M. Mansouri ne fait pas dans la dentelle. Invité du Matin Forum, le président du RNI accuse et s'explique.
LE MATIN
19 Novembre 2009
À 17:27
Après le passage de Salaheddine Mezouar, membre du comité exécutif du Rassemblement national des indépendants, c'était au tour du président de ce parti d'être l'invité du Matin Forum. Quatre-vingt dix minutes durant, Mostafa Mansouri s'est attelé à démanteler l'argumentaire de ses détracteurs. A l'ouverture de « 90 minutes pour convaincre », le président du RNI a tenu à préciser que s'il avait, au départ, décliné notre invitation, c'était dans une tentative de «calmer les ardeurs». Question, précise-t-il, de ne pas verser de l'huile sur le feu. Et s'il a fini par être convaincu de sortir, c'était pour défendre son point de vue, sachant que ses « adversaires n'ont pas raté l'occasion pour saisir la presse. » M. Mansouri ne manquera pas, par ailleurs, de revenir sur la vie du parti depuis son élection lors du quatrième congrès de mai 2007.
Aussi, entre la colère et l'émotion, il reviendra sur les acquis de son mandat «couronné» par le retour en force du RNI, notamment au niveau des différentes échéances électorales. Sur le front des arguments avancés par ses adversaires, notamment en relation avec ce que ces derniers considèrent comme une « gestion individuelle, voire dictatoriale », M. Mansouri s'en défend en arguant que des « membres du comité exécutif me reprochent d'être très démocratique ». Et pour enfoncer un peu plus le clou, le président du RNI indique que ce sont « les ministres du parti qui n'assistaient pas aux réunions du comité exécutif. » Détail à l'appui, l'invité du Matin Forum revient sur les différents rendez-vous électoraux en expliquant qu'il avait proposé aux ministres du parti de se présenter, pour disposer de «la légitimité des urnes», lors des échéances votatives.
Seulement, dira-t-il, ils se sont tous rétractés. Pour la lancinante interrogation relative au fameux accord signé, selon lequel le président du RNI déléguait certaines prérogatives à S. Mezouar, M. Mansouri a sa propre réponse. D'abord, il estime que la délégation n'est pas contre-nature. Ensuite, il déclare que S. Mezouar en a fait mauvais usage. Dès lors, comme il a délégué, il a retiré cette délégation des pouvoirs. Quant aux relations avec le PAM, M. Mansouri estime qu'il s'agit de divergence de points de vue sur un certain nombre de questions et que chaque parti a le droit de défendre les siens.
Le Matin : Pouvez-vous nous donner une idée précise sur ce qui se passe au sein du RNI sur fond de confrontation entre sa présidence et le mouvement des réformateurs incarné par Salaheddine Mezouar ?
Mustapha Mansouri : Permettez-moi d'abord d'apporter une précision à propos de ce que vous avez écrit dans votre journal lorsque vous avez reçu Salaheddine Mezouar et dit que j'ai décliné l'invitation. Vous aviez raison, mais je veux préciser que j'étais dans une phase où j'essayais de calmer les ardeurs pour que la situation ne s'envenime pas davantage. J'ai, donc, décidé de ne pas faire de sortie médiatique. Toutefois, mes adversaires n'ont pas raté une occasion pour saisir la presse. J'ai donc décidé de faire de même pour exprimer mon point de vue à travers des entretiens qui expliquent la position du président du RNI. Car, nous nous sommes trouvés dans une situation kafkaïenne. Je suis un président élu depuis deux ans seulement qui s'est trouvé confronté à plusieurs rendez-vous électoraux à commencer par le quatrième congrès du parti tenu en mai 2007.
