Interview : Jean Jacques Rey, créateur du Raid 4L Trophy

Le Matin : Comment vous est venue l'idée de lancer ce rallye ?

Jean Jacques Rey : A l'origine, je suis un directeur d'agence de voyages. J'organisais des voyages d'aventure dans plusieurs pays.
Un jour, nous étions dans le désert avec un groupe. A l'heure de passer à l'apéro, un ami m'a dit qu'il aurait bien aimé vivre ce genre d'expériences quand il était étudiant. Nous en avons discuté. Je lui ai dit qu'à cet âge, nous ne pouvions nous payer ce type de voyage avec des 4x4. A un certain moment, je me suis dit : «mais pourquoi pas ?» Pour cela, il fallait trouver une voiture accessible à tout le monde, surtout les jeunes.
D'où est venu le choix de la voiture 4L ! La première édition, il y a douze ans, a été lancée avec uniquement 4 équipages. Depuis, ce rallye n'a cessé de susciter l'engouement des étudiants.

Il y a eu combien de participants cette année ?

L'édition 2009 du Raid 4L Trophy a connu la participation de quelque 1.044 véhicules 4L et plus de 2.000 étudiants compétiteurs.
Cet événement sportif, dont l'organisation est issue de la pure tradition des rallyes raids africains, a atteint sa vitesse de croisière avec un nombre de participants qui est passé de 160 à 2.000 étudiants entre la 5e et la 12e édition. Je peux vous dire que 1044 voitures 4L, ça brasse de la piste ! D'ailleurs, le départ de Stade de France a été impressionnant. Voir toutes ces voitures qui formaient une file continue, c'était un vrai spectacle.

Comment participer à cette aventure ?
En fait, c'est simple. Il faut être étudiant et avoir moins de 25 ans. C'est tout. Bien sûr, il faut avoir un 4L. Ce qui est étonnant avec cette tranche d'âge, celle des étudiants, c'est qu'ils sont créatifs. Il y a des superbes voitures, dont certaines sont décorées de manière originale. En plus, seulement 30% des participants visent la victoire.
Le reste, c'est l'aventure elle-même qui les intéresse. Dans le Bivouac règne parfois une ambiance de fête. Les étudiants se défoulent, dansent, chantent…
Avec un millier d'équipages, nous formons une véritable société. C'est une représentation de la société que nous connaissons qui part à la rencontre d'un monde nouveau.

Qu'est-ce que l'«Eco Challenge» ?

Depuis la création du Raid 4L Trophy, le respect de l'environnement a toujours été au centre de nos préoccupations. Soucieux de réduire au maximum l'impact du Raid sur l'environnement, on a décidé le prix Eco Challenge.
Proposé à tous les équipages, ce concours invite les participants à mener pendant le Raid une action en faveur de l'environnement. L'objectif de ce concours est d'inciter les équipages inscrits au Raid à profiter du 4L Trophy pour mener une action au profit de l'environnement.
Deux pistes de réflexion étaient proposées : trouver une ou plusieurs solutions pour réduire l'impact de la 4L sur l'environnement ou bien monter un projet s'inscrivant dans une démarche de développement durable et permettant donc de préserver l'environnement.

Pourriez-vous nous parler d'un projet qui
séduit le jury ?

Il y avait un équipage qui était venu avec panneau solaire. Les deux étudiants ont ensuite décidé de l'installer dans une maison vraiment cloisonnée. Ils ont ainsi remporté ce prix. Et cette année, on a développé ce projet en installant plusieurs panneaux solaires dans des habitations éloignées. Je ne vous dis pas quelle sensation cela fait de voir ces familles équipées enfin d'électricité.
Qu'en est-il des fournitures scolaires ? Comment vous faites pour les distribuer ?
Chaque équipage a le droit d'amener l'équivalent de 50 kilogrammes de fournitures scolaires. Elles sont ensuite distribuées aux gens nécessiteux. Pour ce faire, on travaille avec une dizaine d'ONG.
Le choix des ONG se base sur des critères très sélectifs. En plus, il y a un véritable suivi pour s'assurer que ces fournitures arrivent aux personnes concernées. Nous sommes des rigoureux sur ce point. D'ailleurs, plus de 80% des fournitures arrivent à destination et c'est un excellent score !

Aventure et découverte

Yassine Lahlou et Ghali Ouazzani ont formé un équipage 100% marocain. Ces deux jeunes, qui poursuivent actuellement leur étude en France, ont décidé de tenter l'aventure.

Une expérience qui les a beaucoup marqués puisqu'ils ont découvert pour la première fois les richesses et la beauté de leur pays. «Nous avons eu quelques moments difficiles sur certaines parties du raid, mais de manière générale, c'était très enrichissant. Nous avons tellement appris. C'était une leçon de la vie », soulignent-ils. Ghali Ouazzani n'a pas encore décidé s'il va refaire le raid. Quant à son binôme Yassine Lahlou, il est déjà impatient de refaire l'expérience.