Une impulsion pour les initiatives solidaires locales
C'est un nouveau regard sur l'entrepreneuriat, les modes de production et le concept de développement qu'a initié le 1er Salon régional de l'économie sociale et solidaire de Souss-Massa Draâ.
LE MATIN
31 Mars 2009
À 16:41
La manifestation, qui s'est tenue du 27 au 29 mars, sous le thème «L'économie sociale au service du développement local», s'inscrit dans le cadre de la politique de décentralisation et s'assigne pour objectif de promouvoir, intra-muros, les initiatives des coopératives, des associations et autres mutuelles locales. Car la région de Souss-Massa Draâ fait florès en matière d'initiatives de production et de travail collectif. Se regrouper de façon volontaire, solidaire, indépendante et démocratique au sein d'une collectivité humaine afin d'améliorer les systèmes de production et le niveau de vie de l'ensemble des membres devient une des grandes forces de l'économie sociale régionale. 70 exposants issus des mouvements coopératifs ou associatifs sont venus présenter leurs produits et sensibiliser le grand public à cette nouvelle économie à finalité sociale qui participe à la construction et à la dynamique de la région et plus largement à la stratégie nationale de développement national.
Nizar Baraka s'est félicité lors de l'inauguration du Salon de l'émergence de cette nouvelle économie, qui représente un véritable appel pour le développement local et national en imposant une réorganisation du système productif basé essentiellement sur la redistribution et la solidarité et encourage la croissance de l'investissement socialement responsable. «Ce salon est l'incarnation d'un Maroc solidaire. Il vient confirmer le succès des efforts entrepris par les acteurs, agriculteurs producteurs, et tous les partenaires nationaux et internationaux pour développer des activités économiques génératrices de ressources et d'emplois qui répondent aux besoins sociaux de la collectivité dans son ensemble et des couches les plus défavorisées, en particulier, dans le milieu rural». Le ministère des Affaires économiques et sociales et ses différents partenaires souhaitaient, par cette initiative, offrir une plate-forme à ces différentes unités d'économie solidaire pour faire valoir leur capacité d'action, les encourager au partage et au partenariat à travers leurs réalisations et les inciter à développer des nouvelles stratégies de commercialisation. Le mouvement coopératif prend, en effet, de l'ampleur mais il reste peu ou prou structuré.
On estime en effet, à 6.286 le nombre des unités coopératives, tous secteurs confondus, alors qu'elles étaient deux fois moins importantes en 2004. Les 52 mutuelles et 40.000 associations existantes corroborent également, si besoin est, l'importance exponentielle que représente aujourd'hui cette économie solidaire et équitable dans le cadre du développement durable. La coopérative El Hassania à Ouarzazate s'est rendu compte de tous les bénéfices qu'elle pouvait tirer de la mutualisation de ses efforts avec des coopératives partenaires. «Nous nous sommes regroupés avec d'autres unités coopératives, confie la présidente Iamna à la tête d'un collectif de 42 femmes qui travaillent et vivent de l'arganier. Si nous n'avions pas uni nos forces de travail, nous n'existerions plus aujourd'hui car la sécheresse durant 3 ans et la raréfaction de l'arganier nous avaient obligées à cesser notre activité. Grâce à l'action de l'INDH (Initiative nationale pour le développement humain), de l'Entraide nationale et de l'aide apportée par la région de Souss-Massa Drâa, nous avons créé le GIE (Groupement d'intérêt économique) qui s'est chargé de la commercialisation et du label qualité de nos produits qui nous faisaient défaut».
L'union et la créativité ont aussi fait la force de l'association Assil, basée à Laâyoune. Sous l'impulsion de l'INDH qui a fourni 70% de la matière première à l'association, 35 jeunes, pour la plupart sans emploi, se sont réunis pour concevoir des bijoux artisanaux et autres objets de décoration en argent dans le but de perpétuer le savoir-faire sahraoui. Pari gagné! Aujourd'hui, Mohamed El Baillal est fier de sa production: «Nous avions un héritage formidable mais malheureusement, les produits de contrebande condamnaient nos artisans à ne plus être des forces vives de création mais de simples commerçants. Notre association a eu des retombées sans précédent sur la région. En renouvelant la conception et le design de nos bijoux, nous avons réussi à créer de l'emploi et donc à maintenir nos jeunes dans la ville, mais surtout à valoriser et à pérenniser notre patrimoine». Des expériences, somme toute, encourageantes mais qui ne répondent pas totalement aux enjeux et potentiel de cette économie alternative qui génère un chiffre d'affaires de 7 milliards de dirhams, soit à peine 1% du PIB. Un constat quelque peu affligeant que les organisateurs du salon voudrait rectifier en donnant toute la place qu'elle mérite à cette nouvelle forme d'économie qui s'impose aujourd'hui comme une réponse ad hoc aux multiples défis et challenges de la société moderne et de la globalisation. ---------------------------------------------------------------------
Freins
Un manque de coordination de tous les partenaires institutionnels, des initiatives louables des institutions mais multiples et peu coordonnées et l'inadaptation du cadre institutionnel sont les véritables freins à l'essor de l'économie sociale. Le ministère des Affaires économiques et générales devrait réglementer et restructurer le secteur par la mise en place d'un plan quinquennal qui comprend 16 plans régionaux de développement et la mise en place d'un observatoire dans ce domaine. Sur le plan de la communication, un second salon national devrait ouvrir ses portes en mai 2009 et une stratégie de communication pour tout le secteur est en phase d'élaboration.