Ce dernier nous a demandé beaucoup d'effort et j'y été élu de manière démocratique et transparente par les militants. Juste après, nous nous sommes engagés dans les élections de 2007, étape importante qui a sollicité toute ma concentration. Parallèlement à cela, il y avait un débat sur l'avenir du RNI. D'aucuns ont dit que le parti se scinderait en deux et d'autres ont même annoncé sa fin. Ils se sont trompés et notre parti a dépassé cette étape sans remous et a décroché un bon score aux législatives de 2007. Est venue ensuite l'étape de constitution du gouvernement, suivie par les élections de 2009. Ainsi au niveau de la gestion interne du parti, je disposais de moins d'un an. Car seules les élections communales nous ont pris six mois de préparatifs. J'ai personnellement visité 22 préfectures durant cette échéance pour entrer en contact avec les citoyens et les convaincre de voter pour le RNI. Les résultats ont été probants puisque nous avons occupé la troisième place après le PAM et l'Istiqlal. Une simple comparaison avec les résultats de 2003 nous montre que le parti est passé de 2 800 conseillers communaux à 4 100 en 2009, soit une évolution de 47%. Ce qu'aucun parti à la majorité ou à l'opposition n'a pu réaliser. Malgré tout cela, nous n'avons pas été épargnés des critiques.
En effet, le parti est en bonne santé depuis 2007, mais pour Mezouar il y a une mauvaise gestion du parti, des prises de décisions individuelles. Aujourd'hui, on a le sentiment que le parti est géré par deux bureaux politiques, chose qui conforte l'idée que le RNI est divisé en deux…
A propos de la gestion du parti, vous allez être étonnés si je vous dis que la plupart des militants et les membres du comité exécutif me reprochent d'être trop démocratique. Justement, je suis victime de mon application de la démocratie interne au vrai sens du terme. Mais pour arriver à leur objectif, mes contestataires avaient besoin d'un cheval de Troie. Dans sa première déclaration, Mezouar a évoqué l'individualisme du président dans la prise de décision et la dictature au sein du bureau politique. Mais, je peux vous confirmer, preuve à l'appui, que depuis que ces personnes sont venues au RNI en 2004, ce sont les ministres du parti qui n'assistaient pas aux réunions du comité exécutif. Des fois, ils assistent pendant une demi-heure et font semblant de recevoir un appel téléphonique pour quitter les réunions. Personnellement, je me pose la question sur ces personnes qui ne participent pas à la vie du parti et prétendent porter un projet de réforme. Plus dangereux encore, lorsqu'ils parlent d'activation des structures du parti.
L'année dernière, j'ai réuni les membres du comité exécutif plusieurs fois et ils n'étaient pas présents. Plus encore, les membres du comité central voulaient savoir pourquoi les ministres n'assistent pas aux travaux du comité et j'ai été obligé de leur trouver des excuses. Normal, puisqu'en tant que président du parti il m'incombe de préserver son unité. Malheureusement, la première chaîne de télévision a montré les images de ces ministres qui participaient durant la même journée à une réunion du Mouvement pour tous les démocrates à El Arjat. Ce qui a provoqué au sein du parti un grand débat durant plusieurs jours. Au lendemain de la réunion du comité central, j'ai réuni les conseillers du parti à Bouznika et là encore aucun ministre n'a répondu à l'invitation. J'ai également trouvé une grande difficulté à les convaincre de m'accompagner durant la campagne électorale que j'ai effectuée dans les 22 préfectures. Nous leur avons demandé de participer en tant que locomotive du parti aux éléctions, mais ils nous ont tous faussé compagnie. Nous avions demandé à Salaheddine Mezouar de faire campagne à Tanger, mais il a décliné la proposition après l'avoir acceptée préférant se présenter à Meknès, sa ville natale. Nous avons proposé la même chose à Boussaid pour Fès Jdid dont il est originaire et Benkhadra pour Salé, Anis Birou à Berkane. Ils ont tous suivi l'exemple de Mezouar. Quant à Akhennouch, il est parti à la Omra. Quelle valeur ajoutée ces ministres ont-ils donc apporté au parti ? Boussaid qui est ingénieur, combien d'ingénieurs a-t-il rallié au RNI. Personne. Idem pour l'homme d'affaires qu'est Mezouar.
