Spécial Marche verte

Les piscines collectives, nids à virus ?

Alors que la canicule bat son plein, une solution populaire, un peu chez les grands mais surtout chez les petits, reste la piscine.

28 Juillet 2009 À 14:57

Or, si les risques les plus fréquents des piscines collectives sont généralement connus (verrues, champignons), leur caractère bénin limite, dans l'imaginaire collectif, le niveau de dangerosité de ce qui peut souvent être, en particulier dans le cas des piscines surpeuplées, des nids à virus pouvant être responsables de maladies plus graves. Ainsi, dans ce contexte estival, l'étude publiée le 15 juillet dernier par le site du Journal international de médecine (JIM) sur les principaux virus de piscine tombe à pic. Et d'après les chercheurs responsables, c'est bien dans ces bassins aquatiques, devant les mers, océans, lacs et mares que les risques d'infection sont les plus grands, représentant la moitié des cas contractés lors d'une baignade. Une conclusion réalisée après une vaste étude identifiant les virus les plus répandus, les maladies qu'ils déclenchent ainsi que les populations les plus touchées, en l'occurrence les enfants.

Virus de Norwalk
Première catégorie identifiée, les norovirus, parfois appelés virus de Norwalk. A eux seuls, ils représentent 45% des cas recensés, et provoquent lorsque transmis à l'homme des gastro-entérites, cette maladie certes brève (le plus souvent entre deux et trois jours) mais entraînant des diarrhées et vomissements aigus. Très contagieux, le virus se transmet principalement à travers la nourriture et l'eau souillée, donc très souvent dans les piscines. Extrêmement répandu, l'article du JIM précise par exemple que ce virus provoque près de 23 millions de gastro-entérites tous les ans aux Etats-Unis, ceci donc sur une population de 300 millions de personnes. En supposant que les statistiques se transposent, il suffit donc de diviser les chiffres par 10 pour le Maroc, ce qui reste assez impressionnant. A noter cependant que les cas graves sont très rares. Les adénovirus, eux, correspondent à un quart des infections. S'ils causent eux aussi des gastro-entérites, plusieurs variations engendrent des épidémies de conjonctivites et de fièvres pharyngoconjonctivales, c'est-à-dire affectant les voies respiratoires ainsi que l'oreille et les yeux. Là encore, ces virus sont plus facilement transmis par l'eau, la piscine représentant ainsi un environnement très favorable, d'autant plus qu'ils sont particulièrement résistants au chlore.

Troubles sérieux
Les maladies potentielles les plus graves sont causées par les virus Echo et Coxsackie, représentant respectivement 18 et 5% des énumérés par l'étude. Pouvant occasionner en majorité les mêmes maladies que les virus précédemment cités ainsi que des grippes intestinales, ils se distinguent par leur capacité à amener des troubles plus sérieux comme la méningite (cerveau) chez les enfants, la myocardie (cœur) chez les adultes, ou des pneumonies. Lorsque contracté par des nourrissons, le développement du virus peut causer des séquelles à long terme avec notamment des possibilités de diabète. Enfin, le dernier virus cité par le JIM est l'hépatite A. Si sa transmission en piscine est déclarée rare par la revue, les chercheurs considèrent ces statistiques sous-estimées du fait de l'incubation plus longue du virus (entre deux et six semaines), ce qui rend l'identification du moyen de contamination plus difficile. Une conclusion qui rappelle la nécessité constante de la vaccination contre l'hépatite A, qui malgré une bonne hygiène dans le choix de ses boissons, peut être donc contractée lors d'une simple baignade en piscine.

Précautions à prendre
Des résultats qui font froid dans le dos et qui laissent réfléchir quant aux précautions à prendre. En effet, maintenir une bonne hygiène, éviter de se baigner lorsque l'on présente des symptômes et se tenir éloigné des piscines surpeuplées serait un bon début. Mais, ces mesures peuvent s'avérer insuffisantes. Faudrait-il, dans ces conditions, ne jamais se baigner dans les piscines collectives ? C'est après avoir posé cette question qu'il faut souligner que ces statistiques correspondent aux pourcentages des cas recensés, eux même une très faible proportion de l'ensemble des personnes se baignant tout au long de l'été dans ces piscines si nombreuses sur la corniche de Casablanca, et qui représentent donc un secteur de l'économie du quartier. De plus, le recensement des cas d'infections en piscine réalisé pour cette étude repose sur la base du volontariat, une caractéristique nuançant la scientificité des statistiques présentées. Une fois toutes ces informations digérées, que faut-il en conclusion tirer de cette étude ? Le risque zéro n'existe pas. Mais on ne s'en rapproche pas en se baignant dans une piscine collective. Est-ce que cela arrêtera le désir de baignade de certains en pleine canicule ? A cet âge, l'insouciance primera, au grand dam des parents.
-------------------------------------------------------------------

Asthme et chlore

Le chlore dans les piscines sert de désinfectant et élimine avec succès une grande proportion des microbes et bactéries qui y pulluleraient si cette précaution n'était pas prise. Mais des études récentes mettent en relief la relation entre l'asthme et le chlore. Elément très volatil, le chlore se propage très facilement dans l'air, et même dans le cas des piscines en plein air, majoritaires au Maroc, présente un risque certain, en particulier chez l'enfant. Ainsi, l'équipe du Pr belge, Albert Bernard, a récemment comparé les cas d'asthme chez les adolescents de 13-14 ans avec le taux de fréquentation de piscines (couvertes et plein air) dans 21 pays européens pour obtenir cette statistique : pour chaque piscine supplémentaire par tranche de 100.000 habitants, la proportion d'enfants touchés par l'asthme augmente de 2,7%. Autre statistique pour les athlètes du complexe Mohammed V, 25% des nageurs de compétition sont asthmatiques, du fait du manque de ventilation dans les piscines couvertes. De quoi inciter les responsables de nos centres aquatiques à investir pour la santé de nos nageurs.

*Journaliste stagiaire
Copyright Groupe le Matin © 2025