Spécial Marche verte

Le droit d'usage des populations locales entrave une chasse durable

Une politique de chasse durable passe par l'abrogation du dahir de 1917 qui accorde aux populations locales le droit d'usage sans respect des zones réservées à la chasse.

04 Octobre 2009 À 13:07

Autrement dit, le berger est devenu le maître de la forêt qui l'occupe toute l'année. Chargé de protéger le troupeau, il exerce sans limite sa loi sur la forêt par la destruction des nids, la pose des pièges et le dérangement du gibier avec ses chiens.
La disparition du couvert végétal, en raison de la pression démographique sur les ressources naturelles, menace également le gibier. A cela, il faut ajouter le danger du braconnage, dont les prises dépassent celles de la chasse réglementée. Pour lutter contre ce fléau, 326 gardes fédéraux ont été agréés par le Haut commissariat aux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLD), pour venir prêter main-forte aux 500 gardes forestiers.

«Dans le passé, le lâcher du gibier réussissait parce la population était moins nombreuse (trois à quatre personnes au kilomètre carré). Actuellement, il y a une pression démographique sur la forêt. Dès qu'il y a un lâcher, le gibier est liquidé dans les jours qui suivent», a lancé un garde fédéral de Khémisset, présent à la journée de sensibilisation, organisée mercredi dernier à Benslimane. Cette réunion a été initiée par le HCEFLD, en collaboration avec la Fédération royale marocaine de chasse (FRMC), à l'occasion de l'ouverture de la saison de chasse 2009-2010 du gibier sédentaire (perdreaux, lièvres, lapins, sangliers, etc.), inaugurée le 4 octobre et qui prendra fin le 3 janvier prochain.

La maîtrise de la circulation des armes a été aussi citée lors de cette rencontre. «Nous avons également des problèmes avec les descendants de chasseurs et héritiers qui refusent de nous rendre les fusils leurs pères. Les autorités doivent se pencher sur ce problème», a ajouté le garde fédéral de Khémisset.
Ce rendez-vous a également servi à la présentation des grandes lignes de la loi sur la chasse publiée en 2006, mais qui attend les décrets d'application. Ce texte juridique, rappelons-le, instaure notamment un permis de chasse, définit le cadre juridique de l'amodiation (location de droit de chasse), consacre le rôle de la Fédération royale marocaine de chasse (FRMC) dans la coordination des associations et organise la chasse touristique. Pour ce qui est du poids économique, une étude relative à l'élaboration du plan directeur de la chasse a montré que la moyenne des dépenses du chasseur marocain s'élève à 15.000 DH par saison, soit un total de 750 millions DH, étant donné qu'actuellement, le nombre des chasseurs atteint 50.000.

«Le secteur de la chasse génère 2.500 emplois permanents et 2.500 autres occasionnels. Quant aux 3.000 chasseurs étrangers, ils sont tenus de passer par un organisateur de chasse touristique agréé qui les prend en charge et organise des chasses pour eux. Chaque chasseur touriste doit avoir une licence de chasse touristique dont le prix a été fixé, cette année, à 1.000 DH. En outre, l'organisateur de chasse touristique doit avoir une amodiation de droit de chasse pour laquelle il paye une redevance annuelle. Toutes les redevances sont versées au Fonds de chasse et de la pêche continentale et seront investies ensuite dans la réalisation des programmes d'aménagement, d'amélioration de la chasse et de conservation et développement du gibier», indique Mustapha Marraha, chef du service de la chasse et la cynégétique au HCEFLD.
-----------------------------------------------------------------

Valorisation du mouflon à manchettes avec la FAO

Avec ses multiples facettes (sport, loisirs, éducation environnementale, etc.), la chasse peut devenir un levier de développement en milieu rural. Dans les régions enclavées, elle peut représenter une niche écotouristique. En Europe, il existe 10 millions de chasseurs dont l'espace de chasse est saturé. Vu sa proximité du Vieux Continent, le Maroc a plusieurs atouts pour drainer des touristes (gibiers autochtones, espaces naturels, etc.). Dans ce cadre, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la République tchèque initient au Maroc un projet de valorisation du mouflon à manchettes pour encourager ‘'la chasse au trophée''. Celle-ci peut constituer un gisement de devises. En Espagne, le mouflon peut être chassé moyennant une redevance d'environ 5.000 dollars. Au Maroc, ce prix peut atteindre 20.000 dollars, car ce gibier est chassé dans son milieu naturel.
Pour sa part, et dans le cadre de sa stratégie de promouvoir la chasse comme outil de développement rural, le Haut commissariat œuvre pour la promotion de l'art culinaire local à travers la valorisation des produits du terroir. Il contribue également au rapprochement entre populations locales et chasseurs. Ces derniers entreprennent des actions pour le développement rural telles que le forage des puits, l'ouverture et l'entretien des pistes rurales ainsi que la construction de mosquées.
Copyright Groupe le Matin © 2025