Ces parachutés qui ne participent pas aux activités du parti ne paient pas leurs cotisations et complotent pour le déstabiliser et n'emploient pas les militants au sein de leurs cabinets. Il y en a qui préfèrent recruter des étrangers. Le chef de cabinet de Mezouar est un étranger. N'y a-t-il pas suffisamment de compétences au Maroc pour occuper un tel poste ?
Mais si, comme vous dites, ces ministres sont des parachutés, pourquoi les avoir acceptés au sein du parti ?
D'abord, ces personnes sont venues au parti en 2004 lorsque je n'étais pas encore président. Elles ont été parachutées en 2004 au quatrième congrès durant lequel elles avaient soutenu feu Mustapha Oukacha. Après le congrès, je me suis dit qu'il faut leur ouvrir les portes partant de ma conviction que le RNI est un parti de rassemblement et non de division. Durant les discussions pour la constitution du gouvernement, on m'avait demandé si j'accepterais toujours ces personnes, j'ai répondu par l'affirmatif. Je leur avais donc tendu la main qu'ils avaient essayé ensuite de couper. La réalité aujourd'hui est qu'ils se croient au-dessus de tout le monde et qu'ils n'ont pas de compte à rendre à quiconque.
Pourquoi ne pas faire appliquer, dans ce cas de figure, les statuts du parti pour maîtriser les rapports en son sein ?
Nous avons à plusieurs reprises essayé de les faire participer à la dynamique du parti, mais nos tentatives se heurtaient à leur conviction d'être tout simplement des ministres parachutés. Ils ont voulu à l'instar des gangs et des mafieux d'extorquer la présidence du parti puisqu'ils estiment venir d'en haut. S'ils avaient commencé au bas de l'échelle en militants de base, rien de tout cela n'aurait arrivé.
Ce que l'on arrive tout de même pas à comprendre est le fait d'avoir délégué des prérogatives à Mezouar malgré tous les différends qui vous opposent…
Dans toutes les institutions il y a possibilité de déléguer certaines prérogatives, je n'ai, donc, pas agi contre la nature des choses. Vous savez, aux élections de renouvellement du tiers des conseillers, le RNI a payé le prix cher. Au lieu d'avoir 16 sièges que l'on méritait, on n'a pu avoir que 9. Ensuite, lors de l'élection du président de la deuxième Chambre, nous avions la majorité en faveur de Maâti Benkaddour. Malheureusement, l'évolution des choses s'est passée à notre encontre. Quant au contexte de la délégation à Mezouar, ce dernier et son groupe sont venus me voir tard dans la nuit pour me dire que le parti était en danger et que 15 députés RNI ont signé avec le PAM. Ils ont ajouté que la rentrée parlementaire pour le parti sera catastrophique et risque de perdre son groupe.
J'ai senti qu'il y avait anguille sous roche et il s'est avéré par la suite que ce qu'ils ont fait n'était qu'un coup de théâtre. La solution qu'ils avaient présentée consistait à laisser Mezouar jouer le go between puisque ses relations avec le PAM étaient bonnes. J'ai accepté, mais ils ont rétorqué que cette médiation doit être institutionnalisée par le biais d'une délégation de prérogatives. Je leur avais demandé de me préparer une proposition écrite dans ce sens. Ils sont donc revenus me voir avec un draft qui donnait à Mezouar la possibilité de gérer le parti au niveau politique, organisationnel et financier, y compris sa restructuration et l'appel au congrès national. Ce qui veut dire tout simplement me mettre la corde autour du cou. Je l'ai aussitôt rejeté et ils sont repartis pour préparer une nouvelle proposition qui permettait à Mezouar de gérer le parti sans limitation de temps jusqu'au prochain congrès.
