Naissance de SAR Lalla Khadija

La saison des mariages bat son plein

Le mariage est une union sacrée dans la société sahraouie tout comme dans toutes les régions du Royaume.

15 Juillet 2009 À 14:03

Au Sahara marocain le mariage est cher, très cher dans le passé et dans le présent. Seulement l'esprit social et la solidarité de la tribu permettaient de surpasser l'obstacle financier. Les uns aident avec de l'argent, les autres avec une partie de ‘debch' comprenant des tapis, des couvertures des ustensiles de cuisine, de la tente, d'autres contribuent à confectionner une tente pour les nouveaux mariés, d'autres offrent un dromadaire, etc. Le mariage dans les provinces du Sud est marqué par certaines habitudes et traditions ancestrales relativement particulières par rapport à d'autres régions du Royaume ; dans leur appellation mais complètement similaires dans leur fond et leur finalité. Lorsqu'un jeune homme sahraoui décide de se marier, il en informe sa famille et sa mère en premier lieu, qui, à son tour, informe le père. Car aux yeux des Sahraouis, il serait impensable qu'un jeune homme informe directement son père de ses intentions de mariage. Un père sahraoui doit apprendre ce genre de nouvelles par le biais des aînés de la famille ou de l'un de ses proches amis ou la mère.

Par la suite, les familles des futurs époux se réunissent pour se mettre d'accord et récitent Al Fatiha (le premier chapitre du Coran), puis déterminent une date pour la fête du mariage. Cette réunion se fait dans une ambiance de fête en général autour d'un banquet garni pour l'occasion et en présence des sages des deux familles et des notables de la tribu. Ce qui donne au mariage un sens de sérénité, une valeur d'union sacrée et une action sociale assurant la progéniture et la stabilité. Le processus de sélection de la future épouse est soumis à l'accord de certains membres de la famille de l'époux, comme c'était la tradition dans les régions du nord. Souvent, le choix se fait selon des considérations tribales. Le mariage dans la même tribu est préférable. Souvent le mariage d'un jeune et d'une fille appartenant à une autre tribu est très mal accepté, et se couronne par une séparation rapide.

Il y a peu de mariages entre un jeune du nord et une Sahraouie ou l'inverse qui réussissent. Dans la mentalité sahraouie c'est presque une malédiction d'épouser un non sahraoui. Voila le mariage traditionnel sahraoui tel qu'il nous a été décrit au détail par MmeH Hjabouha âgée de 90 ans.La dot dont la valeur augmente en fonction de la situation sociale de l'époux, se compose en général de : chameaux et moutons, tissus et articles utilisés pour coudre la Malahfa (ou vêtement traditionnel de la femme sahraouie), plusieurs bouteilles de parfum fabriqué localement appelées Al Khamira, de l'encens, et plusieurs kilogrammes de thé et de sucre. La dot comprend également des bijoux, des vêtements faits sur mesure pour la mariée et quelques meubles. Jamais de l'or, car il est considéré comme un porte malheur.

Des soins particuliers sont apportés à la dot dans les provinces sahariennes puisqu'elle est remplie de symboles : la respectabilité et la générosité de l'époux, de sa famille et sa tribu. Elle matérialise aussi l'amour porté par l'époux à sa dulcinée et sa considération pour sa famille et sa tribu. Pour accueillir le convoi du marié, la famille de la mariée prépare une grande tente connue sous le nom de Kheimat Arrak, où le marié est reçu avec ses proches et où la dot est présentée au grand jour. Cette occasion est marquée par la présentation d'un banquet, le roulement des tambours ainsi que par une célébration festive. La nuit du mariage, la M'âlma (la maquilleuse) déploie tout son savoir-faire pour embellir la mariée en se servant de henné, de coiffures et de parfums sophistiqués. Le marié rémunère généreusement la M'âlma pour ses efforts et le maquillage de la mariée devient alors un sujet de conversation entre les femmes des deux tribus. La cérémonie de mariage dans les provinces sahariennes dure trois jours. Le deuxième jour et dans un jeu de séduction hors pair, les amies de la mariée «cachent» celle-ci à son mari.

