Fête du Trône 2006

“Mohammed, Sceau des Prophètes”

15 Septembre 2009 À 16:29

(suite)

Les infidèles qoraïchites avaient coutume de couvrir leurs corps et leurs vêtements de safran dissous dans de l'eau, de façon à être complètement jaunes et ils ne se purifiaient pas; car de tous les parfums, le plus agréable pour eux était le safran que l'on va chercher dans le Kirmân et sur le territoire de Hamadan. Quant au bois d'aloès, à l'ambre et au campe, ils étaient par la voie de mer, de même que le musc que l'on apportait, par la voie de mer, de l'Inde. Or, lorsque Abou Djahl, en parlant d'Otba, prononça les paroles que nous venons de dire, celui-ci répliqua: «Demain, on verra qui a la colique, moi ou celui "aux fesses jaunes”». Otba se proposa donc de marcher en avant  mais les autres ne le voulaient pas. Talib, fils d'Abou Talib, engagea son oncle Abbas à s'en retourner avec lui. Mais Abbas n'osait pas, par crainte d'Abou Djahl et des Qoraïschites. Il y avait à La Mecque un homme de la tribu des Thaqîf, allié des Béni Zohra et jouissant parmi eux d'une grande considération; ils écoutaient et exécutaient ses avis. Il était à l'armée avec un grand nombre de Béni Zohra.

Il leur parla ainsi: «Retournons  car nos marchandises sont arrivées en sûreté à La mecque. Pourquoi ferions-nous la guerre ?» Les Béni Zohra, au nombre de cent cinquante hommes, voyant que leur allié s'en retournait, suivirent son avis et s'en retournèrent également. Il n'y avait aucune tribu de La Mecque qui n'eût des hommes à l'armée, sauf les Béni Adi Ben Kab, qui n'avaient pas quitté la ville, n'ayant pas de marchandises dans la caravane. Après le départ des Béni Zohra, l'armée qoraïschite ne se composait plus que de neuf cent cinquante hommes. Abou Djahl, craignant que d'autres encore ne s'en allassent, leva son camp dans la même nuit et s'avança sur Badr. Toute l'armée le suivit, aucun autre ne l'abandonna. Après avoir été averti par Gabriel que la caravane s'était sauvée et qu'une armée venait à sa rencontre, le Prophète réunit ses compagnons pour délibérer avec eux sur ce qu'il y avait à faire. Tous les Mohadjir et les Anssar étant présents, il leur demanda leur avis. Abou Bakr se leva le premier et dit: «Ô apôtre de Dieu, nous ferons ce que tu voudras et ce que tu ordonneras.

Ceux-là sont nos parents  mais nous avons cru en toi, et nous avons accepté ta religion et nous avons renoncé à eux. Nous avons fait de nos corps et de nos âmes ta rançon; nous lutterons contre eux pour toi; ou Dieu te fera triompher d'eux et fera triompher ta religion et l'infidélité sera exterminée dans le monde; ou nous périrons tous pour toi». Le Prophète remercia Abou Bakr, lui donna des éloges et lui dit de s'asseoir  car il désirait savoir si les Anssar prendraient ou non ce même engagement, sachant bien que les Mohadjir lui prêtaient aide et secours, tandis qu'il craignait que les Anssar et les gens de Médine ne s'en retournassent car, dans la nuit d'Aqaba, alors qu'ils avaient prêté serment au Prophète, Saâd, fils de Moâd, lui avait dit : «Ô apôtre de Dieu, viens avec moi à Médine!». Le Prophète avait répondu: «Je n'ai pas encore reçu de message ni d'ordre de Dieu à cet égard.

Allez, j'enverrai mes compagnons et attendrai les ordres que Dieu me donnera». Saâd avait répliqué : «S'il en est ainsi, nous ne sommes pas responsables de ta vie et de ta sûreté jusqu'à ce que tu viennes à Médine. Quant tu y reviendras, alors nous te défendrons et ta défense sera pour nous un devoir». Le Prophète avait approuvé ces paroles. Or, maintenant, le Prophète craignait qu'il ne dît : «Nous nous sommes engagés à te protéger à Médine; si tu étais attaqué à Médine, nous t'y protégerions».

