«Le Maroc, premier bénéficiaire des concours de la BAD»
La BAD a octroyé au Maroc 6,6 milliards de dollars de prêts depuis sa création. Il est premier bénéficiaire des concours de cette institution. N.J.S Matondo-Fundani nous informe plus sur les projets soutenus par la BAD.
N.J.S. Matondo-Fundani
LE MATIN
04 Janvier 2009
À 14:03
LE MATIN : Combien de projets ont été financés par la BAD depuis sa création ?
N.J.S. MATONDO-FUNDANI: La Banque Africaine de Développement a financé depuis sa première intervention au Maroc en 1970 une centaine d'opérations pour une enveloppe globale avoisinant les 6,6 milliards de dollars faisant ainsi du Maroc le premier bénéficiaire des concours de cette institution. La BAD est actuellement l'un des principaux bailleurs de fonds du Maroc. Notons que les opérations de la BAD ont jusqu'à présent porté en plus des réformes structurelles et sectorielles sur les projets du transport, de la finance, de l'agriculture, de l'eau et de l'assainissement, de l'énergie, de la santé et de l'éducation, de l'industrie et de la communication. Il s'agit au total de 17 opérations actives au Maroc rien que pour l'année 2008, ce qui montre que l'assistance de la banque ne se limite pas à accompagner et assister les départements ministériels mais aussi les offices et les entreprises publiques et privées.
Sur quel critère vous basez-vous pour choisir les projets qui vont être financés ?
Les choix sont définis en étroite collaboration avec le gouvernement marocain. Le programme de développement financé par la Banque africaine appartient au gouvernement. Nous avons par ailleurs une stratégie d'intervention pour 2007-2011. Ladite stratégie repose sur trois piliers à savoir l'amélioration de la gouvernance, la mise à niveau de l'infrastructure économique et le développement humain. A travers ces piliers nous définissons les différentes actions de développement d'assistance et d'accompagnement du gouvernement du Maroc.
Qu'en est-il du secteur privé ?
Le secteur privé bénéficie également du soutien de la BAD. Nous venons de démarrer un nouveau projet dans le cadre du plan vert intitulé « Aulia Capital ». Il s'agit en effet d'un nouveau fond qui va contribuer au développement de la culture d'olivier en vue de la production de l'huile d'olive destinée à l'exportation. C'est un projet qui sera réalisé en collaboration avec le Crédit agricole du Maroc ainsi que la Société Générale. Ce fond permettra de développer au Maroc à l'horizon de 2012, dix fermes de 1000 hectares. D'autres actions sont par ailleurs prévues pour l'année 2009 notamment le projet du parc éolien que nous allons ériger dans le Sud en collaboration avec l'Office national de l'électricité dans le cadre de la production indépendante d'électricité. Aussi, nous sommes en train d'étudier une nouvelle action concernant l'extension du projet de Tanger-MED II.
Est-ce que les petites et moyennes entreprises bénéficient-elles aussi du soutien de la BAD ?
Tout à fait. Nous sommes actuellement sollicités par des banques marocaines à savoir la Banque marocaine du commerce extérieur et Attijariwafa bank depuis le début de la crise mondiale pour leur octroyer des lignes de crédit. Nous accompagnons également les entreprises de micro finance notamment «Al Amana» afin d'avoir plus de ressources pour appuyer les populations les plus démunies à travers la mise en place d'activités génératrices de revenu.
Le Maroc serait donc parmi les partenaires de choix de la BAD. Comment expliquez-vous cela ?
Le Maroc a toujours tenu d'excellentes relations avec la Banque africaine qui est d'ailleurs la première institution financière africaine. Les rapports de partenariat entre la BAD et le Royaume du Maroc ont toujours été privilégiés grâce à un dialogue continu. Aussi, les vastes chantiers de réformes dans lesquels le gouvernement s'est engagé ont permis de développer une meilleure gestion des dettes. Le Maroc n'a jamais été sous sanction au sein de la banque africaine.
Est-ce que la crise mondiale n'a pas eu de retombées sur la BAD ?
Certes, la Banque Africaine de Développement a une situation financière saine mais notre institution doit chercher quand même des ressources pour financer les prêts. La crise financière aura un impact sur les ressources qui proviennent de l'Afrique mais aussi sur celles de l'Europe. Les ressources vont certainement diminuer mais la BAD est en dialogue continu avec d'autres pays pouvant apporter d'autres financements pour que le flux ne puisse pas se tarir. ------------------------------------------------------------------
Identification
La Banque Africaine de Développement (BAD) a été fondée en 1964 dans le but de promouvoir le développement économique et social de l'Afrique. C'est la seule banque multilaterale où les preneurs de crédits détiennent en même temps la plus grande part des actions (60 %). Cette Banque est la plus importante institution multilaterale de l'Afrique et accorde chaque année des prêts à hauteur de deux à trois milliards de dollars américains. Ses fonds vont au secteur privé ou au développement de grands projets d'infrastructures. Rappelons que la BAD fait partie du Groupe de la Banque africaine de développement, qui comprend également le Fonds africain de développement FAD (African Development Fund ADF) et le Fonds de développement pour le Nigeria (Nigeria Trust Fund NTF) dont les principales missions sont l'octroi de crédits pour la promotion du développement économique et social (FAD) et l'assistance technique pour la préparation et la réalisation de programmes et de projets de développement (FAD). Le groupe vise également à promouvoir les investissements publics et privés pour les projets de développement et à financer les projets d'infrastructure dans les pays à revenus moyens.