A la faveur de la préservation de ses équilibres fondamentaux et des réformes structurelles qu'il a adoptées, le Royaume est parvenu à « résister aux répercussions directes à la crise qui affecte le secteur financier », Pour Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, cette démarche, relayée par une solidité du système bancaire et financier ainsi que par un système efficient du régime de change, aura permis, du moins jusqu'à l'heure actuelle, de limiter certains effets pervers qui caractérisent la donne actuelle.
LE MATIN
29 Mai 2009
À 17:19
Mais dans cette propension, et on en convient, l'heure n'est certainement pas à l'optimisme, un tant soit peu, béat. «Eu égard à son ouverture sur l'économie mondiale, le Maroc n'a pas échappé à l'impact de cette crise sur les secteurs productifs, tributaires de la demande extérieure», tient à indiquer M.Jouhari. Une telle donne n'aura pas prêter le flanc à un tantinet de fatalisme et encore moins à une certaine expectative.
Face à cette situation, nombreuses auront été les mesures mises en œuvre pour atténuer ou du moins limiter l'ampleur des effets boomerang. A commencer par celles initiées dans le cadre de la loi de finances 2009, dont l'une des particularités et non des moindres, visait à soutenir «la consommation et l'investissement». A cela s'ajoute la kyrielle d'actions initiées au profit de certains pans de la texture économique affectés par la dépression. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le suivi et l'évaluation n'auront pas été de vains leitmotiv. «Le Maroc suit de près l'évolution de la situation économique internationale», a expliqué M. Jouahri, lors du symposium international organisé vendredi à Marrakech.
Par les temps qui courent, les pouvoirs publics n'auront pas fait montre d'ambiguïté en matière de gestion des soubresauts externes. Le Royuame, fait valoir le gouverneur de la Banque centrale, «poursuit la mise en œuvre de réformes structurelles » visant à maintenir la croissance et tirer vers le haut la compétitivité globale, tout en veillant au grain en matière d'amélioration du climat des affaires. Quand bien même épars, des signes positifs ont certes commencé par se manifester, il n'empêche que la vigilance continue d'avoir droit de cité.
Pour M. Jouahri, l'heure est à la mise en œuvre d'actions en vue «de garantir une sortie de crise dans les plus proches délais». En outre, explique-t-il, « plusieurs questionnements s'imposent quant aux perspectives de l'après crise ». C'est d'ailleurs dans ce cadre que s'inscrit la réflexion engagée lors de la rencontre au sommet de la cité ocre. « Le rôle des Banques centrales et du FMI dans la gestion des crises financières : leçons de l'expérience récente» reste, on le conçoit aisément, un thème d'actualité. Rehausser par la présence de Dominique Strauss Khan, directeur général du FMI, Jean Claude Trichet, président de la BCE, des gouverneurs de Banques centrales et de hauts responsables d'institutions financières internationales, les débats initiés à Marrakech auront permis d'apporter des éclairages fort pertinents sur certaines «leçons de l'expérience récente». Ainsi et pour M. Trichet, «nous mettons à l'épreuve, pour la première fois, la solidité et la résilience de l'économie mondialisée dont nous avons accéléré l'intégration au cours des quinze dernières années.
Il nous faut maintenant tirer méthodiquement et sans aucune complaisance toutes les leçons de la crise mondiale contre laquelle nous luttons ». Le devoir d'obligation devrait consister à renforcer considérablement la résilience du système financier mondial et la solidité de l'économie réelle globalisée. » Nous ne devons et nous ne pouvons nous permettre de faire à nouveau l'expérience, dans quelques années, d'une nouvelle crise analogue à celle-ci ». Pour le haut responsable de la Banque centrale européenne, « la communauté internationale s'est mobilisée pour tirer toutes les leçons de la crise.
Nous sommes d'accord sur la méthode, sur le rôle du G20, sur le rôle du Conseil de stabilité financière et sur le rôle des institutions financières internationales, en particulier le rôle crucial du Fonds monétaire international (FMI) et sans oublier la Banque des règlements internationaux, dont la lucidité a été remarquable au cours de toutes ces dernières années. En ce qui concerne le secteur financier mondial, nous sommes d'accord sur les grandes orientations à suivre : lutter contre la procyclicalité ; combattre le court-termisme ; imposer la transparence». Dès lors dans une situation très difficile, très imprévisible, «Il faut rester alerte en permanence et il n'y a aucune place pour la complaisance». Voilà pourquoi s'agissant du soutien immédiat des gouvernements au secteur financier, le maître mot est aujourd'hui «rapidité d'exécution». «Il faut accélérer la mise en œuvre des décisions déjà prises.
C'est vrai en particulier des recapitalisations qui ne sont exécutées aujourd'hui qu'à 55% des capitaux réservés à cet effet dans la zone Euro. Dans les périodes de crise, la rapidité de la mise en œuvre est décisive». S'agissant de la gouvernance mondiale, M. Trichet insiste sur l'absolue nécessité de renforcer la surveillance des politiques macroéconomiques des pays et des économies ayant une importance systémique.
Le FMI a un rôle fondamental à jouer dans ce domaine, appuyé par une « surveillance des pairs » active et responsable. Le rôle des Banques centrales est fondamental pour assurer la stabilité monétaire et financière dans une perspective de long terme. L'économie mondiale peut compter sur les Banques centrales pour continuer d'être les ancres de stabilité qui sont plus nécessaires que jamais.