Le Maroc prend à bras-le-corps la question énergétique
Les premières assises de l'énergie se sont ouvertes vendredi 6 mars à Rabat sur le thème "Ensemble maîtrisons notre avenir énergétique".
LE MATIN
08 Mars 2009
À 13:14
L'organisation de cette manifestation d'envergure traduit, selon Mme Yasmina Benkhadra, la détermination du Maroc de prendre la question énergétique à bras-le-corps afin de pouvoir relever les défis que posent l'instabilité des marchés et les changements erratiques des prix. Le développement socioéconomique du Royaume et les chantiers structurants ouverts dans tous les domaines augmentent considérablement la demande nationale, d'où la nécessité, selon la responsable gouvernementale, d'assurer la sécurité d'approvisionnement et l'accès à l'énergie à des prix qui préservent le pouvoir d'achat des ménages et la compétitivité des entreprises. La ministre de l'Energie et des Mines a rappelé qu'en 2008, "avec l'envolée des prix du pétrole, la facture énergétique s'est élevée à près de 71 milliards de DH.
L'Etat a dû consacrer 23 milliards de DH pour soutenir les prix à la consommation des produits pétroliers". Mme Benkhadra a rappelé, dans le même ordre d'idées, que pendant cette décennie "notre demande en énergie primaire s'est accrue de 5% par an, tirée pendant les cinq dernières années par la croissance de la consommation électrique qui a augmenté en moyenne de 8% par an". La tendance haussière de la demande n'étant pas prête de s'arrêter dans les prochaines années, il est primordial de rester vigilant et d'adopter une approche proactive. Selon le scénario établi par le ministère de tutelle, la dynamique économique tous azimuts induit le quadruplement de la demande énergétique primaire et de la consommation électrique. Celles-ci passeront respectivement de 15 Méga tep (tonne équivalent pétrole) et 24 Giga tep en 2008 à 43 Méga tep et 95 Giga tep à l'horizon 2030, avec une puissance électrique installée de 12.000 MW. Selon les prévisions du ministère, la demande électrique monterait à 133 GWH en 2030 avec une puissance installée de 20.000 MW.
"Globalement, entre 2007 et 2030, la consommation nationale de l'électricité serait multipliée par un minima de 4 et un maxima de 6. Quant à la puissance électrique installée, elle serait au même horizon multipliée par 3,5", indique Mme Benkhadra. En prenant en compte toutes ces données, le gouvernement s'est fixé des objectifs clairs : la sécurité d'approvisionnement et la disponibilité de l'énergie, l'accès généralisé à des prix compétitifs, la maitrise de la demande, l'appropriation des technologies avancées et la promotion de l'expertise ainsi que la préservation de l'environnement. Pour atteindre ces objectifs, l'exécutif a élaboré une nouvelle stratégie pour le secteur. Elle vise à construire un bouquet électrique optimisé autour de choix technologiques fiables et compétitifs, développer les énergies renouvelables afin de porter à 10 % leur part dans le bilan énergétique et à 18 % dans le bilan électrique à l'horizon 2012.
La stratégie entend ériger l'efficacité énergétique en priorité nationale, mobiliser les ressources nationales et favoriser l'intégration dans le système énergétique régional. Selon la ministre, la stratégie a été déclinée en plans et programmes d'actions à court, moyen et long terme. Sur le court terme, un plan national d'actions prioritaires a été adopté pour réaliser l'adéquation entre l'offre et la demande électrique pour la période 2008-2012 et lancer les premières mesures d'efficacité énergétique. A cette échéance, près de 3500 MW de puissance électrique supplémentaire seront en service ainsi que 22 millions de lampes LBC distribuées.A moyen terme, ajoute Mme Benkhadra, on recourra au charbon propre comme source principale pour la production de base et le gaz de redevance pour la pointe et la semi-base, tout en explorant les options d'extension du Gazoduc Magreb Europe et du gaz naturel liquéfié.
Le développement de l'éolien et le découplage de la fonction hydro-électrique de la fonction d'irrigation par la création de bassins de rétention et la construction de STEP de 400 MW tous les 7 à 8 ans sont aussi à l'ordre du jour. Toujours sur le moyen terme, il sera procédé au renforcement des interconnexions avec transfert progressif d'une dépendance structurelle des interconnexions à une source d'arbitrage économique. Sur le long terme, la stratégie prévoit la mise en place de programmes proactifs : le développement des technologies nucléaires avec le lancement d'une étude pour une centrale électronucléaire à l'horizon 2025. Elle prévoit aussi la valorisation des schistes bitumineux avec construction d'une centrale pilote de 100 MW et l'extraction des hydrocarbures ainsi que la production d'électricité à partir de déchets organiques. ------------------------------------------------------------
Cafouillage
Le cafouillage a régné en maître à l'ouverture des premières assises de l'énergie. Les organisateurs, visiblement dépassés par l'ampleur de l'événement étaient incapables de gérer les masses humaines qui ont fait le déplacement au club de Bank Al-Maghrib à Rabat. La salle débordait d'invités dont plusieurs n'avaient même pas de sièges. Ils étaient obligés d'assister à la cérémonie d'ouverture en positon debout. Les hôtesses d'accueils, manifestement perdues, ne savaient pas sur quel pied danser. A l'extérieur, la pagaille occasionnée par les véhicules des participants était spectaculaire. Les organisateurs n'avaient pas prévu des parkings ; et du coup, des embouteillages ont eu lieu à l'entrée et dans les rues alentour. Pour sauver les meubles, le modérateur a expliqué ce débordement par l'affluence massive des participantes dont le nombre a dépassé les attentes des organisateurs (sic). Ce qui montre, selon lui, l'intérêt porté au thème de l'assise. Ingénieuse trouvaille pour justifier cette pagaille.