Spécial Marche verte

Foisonnement des métiers occasionnels

La réussite de ce commerce saisonnier, dont la demande augmente plus l'après-midi, dépend de la bonne organisation

28 Août 2009 À 16:26

Ramadan, mois sacré de l'année, une occasion pour se réconcilier avec soi et consolider sa foi, représente aussi une bonne opportunité pour gagner de l'argent. Des jeunes et moins jeunes mais aussi des femmes de différentes tranches d'âge se tournent de plus en plus vers des petits métiers, certes occasionnels, mais générateurs de revenu non négligeable. A Bab Labiba à Rabat, le commerce bat son plein. Chebbakia, briouates, meloui, feuilles de pastilla, rezet El qadi, la liste des galettes est longue et les vendeurs profitent de cette diversité pour multiplier leurs offres et augmenter la recette.

Ahmed, un vendeur de "feuilles de pastilla", trouve son compte dans ce métier occasionnel.
Ce commerçant débutant qui prépare cet ingrédient indispensable pour les briques, se réjouit d'avoir gagner autant de clientes. En effet, une longue file d'attente, composée majoritairement de femmes, s'allonge jusqu'à la porte de la boutique voisine. Ahmed, qui n'a appris ce métier que dernièrement, estime qu'il s'agit d'une bonne occasion de gagner de l'argent. «Ramadan comme toute fête-symbole, a ses propres besoins, et donc des métiers spécifiques pour combler la demande accrue sur les produits alimentaires. "De nombreux jeunes saisissent cette occasion pour se faire au moins un argent de poche. Mais il n'y a pas que les jeunes qui profitent de ce mois.

Des milliers de familles travaillent durement pour préparer leur commerce spécifique à cette période avant le début même du mois sacré. Ce sont généralement des familles pauvres qui mobilisent tous leurs membres pour bien réussir ce petit business», nous confie Ahmed.
En effet, il s'agit généralement d'un commerce bien organisé où chacun tient une tâche précise. Ainsi, les femmes préparent les galettes, les gâteaux marocains et autres «chhiwates de Ramadan». Les hommes sont chargés, quant à eux, de vendre la marchandise et de faire le compte. «La réussite de ce commerce saisonnier dépend de la bonne organisation.

Il faudra savoir que la demande augmente plus l'après-midi. Par conséquent, les gâteaux doivent être préparés avant 10h», indique Ibrahim qui expose sa marchandise sur un tabouret à proximité de «Bab Labiba». Organisation est donc le maître-mot chez les commerçants saisonniers, mais aussi chez les gérants des différentes boutiques situées à l'ancienne médina de Rabat. Ces magasins qui abritent généralement d'autres activités au cours de l'année se transforment en ce mois sacré en véritables fourmilières.

Des pâtisseries et des laiteries «annulent» leurs activités pour se spécialiser dans la vente de «chebakia» et «sfouf» et n'hésitent pas à recruter du personnel pour pouvoir assurer la demande accrue sur ces matières durant ce mois. «Chaque famille cherche à bien garnir sa table selon son budget. Les gens n'aiment pas se priver durant le Ramadan et vont jusqu'à s'endetter pour pouvoir satisfaire leurs envies», souligne Rabiaâ, une vendeuse dans une pâtisserie. En effet, les commandes battent leur plein dans cette pâtisserie. Mais, c'est entre la prière d'Al-Asr et celle du Maghreb que le pic des demandes est atteint. Le marché foisonne alors de vendeurs ambulants, de femmes installées devant leur tabouret où n'importe quelle autre installation sommaire servant à exposer leur marchandise pour satisfaire les différents goûts et bourses.

D'ailleurs, au Ramadan, les idées ne manquent pas pour pouvoir décrocher un petit gain. A Bab El Mellah par exemple, Adil reste un habitué des lieux. Âgé de 28 ans, ce jeune s'adonne à ce commerce pour la 3e année consécutive. Ainsi le matin, Adil vend des boîtes de thon à l'huile végétale, des pattes épicées et des conserves, et l'après-midi, il reconvertit sa marchandise en pain et "meloui". Pour assurer son commerce, il a improvisé un étal couvert d'une nappe en plastique. Il y a installé les boîtes en gardant le pain et melaouis dans des sacs en tissu qui sont en réalité des taies d'oreiller. Le plus souvent, sa clientèle est principalement féminine. L'après-midi, il cible la gent masculine.

En effet, l'attente de la rupture du jeûne est souvent écourtée par des ballades du côté des marchés. D'autres clients sont également ceux qui rentrent du travail. Sur leur chemin, ils résistent tant bien que mal à leurs envies. Pour réussir la tentation, Adil a carrément opté pour un planning de travail. Le thon est destiné aussi bien à la clientèle de la matinée qu'à celle de l'après-midi. Cependant, il réserve le pain aux clients de l'après-midi. «C'est en rentrant du travail que les gens sont plus tentés par le pain. D'ailleurs, ma mère entame la préparation des melaouis en fin de matinée. Quant au pain, c'est une voisine qui s'en occupe», explique-t-il.

Hausse des prix

Ramadan coïncide cette année avec la flambée des prix de la viande rouge, de la viande blanche, du poisson, des légumes et des fruits au grand dam des consommateurs. Depuis le début du mois d'août, le prix de la viande a atteint 75 DH alors que le prix des sardines a avoisiné les 20 DH. Les légumes affichent également une hausse importante. Les tomates par exemple ne se vendent pas à moins de 9 DH le kilo.

Entre Ramadan et rentrée scolaire, le citoyen marocain ne sait plus où donner de la tête. Epuisé par les dépenses en sorties et interminables veillées estivales, le portefeuille du ménage marocain devra désormais faire face à ces deux échéances de taille, qui nécessitent un gros budget et un sens aigu de la gestion tout en supportant cette hausse des prix. Gare donc à la dépense excessive pendant ce mois sacré.
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