Les Américains sont plus nombreux à connaître leurs voisins musulmans

Huit ans après les attentats terroristes du 11 septembre 2001, la dernière enquête menée par le ''Pew Research Center for the People & the Press'' montre une nette tendance selon laquelle les Américains se mettent, lentement mais sûrement, à comprendre les problèmes et les aspirations de leurs compatriotes musulmans. Cette tendance tient peut-être au fait que près de la moitié des Américains affirme connaître personnellement une personne de confession musulmane.

Qu'il y ait tant d'Américains pour déclarer connaître un musulman est surprenant, car les musulmans américains représentent un peu moins de 2% de la population totale des Etats-Unis. La dernière enquête de ''Pew'' révèle que le pourcentage d'Américains qui considèrent l'Islam comme une religion violente est à son plus bas niveau ces dernières années, bien que peu inférieur aux 25% enregistrés lors du premier sondage de ''Pew'' effectué peu de temps après les attentats du 11 septembre. Étonnement, c'est parmi les Républicains conservateurs que le plus grand changement d'attitude est à relever, soit une baisse de 13 points dans la perception de l'Islam comme religion violente.

Les conclusions selon lesquelles les Américains seraient plus nombreux (près de 6 sur 10) à affirmer que les musulmans font l'objet de «beaucoup de discriminations» coïncident avec cette tendance positive. Toutefois, si l'empathie pour les musulmans s'est développée, la connaissance de l'Islam et des musulmans ''reste malheureusement pauvre''. Les deux tiers d'individus non musulmans trouvent l'Islam «très différent ou quelque peu différent » de leur propre religion. Le rapport de ''Pew'' indique qu'«une faible majorité d'individus est capable de répondre correctement aux questions portant sur les noms que les musulmans utilisent pour désigner Dieu (53%) et le texte sacré de l'Islam (52%)». Seules quatre personnes sur dix ont répondu correctement «Allah» et «le Coran».

Ceux qui connaissent un musulman sont moins susceptibles de considérer l'Islam comme une religion incitant à la violence et plus susceptibles d'exprimer une opinion favorable à l'égard des musulmans.Le changement d'attitude à l'égard de l'Islam et des musulmans découle certainement du fait que les musulmans américains sont plus nombreux qu'autrefois à prendre le temps et à faire l'effort d'aller vers leurs voisins et collègues pour tenter de chasser les malentendus autour de leur religion. Ces derniers temps, les principaux dirigeants américains ont aussi franchi un grand pas en rappelant aux citoyens américains le rôle précieux joué par les musulmans américains. «J'ai vu… une photo… celle d'une mère au cimetière d'Arlington, la tête posée sur la tombe de son fils… on pouvait voir l'épitaphe gravée sur la pierre tombale. Elle faisait mention des distinctions: la Purple Heart, la Bronze Star montraient qu'il était mort en Irak. Il avait 20 ans. Et puis, tout en haut de la pierre tombale, il y avait un croissant et une étoile, symboles de l'Islam. Il s'appelait Kareem Rashad Sultan Khan et il était Américain.

l avait 14 ans lors des attentats du 11 septembre et il a attendu de pouvoir servir son pays; et il a donné sa vie », faisait remarquer le Général Colin Powell (en retraite), ancien chef d'état-major des armées et ancien secrétaire d'Etat lors d'une interview sur Meet the Press en octobre 2008. Plus récemment, le Président américain, Barack Obama, s'exprimant lors d'un dîner d'''iftar'' qui marque la fin du jeûne quotidien pendant le Ramadan, relevait : « Et tout comme la majorité des citoyens américains, la communauté musulmane américaine se distingue par son dynamisme et sa diversité extraordinaires (avec des familles implantées depuis des générations et des immigrés plus récents; avec des musulmans de races et ethnicités infinies; et avec des racines aux quatre coins du monde. Le rôle que jouent les musulmans aux Etats-Unis est trop important pour être décrit ici, car les musulmans sont trop insérés dans le tissu communautaire et national. Les musulmans américains réussissent en affaires et dans les loisirs, dans les arts et dans l'athlétisme, en science et en médecine. Et surtout, ils sont d'excellents parents, de bons voisins et des citoyens actifs».

Certes, Obama a énoncé une évidence, mais si seulement plus de leaders d'opinion américains trouvaient le courage d'en faire autant, la propension à avoir une vision plus positive de l'Islam et des musulmans s'accélèrerait certainement. Et l'Amérique n'en serait que meilleure. L'amiral Mike Mullen, chef d'état-major des armées, a indiqué récemment que l'armée américaine bâclait son travail d'assistance auprès du monde musulman et entamait son image de marque en ne parvenant pas à tenir ses promesses. Les propos de Mullen sont corroborés par des informations qui montrent que dans beaucoup d'endroits du monde musulman, on a, chose inquiétante, une piètre opinion de l'Amérique et de ses intentions. Pour que les coeurs et les esprits changent, les Etats-Unis dans leur action devront aller dans le sens de leur rhétorique.

Mullen a ajouté: «Notre message manque de crédibilité parce que nous n'avons pas assez travaillé sur la confiance et les relations et que nous n'avons pas toujours tenu nos engagements».
L'une des raisons pour lesquelles nous avons échoué à construire des relations de confiance avec le monde musulman tient au fait que trop peu d'Américains comprennent l'Islam et les musulmans. Les musulmans américains devront redoubler d'efforts pour se rapprocher de leurs voisins et collègues. Les Américains de confessions différentes devront en faire autant. Il va de soi que la compréhension doit se faire dans les deux sens. Les musulmans doivent aussi faire plus d'efforts pour comprendre les religions des autres individus. Compte tenu des tensions politiques globales, du malaise économique et des préoccupations écologiques actuelles, il est urgent de délimiter notre terrain d'entente et de travailler ensemble pour le bien de tous.