Le jeu connu sous le nom de Atarawough (l'artifice ou le départ furtif), est censé conférer à la cérémonie de mariage une touche d'amusement et d'excitation. En effet, les amis de la mariée lancent un défi au mari d'aller la retrouver et il doit pour cela faire face à tous les pièges éventuels tendus par les amies de la mariée. Celle-ci reste cachée dans une tente appartenant à une tribu voisine. Dès lors, la mariée bénéficie de soins particuliers : on lui offre des cadeaux et du parfum car la tribu ayant accepté de «cacher» la mariée considère ce choix comme une sorte d'honneur que la famille de la mariée a bien voulu lui conférer.
Entre-temps, le marié continue ses recherches pour retrouver sa bien-aimée cachée avec l'aide de ses plus proches amis. La mariée n'est donnée en mariage qu'après la troisième nuit de la cérémonie. Elle est conduite joyeusement vers la tente de son mari dans une euphorie chaleureuse marquée par les youyous des femmes, le battement des tambours, les chansons de mariage hassani et les poèmes fêtant la bravoure et la générosité des deux tribus.

Parmi les traditions observées par les Sahraouis, il y a celle qui veut que la nuit de noces se passe à la demeure de la mariée et que celle-ci ne doive quitter la tente de son père qu'après avoir accouché et baptisé son premier enfant. Le dernier jour du mariage est appelé Ahashlaf, ce qui signifie (la conclusion ou l'achèvement). D'autres personnes l'appellent Laylat Al Jaddah ou Laylat Al Jaddate. Cette nuit-là, les nouveaux époux passent leur première nuit ensemble en tant que mari et femme. Par la suite, les deux familles se rendent au lieu de résidence de l'époux. L'épouse est aussitôt placée sur un grand morceau de tissu blanc et surélevée, elle essaie alors de manière symbolique de refuser. La même nuit, un cadeau appelé Amrouk est offert à la nouvelle mariée. Ledit cadeau est suivi par un autre appelé Al faskhah, envoyé par la mère de la mariée à l'intention de la famille du marié. Ce cadeau consiste en la moitié des biens ayant été offerts au marié à l'occasion de la présentation de la dot. Après quoi, on prépare le départ de la mariée à son domicile conjugal. L'organisation incombe alors à la mère de la mariée, ses tantes et ses amies proches. Au septième jour de son mariage, la nouvelle mariée passe le jour chez son père, accompagnée de quelques membres de sa belle-famille, ses amies et proches parents.
Puis elle retourne passer la nuit chez son mari muni de Araheel (ses possessions) composées d'objets d'ameublement, d'une tente, de chameaux, objets de valeur et même de domestiques qui l'accompagnent au sortir de la maison de ses parents.
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La «Faskhah», le plus

Malgré les évolutions qu'ont connues divers aspects de la vie sahraouie, les mariages ont conservé plusieurs traditions. L'une d'entre elles est le Faskhah qui représente une preuve supplémentaire de la valeur de la dot. La Fashkah est un cadeau envoyé par la mère de la mariée à la mère et à la famille du marié. Le cadeau consiste, entre autres, en des parfums sophistiqués fabriqués localement et qui sont appelés Al Khamira..
Il s'agit d'une collection de cadeaux offerts au marié par les proches parents, membres de la famille et voisins. Constitués principalement de chameaux et de sacs de sucre, ces cadeaux servent de symbole à l'esprit de solidarité et de responsabilité qui prévaut au sein de la société sahraouie.
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Jamais sans mon sahraoui!

Une fille sahraouie nous a dit qu'elle ne pourrait jamais épouser qu'un Sahraoui comme elle, un homme qui ne l'insulte jamais et qui ne la privera jamais de sa liberté ou empêchera ses cousins et ses cousines de lui rendre visite sans condition. Dans une société matriarcale, la liberté de la femme n'est jamais mise en spéculation même après le mariage. Son prestige et sa fierté valent plus.
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