Abou Bakr ayant repris sa place, le Prophète demanda de nouveau un avis. Omar, fils d'Al Khattab, se leva et tint le même langage qu'Abou Bakr. Le Prophète le remercia également et lui dit de s'asseoir. Ayant renouvelé sa demande, Miqdâd, fils d'Amrou, appartenant lui aussi aux Mohadjir, se leva et dit : «Ô apôtre de Dieu, c'est à nous de tirer l'épée, à toi de prier et à Dieu de donner la victoire. Nous ne dirons pas comme disaient les enfants d'Israël à Moïse : ‘'Allez, toi et ton Seigneur, et combattez; quant à nous, nous resterons ici''. Assiste-nous de ta prière, demande à Dieu la victoire, car nous combattrons nous-mêmes». Le Prophète le loua et lui dit: «Assieds-toi, je connais les sentiments de vous tous, ô Mohadjir, je ne doute pas de vos intentions». Ensuite, il demanda un nouvel avis. Tous reconnurent que cet appel s'adressait aux Anssar, Saâd, fils de Moâd, se leva et dit : «Ô apôtre, de Dieu, est-ce nous que tu as en vue par ces paroles ?». «En effet, dit le Prophète, car c'est votre concours que je demande. Dans cette affaire, je ne puis réussir que par la puissance de Dieu et par le moyen de votre aid».

Saâd, fils de Moâd, dit: «Que pouvons-nous faire, ô apôtre de Dieu ? Nous avons cru en toi, nous t'avons prêté serment et nous t'avons accueilli. Il est dans notre devoir de te défendre. Nos âmes sont ta rançon et nous verserons notre sang pour toi, que ce soit contre les Qoraïschites ou les Arabes ou les Perses, les habitants de Roum ou les Abyssins; nous nous tiendrons devant toi, nous te protégerons et combattrons les ennemis; que ce soit à Médine, dans le désert ou en pays cultivé, sur la mer ou sur les montagnes, nous serons partout avec toi et ne t'abandonnerons pas jusqu'à la mort». Le Prophète, très heureux de ces paroles, appela Saâd près de lui, l'embrassa sur les yeux et le visage et lui dit : «Ô Saâd, que Dieu te récompense pour ta foi, ta bravoure et ta fidélité!».

Immédiatement, il fit marcher l'armée et fit halte à deux «parasanges» de Badr. En épiant l'approche de l'armée qoraïschite près des puits, il rencontra un vieillard arabe qui ne le connaissait pas. Le Prophète lui demanda s'il avait des renseignements sur la caravane d'Abou Sofyan. Le vieillard répondit: «La caravane est en sûreté mais une armée est sortie de La Mecque qui va pour combattre Mohammed et les gens de Médine». Le Prophète lui demanda ensuite: «Quels renseignements as-tu sur l'armée quoraïschite? Où sont Mohammed et les gens de Médine?». Le vieillard répondit: «Je vous le dirai quand vous m'aurez dit que vous êtes». «Parle d'abord, répliqua le Prophète, nous te le dirons ensuite». Le vieillard dit : «L'armée qoraïschite est partie tel jour, a quitté tel jour Djohfa et si celui qui m'a renseigné a dit la vérité, elle doit avoir passé tel jour à tel endroit et être en marche pour venir ici. Quant à Mohammed, il était tel jour à tel endroit et si mes renseignements sont exacts, il se trouve aujourd'hui à tel endroit». C'était précisément le lieu où l'armée musulmane avait fait halte, à Dsafiran. Le Prophète, entendant ces paroles, quitta le vieillard, en faisant courir sa chamelle. Arrivé auprès de ses compagnons, il leur dit: « L'armée qoraïschite est aujourd'hui à tel endroit, demain elle arrivera aux puits de Badr». Au moment de la prière de l'après-midi, le Prophète envoya Ali, fils d'Abou Talib, Zobaïr, fils de Saâd, et Saâd, fils d'Abou-Waqqas, vers les puits de Badr, pour prendre des informations sur l'armée qoraïschite. Ils y arrivèrent vers le soir. (à suivre…)
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