Fête du Trône 2006

Tous les Marocains marchaient vers leur Sahara

"L'homme semble oublier qu'il peut, par une simple marche pacifique, aboutir à plus de résultats que n'en obtiendrait une entreprise militaire", avait affirmé feu S.M. Hassan II, à la veille du lancement de la Marche Verte, le 6 novembre 1975.

05 Novembre 2009 À 15:09

Un événement qui allait donner une nouvelle impulsion à la dynamique de l'histoire du Royaume. Pas moins de 350.000 volontaires répondaient à l'appel Royal de rejoindre et récupérer nos provinces du Sud.

La Cour internationale de justice avait rendu son avis consultatif stipulant que le Sahara n'avait jamais été "terra nullius" et qu'il y avait des "liens juridiques d'allégeance" entre ce territoire et le Royaume du Maroc. Dans un discours historique prononcé pour l'occasion, le regretté Souverain avait indiqué : «Le droit a prévalu sur l'injustice et la Cour internationale de justice de la Haye a reconnu que le Sahara n'a jamais été une terre sans maître et confirmé qu'entre le Sahara et le Royaume du Maroc il existait, en effet, des liens juridiques et d'allégeance».

Feu S.M Hassan II avait également ajouté : «Le monde entier a reconnu que le Sahara était le nôtre depuis très longtemps, le monde entier a reconnu qu'il existait des liens entre le Maroc et le Sahara qui n'ont été altérés que par le colonisateur». «Il ne nous reste donc qu'à entreprendre une marche pacifique du Nord au Sud (…) pour nous rendre au Sahara et renouer avec nos frères», avait souligné le regretté Souverain. Dans son livre "Un demi-siècle dans les arcanes de la politique", le professeur Abdelhadi Boutaleb témoigne: "Le chiffre de 350.000 personnes a été avancé. Or, je sais que les marcheurs étaient au nombre de 524.000. Quand, au départ, on avait ouvert la voie aux volontaires, leur nombre avait atteint 3 millions. Ensuite, il a été envisagé de le ramener à un million et, enfin, il a été fixé à 524.000. Feu S.M. le Roi Hassan II a ordonné que toutes les couches de la population marocaine, des différents villes et villages, y participent".

De même, on a ouvert la voie à la participation de délégations venues de pays frères et amis. Il y avait des volontaires d'Arabie Saoudite, d'Irak, du Qatar, du Koweït, de la Jordanie, du Liban, du Soudan, du Sultanat d'Oman et du Gabon. D'autres sont venus même des Etats-Unis pour représenter une organisation non gouvernementale. Ils étaient contre le colonialisme et soutenaient la libération du Sahara. Chacun hissait le drapeau de son pays.

Les marcheurs portaient le Coran comme gage de paix, pour montrer que le Maroc ne partait pas pour une quelconque conquête. 500.000 exemplaires du Livre Saint ont été imprimés et distribués. Sur le plan logistique, 12.000 camions et 113 trains ont été mobilisés pour transporter les volontaires de leurs régions à Marrakech.

De là à Tarfaya, le transport s'est effectué par camions. Trente-quatre ans après cette grande épopée, le Maroc est bien chez lui dans ses provinces du Sud, appuyé en cela sur un droit historique, une identité marocaine et des liens remontant à plus de 12 siècles. Vendredi 24 mars 2006 est une date qui restera gravée dans la mémoire des habitants de la région de Laâyoune-Boujdour-Sakia Al Hamra.

Ce jour-là, S.M. le Roi Mohammed VI a appelé les fils des provinces du Sud à "engager une réflexion sereine et approfondie, et voir comment ils conçoivent le projet d'autonomie dans le cadre de la souveraineté du Royaume, de son unité nationale et de son intégrité territoriale". L'adhésion de ces derniers à l'Initiative Royale ne s'est pas fait attendre. D'où la mise en place du Conseil Royal consultatif des affaires sahariennes.

Composée de représentants des tribus appartenant aux provinces du Sud, cette institution répond parfaitement aux vœux de S.M. le Roi, exprimés à l'occasion du trentenaire de la Marche Verte. Le Souverain a alors annoncé: "Au même titre que les partis politiques, les populations et les élus de la région, notamment les chefs de tribus, connus pour leurs expériences et leur sagesse, seront consultés à leur tour pour recueillir leurs vues sur le projet de mise en œuvre d'une régionalisation avancée et adaptée aux spécificités de cette région".

Le geste Royal a valeur de symbole et de vérité qui tire son fondement de cette noble mission de préserver les acquis du processus d'unification et de consolider une culture de développement économique et social, basée sur une dynamique de régionalisation accordant aux fils des provinces du Sud, une large participation à la gestion locale.

Il s'agit d'une régionalisation qui permettra aux Sahraouis de gérer eux-mêmes démocratiquement leurs affaires. C'est grâce à cette implication que les provinces du Sud du Royaume ont connu, depuis leur récupération en 1975, un développement soutenu dans divers domaines.

Pendant que le Maroc avance sur la voie vers du développement et du progrès, nos concitoyens séquestrés dans les camps de Lahmada continuent de rallier la mère patrie et de nombreux pays retirent leur reconnaissance à une République fantomatique.

Ces pays et autres ONG ne cessent de dénoncer les conditions déplorables dans lesquelles vivent les populations des camps de Tindouf et le traitement inhumain qui leur est infligé par les forces de sécurité du «polisario».

Ils expliquent que le polisario en pleine crise et constitue une menace pour la paix, la sécurité et la démocratie, non seulement au Maghreb, mais également dans le reste du monde. Tout le monde sait que de nombreuses et graves violations sont commises par le polisario contre les populations retenues contre leur gré dans les camps de Tindouf, où il n'existe pratiquement pas de liberté de circuler et où la torture est monnaie courante. Là-bas, de jeunes enfants sahraouis sont séparés de leurs familles et déportés par centaines chaque année à Cuba.

Aussi, plusieurs rapports onusiens notent que dans ces camps de la honte, la situation alimentaire demeure précaire, alors que les séparatistes continuent de détourner à leur profit l'aide humanitaire internationale destinée aux populations civiles.
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«Laâyoune âayniya» : La Marche dans le chant

Dans le feu de l'action, et en l'espace d'une nuit, une chanson mythique de Jil Jilala a vu le jour. « Laâyoune âayniya « fut un refrain que jeunes et moins jeunes scandaient à tue-tête dans les cours d'école, sur les terrasses de cafés, dans les ruelles étroites comme sur les grands boulevards. Mohamed Chahramane, poète populaire et homme de théâtre, n'a eu aucun mal à composer cette chanson qui a pris des allures d'hymne à la réunification d'un Maroc déchiré par les contingences de la colonisation. La spontanéité avec laquelle elle a été écrite semblait déteindre sur ceux qui la fredonnaient déjà à sa sortie. Un élan patriotique qui a sublimé toutes les controverses et autres incompréhensions. Jil Jilala qui, à cette époque, représentait avec d'autres groupes la voix de la contestation, apparaît pour une fois comme un porte-voix de l'intime conviction qui a mobilisé 350.000 Marocains pour rétablir une légitimité historique. Plus qu'une chanson, c'était et c'est encore un chant qui marque la conscience collective. Plus encore, cet hymne a été aussi le concentré d'une ferveur créatrice où tous les paroliers, compositeurs et chanteurs se sont évertués à donner le meilleur d'eux-mêmes en essayant de refléter, mais aussi de galvaniser l'élan de tout un peuple. La musique sert aussi à cela.
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