usine, fermée depuis plus d'un mois et demi et la reprise du travail. Avant ce sit-in, les ouvriers de l'usine ont entamé une longue marche vers la direction de l'une des plus grandes sociétés de fabrication de céramique au Maroc en réclamant la réouverture de l'usine et l'amélioration de leur situation. Avec l'arrivée sur place des journalistes, le ton des ouvriers a monté et ils ont repris la marche en direction du Palais Royal de la ville de Fès. La marche a été suspendue par les forces de l'ordre. Un journaliste photographe a été également interdit brutalement de prendre des photos de la manifestation.
Pour Jaouad Boudouma, conseiller au bureau syndical des ouvriers de COCEMA, les ouvriers vont poursuivre des grèves et sit-in quotidiennement jusqu'au déblocage par la direction de la situation et la reprise du travail. « Les activités dans l'ensemble des pavillons de l'usine ont été arrêtées au lendemain de l'explosion et la démolition de l'usine. Et depuis, l'accès des cadres, des ouvriers, des techniciens et des agents de sécurité est devenu impossible. C'est l'arrêt du travail de 30 gardiens, 400 ouvriers dans 3 pavillons de la filière zellige ainsi que 300 ouvriers dans le pavillon du Taous. Les autres filières de l'usine de céramique sont tous menacés du pire au cas où les responsables décident de fermer l'usine définitivement, alors que certains y ont passé plus de deux décennies », a ajouté Jaouad Boudouma, tout en précisant que les ouvriers sont prêts à tout, notamment au cas où les responsables ne répondent pas à leurs doléances et continuent de faire la sourde oreille et de fermer l'usine.
De son côté, le directeur de l'usine a essayé de rassurer les ouvriers en indiquant que l'ouverture de l'usine qui se fera prochainement est liée aux résultats de la recherche faite par les experts après le sinistre. Il a aussi ajouté que « les ouvriers doivent respecter la décision judiciaire les interdisant d'accéder à l'usine, vu les risques qu'ils prennent et la menace qui les guettent avec un tel acte ». Ces déclarations du directeur ont par ailleurs provoqué l'étonnement des représentants syndicaux. Pour le secrétaire général du syndicat des ouvriers, ces déclarations « n'ont rien à voir avec la réalité. De plus, annoncer aux ouvriers que, d'après les propriétaires, la société est dans l'impossibilité de poursuivre ses activités à cause des dettes accumulées, est une nouvelle donne pour tous les ouvriers. Ce n'est qu'une ruse pour gagner du temps », précise-t-il. M. Ayadi, membre de l'Union fédérale démocratique du travail a déclaré avoir sollicité un entretien avec le wali de la région mais sans aucun résultat tangible. « Nous avons été surpris par la manière avec laquelle notre dossier a été traité.
Au lieu de rencontrer le wali, nous avons été orientés vers un responsable au service des affaires générale sachant que c'est l'avenir de plus de 700 ouvriers et leurs familles qui est en jeu », a-t-il expliqué. Il a également signalé que le bureau de la FDT régionale de Fès réclame une intervention urgente du wali de la région pour débloquer cette situation et faire appliquer dans les plus brefs délais la procédure relative à la reprise des activités au sein de l'usine. A rappeler que l'incendie qui a éclaté dans le dépôt de l'usine a provoqué l'explosion d'une citerne de gaz propane et l'effondrement de la dalle de l'immense bâtiment (au moins 250 mètres de long). Le sinistre a engendré la mort de trois personnes et la blessure de 6 autres et des machines de grande valeur sont toujours sous les ruines. ----------------------------------------------------------
La dette de COCEMA
Selon des sources bien informées, le montant des dettes de COCEMA est gigantesque. Il dépasse les 15 milliards de centimes et il serait à l'origine de l'arrêt du travail et de la fermeture de l'usine après l'incendie qui a ravagé une grande