Là aussi, il s'agit d'un stratagème pour m'écarter de la présidence. Pire encore, ils ont fait appel à deux agences de communication pour préparer le meilleur scénario pour me mettre hors circuit. Au bout du compte et sous une extrême pression, j'ai signé la troisième copie. Je l'ai fait pour préserver l'unité du parti et son groupe parlementaire. Ce qui est arrivé est un scénario bien ficelé. J'ai été vraiment étonné de rencontrer Mezouar chez le Premier ministre à la réunion de coordination pour la présidence de la deuxième Chambre. J'ai refusé une telle attitude. Il n'est pas raisonnable que le congrès confère au président des attributions et qu'il les délègue à une autre personne. Car le congrès va demander des comptes au président et seulement à lui. Cette délégation est donc illégale. Je n'ai pas le droit, en tant que président, de déléguer les attributions qui me sont confiées par le congrès.
Ce qui est aussi malheureux c'est que les membres de l'autre clan ont organisé une rencontre à Skhirat pour laquelle ils ont dépensé environ un million de dirhams. S'ils avaient vraiment le cœur pour le parti, ils auraient dépensé cet argent pour des choses qui intéressent le RNI et non pour des futilités. Ce qui est plus grave, c'est que Salaheddine Mezouar a convoqué les membres du bureau exécutif du parti. J'ai dit aux membres du bureau du RNI que cette convocation est illégale et je leur ai adressé une autre convocation.
Nous avons tenu une réunion du bureau en présence de 30 membres. Ils avaient prévu de se retirer quelques minutes après la tenue de la réunion. Néanmoins, leur plan est tombé à l'eau, parce qu'ils se sont retirés seuls avec deux autres membres du bureau.
Alors, comment expliquez-vous l'adhésion de quelques militants à ce mouvement ?
C'est parce que ceux qui sont pour la légalité sont menacés. Ils m'affirment qu'ils ont fait l'objet de pression. Par ailleurs, les membres de l'autre clan, quand ils ont appris que le bureau politique allait tenir une réunion pour glorifier le contenu du discours royal, ils en ont tenu une autre en même temps au domicile de Salaheddine Mezouar. Huit ont participé à notre réunion et douze se sont excusés.
Les autres ont assisté au clan du mouvement réformateur ?
Pas du tout. Car il y en a ceux qui ont eu des empêchements et s'étaient excusés auparavant. Mais, ce qui est amusant, c'est que les membres de l'autre clan ont envoyé un communiqué à l'agence MAP avant de terminer leur réunion. Et ce, afin que leur communiqué soit publié avant le nôtre. Après avoir terminé notre réunion, nous l'avons envoyé à l'agence MAP dont j'ai contacté le directeur pour lui expliquer la situation. C'est ainsi que notre communiqué a été diffusé au nom du RNI et le leur a été retiré. Maintenant, la question qui se pose c'est de savoir les vrais objectifs de ce mouvement. Ils affirment que le RNI n'a ni projet, ni identité. C'est inadmissible de le dire au sujet du RNI et surtout de la part d'un individu qui a nouvellement intégré le parti. Les militants du parti ont préparé, depuis plus de trente ans, la littérature du RNI et son programme. Il y avait derrière le RNI de vrais hommes.
Grâce à eux le parti a pu avoir une philosophie et des références basées sur le centrisme... Après tout cela, vient une personne qui ne sait même pas où se trouve le siège de la section du parti à Tifelt et même pas celui de Fès, pour dire que le parti n'a ni identité ni de programme ! C'est insensé ! Ce qui est aussi malheureux c'est que ce clan laisse dire que Mustapha Mansouri met en avant ses amis. C'est une accusation qui ne tient pas debout. Si je l'avais voulu, aucun d'eux n'aurait pu siéger au sein du bureau exécutif. Est-ce cela ma gratification ? Des amis proches m'avaient conseillé au lendemain du dernier congrès de ne pas les accepter au bureau parce qu'ils étaient contre ma candidature à la présidence. Mais je n'avais accordé aucun intérêt à ces conseils, car, ce qui m'intéressait, c'était l'unité du parti.
L'un des points sur lesquels avait insisté Salaheddine Mezouar lorsque nous l'avions interviewé, c'est que le RNI n'arrive pas à devenir un véritable parti et reste une simple machine électorale.
J'ai une seule réponse à cette allégation. Si le parti n'était pas une machine électorale Mezouar n'aurait pas pu être ministre. Car, c'est en fonction du nombre des parlementaires que le parti peut avoir le maximum de portefeuilles ministériels. Mezouar ne maîtrise pas encore le B.A.- Ba de la logique politique. La preuve de la faiblesse de ce groupe c'est que la plupart des ministres qui en font partie avaient refusé de se présenter lors des dernières élections communales.
D'ailleurs, chaque parti politique œuvre pour décrocher le maximum de sièges lors des élections pour s'imposer et avoir du poids. Ce que l'on peut dire de Mezouar et de ceux qui tournent autour de lui, c'est qu'ils ont trouvé tout bien prêt. En ce qui me concerne, j'ai bataillé pour passer ma liste lors des élections communales et j'ai réussi a faire passer avec moi 10 autres sièges. Tout cela je le fais pour le parti et c'est cela la logique politique à laquelle je crois. En fait, les comportements des membres de l'autre clan sont une catastrophe à tous les niveaux. J'insiste sur le fait qu'ils n'ont aucune culture politique.
Mais comment expliquez-vous le fait que plusieurs membres du parti se positionnent du côté de Mezouar ?
La majorité des membres affirment qu'ils sont avec la légalité. Même Mezouar l'affirme parce qu'il ne peut pas dire autrement. S'il cherche la présidence, je ne l'en empêche pas et je n'ai jamais dit qu'il n'a pas droit de la briguer. Mais, il doit, pour cela, travailler d'arrache-pied et doit convaincre la base. Malheureusement, les membres de ce groupe aspirent à la présidence en s'y prenant de haut.
Comment Rachid Talbi Alami, qui fait partie de vos adversaires, est arrivé à avoir la présidence du groupe parlementaire du RNI à la première Chambre ?
En toute responsabilité, je vous dis que ce qui est arrivé ce jour là est le résultat de pressions. Malheureusement, plusieurs Marocains préfèrent leurs intérêts personnels sur les intérêts communs. Je vous assure, quand Mezouar ne sera plus ministre des Finances, personne ne le suivra.
Lors du choix du chef du groupe, ils ont laissé dire que l'ancien chef, Moulay Abdelaziz Hafidi Alaoui, était sous les ordres de Driss Basri et qu'il faut lui retirer la présidence du groupe et la donner à Talbi Alami. Par enchantement, Moulay Abdelaziz Hafidi s'est désisté au profit de Talbi Alami. Sachant qu'il tenait énormément à ce poste. C'est ainsi que Talbi est devenu chef de groupe.
Pouvez-vous nous expliquer un peu la relation de votre parti avec le Parti Authenticité et Modernité et particulièrement avec Fouad Ali Hima ?
Ce sur quoi je veux insister c'est que je n'ai pas eu la présidence du parti grâce à un coup d'Etat. J'y suis arrivé grâce à la confiance des congressistes. En ce qui concerne Fouad Ali Hima, je le connaissais depuis 1992, depuis qu'il était président du Conseil municipal de Rhamna. Je lui avais proposé à l'époque de rejoindre le groupe parlementaire du RNI. Mais il avait décliné cette offre en avançant qu'il voulait garder son indépendance. Je lui avais souhaité bonne chance et je lui ai répondu que le RNI restait ouvert pour l'accueillir quand il le souhaitait. J'avais donc de bonnes relations avec lui. Il est, il faut le reconnaître, sans complaisance, un gentleman, poli et bien instruit.
Nous avions exprimé notre disposition à collaborer avec lui lors de la constitution du Mouvement pour tous les Démocrates (MTD), d'autant plus qu'il mettait en avant des idées nobles et sérieuses. Après, c'est le problème de l'article cinq de la loi sur les partis politiques, qui avait fait l'objet d'un tollé à la veille des élections communales de juin dernier, qui a été suscité. Nous n'avions pas d'autres solutions que d'appeler à l'application des dispositions de cet article pour lequel nous avions voté lors de son adoption. Le PAM avait estimé que, par cette position, on ne le soutenait pas. Parce qu'il refusait l'application de cet article. Puis est venu le retrait du PAM de la majorité. Nous avons refusé de quitter la majorité gouvernementale, car le RNI ne s'est jamais positionné en dehors du gouvernement. Et aussi parce que notre abandon de la majorité avec le PAM signifiait la chute du gouvernement et le début d'une crise politique pour le pays.
En plus de cela, il faut ajouter que quelques membres du RNI essayaient d'envenimer les relations du parti avec le PAM. Ils se sont mis à faire circuler des rumeurs infondées. C'est le cas de l'information conformément à laquelle on m'a accusé d'avoir avancé que « le PAM veut nous faire revenir aux années de plomb ». Ils ont également laissé dire que j'ai affirmé, dans un entretien avec un ambassadeur de l'Union Européenne au Maroc, que les choses ne marchent pas très bien au Maroc. Ce qui n'est absolument pas vrai. Et il y a bien d'autres rumeurs qui ont circulé dans le but d'envenimer mes relations avec Fouad Ali Hima.
Quand est-ce qu'aura lieu le prochain conseil national de votre parti, rencontre tant attendue pour sortir de l'actuelle crise du RNI ?
A vrai dire, nous n'avons pas encore décidé de la date de la tenue de ce conseil national. Nous avons du temps jusqu'au mois de mai prochain pour tenir cette rencontre. Contrairement à ce que soutiennent les membres de l'autre clan, nous tenons nos réunions dans les délais prévus et nous avons tenu une série de réunions des structures du parti mais dont ils ne sont pas au courant. Nous allons susciter tout ce débat lors de la réunion du conseil national. Si les membres de cette instance estiment que je n'ai pas participé au développement du RNI et que mon bilan est négatif et qu'il est temps de plier bagages, je vais obtempérer. Par ailleurs, il faut souligner que cela nécessite plusieurs procédures légales. Car, les statuts du parti ne prévoient pas la démission du président.
Il faut rappeler que durant mon actuel mandat, je suis parvenu à résoudre le problème des journalistes d'Al Mitak. J'ai pu aussi doter le parti de vingt nouvelles coordinations. Le siège du parti a été renouvelé… Je vais exposer toutes ces réalisations devant les membres du conseil national. Or, au moment où les autres partis se préparent pour la bataille de 2012, ce clan attire notre parti vers des discussions byzantines. D'ailleurs, ce que je n'arrive pas à absorber c'est qu'il s'est mis à laver le linge sale du parti à la veille des élections, ce qui est inadmissible. Car, ceci est un crime à l'égard du RNI. Ainsi, ces gens n'ont pas choisi le bon moment comme ils n'ont pas présenté le changement dont ils parlent aux structures du parti. Ils auraient dû présenter leur plan de réforme, comme ils le disent, au bureau exécutif, au comité central et au conseil national. Nous serions dans le tort si on refusait leur plan...
Mais qu'ils décident ainsi de laver le linge sale du parti à la veille d'une bataille électorale, c'est inacceptable.
Il est impératif que ces personnes ayant des responsabilités ministérielles puissent respecter la légalité et les institutions. Alors que Sa Majesté le Roi s'est attelé, durant dix ans, à la construction d'un Etat moderne et démocratique, ces gens s'empressent à aller dans le sens contraire de l'Histoire.